

L'annonce du plan de restructuration salariale d'Airbus a tourné court dimanche. Le plan Power 8, a été reporté faute d'accord solide entre "les clans"français et allemand du groupe EADS. Le différend porte sur les contreparties que les partenaires obtiendraient en matière de redistribution des charges de travail
L'enjeu du plan de restructuration d'Airbus est aussi d'obtenir de nouveaux ateliers en France comme en Allemagne (Photo AFP)
Le conseil d'administration d'EADS a dû interrompre dimanche soir ses travaux sur le plan de restructuration salariale d'Airbus baptisé Power 8. Le plan divise les clans français et allemand chez EADS sur deux points cruciaux: comment va être appliqué la suppression massive d'emplois prévue, et surtout quelles contreparties vont pouvoir obtenir les deux membres de l'entreprise aéronautique.
La France et l'Allemagne sont en première ligne car elles ont énormément à perdre sur le front de l'emploi sachant que Power 8 pourrait concerner 10.000 à 12.000 suppressions de postes et que Airbus compte 7 usines outre-Rhin et 4 en France sur ses 16 sites en Europe. Il s'agit donc pour chacun d'obtenir les meilleurs contreparties à la restructuration.
En Allemagne, le ministre de l'Economie, Michael Gloss appelait Airbus à réfléchir "soigneusement" aux mesures que la société allait prendre. Il aurait même menacé EADS d'annuler les commandes militaires de l'Etat fédéral si une part essentielle de la production devait être délocalisée hors d'Allemagne. Côté français, Arnaud Lagardère, co-président du conseil d'administration d'EADS, s'est tout de suite porter garant des intérêts français. Hier, il a apporté son soutien à Louis Gallois, le président d'Airbus: "Nous serons intraitables sur les intérêts français. Pour ce qui me concerne, et avec l'Etat que je représente au conseil, Louis Gallois a tout mon soutien."
Des sites de production en contreparties
A la naissance d'Airbus, chaque pays s'était vu attribuer un quota de fabrication relatif à son poids dans la société aéronautique. Ainsi, Français et Allemands se voyaient confier 35% de la fabrication des appareils, les Anglais en avaient 20% et les Espagnols 10%. Mais voilà, le plan Power 8, change la donne. L'Allemagne, comme la France veut s'assurer la production des futurs appareils.
Le président français d'Airbus Louis Gallois a donc proposé de concentrer la production du futur A350 XWB à Toulouse, et de confier en échange la fabrication de la prochaine génération d'A320 à Hambourg.
Or, l'Allemagne s'estime dévalorisée, par rapport aux trois autres pays Airbus, dans la construction des parties d'appareils nécessitant l'utilisation de nouvelles technologies. A Berlin on souhaite fabriquer une grosse partie de l'A350 XWB, en utilisant de nouveaux matériaux dans les usines hambourgeoises. Problème, ces pièces sont actuellement fabriquées à Nantes. Si l'assemblage était transféré Outre-Rhin, cela porterait de graves préjudices à l'usine française. Paris refuse donc en bloc cette concession.
En attendant, les salariés français s'indignent de voir que les questions de distributions des tâches occultent la suppression de 3.000 à 4.000 emploi en France et autant en Allemagne.
Aurélien BARBIN. (lepetitjournal.com) mercredi 21 février 2007
Lire aussi :
Nouvel Obs : Airbus : Lagardère défendra les "intérêts français"
L'Express : La restructuration d'Airbus bute sur les rivalités nationales
Le Monde : Airbus en danger


































