Édition internationale

AFFAIRE JULIEN DRAY - SOS Racisme dans la tempête

Julien Dray, député de l'Essonne, est visé depuis décembre 2008 par une enquête préliminaire pour des faits présumés d'abus de confiance. En attendant de l'interroger, la police financière s'intéresse de près à l'association SOS Racisme
 


(Rédaction internationale) En novembre 2008, Tracfin -un organisme antiblanchiment dépendant du ministère des Finances- faisait parvenir au procureur de Paris un signalement concernant des mouvements suspects entre les comptes de l'association SOS Racisme, de la Fédération indépendante et démocratique lycéenne (FIDL) et de Julien Dray (AFP). Les autorités financières enquêtent sur des mouvements suspects d'un montant de 127.377 euros, dont une partie aurait été reversée sur le compte bancaire du député.

SOS Racisme en garde à vue
Mardi, six membres de l'association SOS Racisme, cofondée par Julien Dray en 1984, ont été placés en garde à vue et entendus par les enquêteurs de la brigade financière. Tous ont été relâchés sans qu'aucune charge ne soit retenue. Parmi eux, notamment, le président de l'association Dominique Sopo. Ce dernier, qui a pu ressortir après 42 heures, a dénoncé une garde à vue "manifestement abusive". "Je suis un simple témoin qui a répondu volontairement à une convocation de la justice", a-t-il déclaré, ajoutant : "où était l'utilité de la garde à vue, sinon celle de continuer à alimenter un cirque médiatique détestable".

Les locaux de SOS Racisme ont également été perquisitionnés, et la police a saisi, en plus de documents comptables, le serveur de la société, "ce qui est très grave"selon Dominique Sopo : sur ce serveur "l'ensemble des informations relatives aux affaires judiciaires en cours, dont plusieurs dossiers de violences policières, de testings, de fichage ethniques".

Tentative de "déstabilisation politique" ?
Depuis le début de l'enquête, Julien Dray s'estime victime d'un "lynchage médiatique". Alors que l'enquête suit son cours, nombre d'informations confidentielles ont filtré dans la presse. L'une des ses avocats, Me Florence Gaudillière, déplore que "depuis maintenant six mois les autorités judiciaires et policières alimentent de manière hebdomadaire la presse d'informations tronquées de nature à entretenir une suspicion nauséabonde". Julien Dray a d'ailleurs, en janvier 2009, porté plainte contre plusieurs journaux qui avaient publié des éléments de l'enquête préliminaire le concernant. Une plainte contre X a également été déposée pour "violation du secret professionnel".

Même sentiment du côté de l'association SOS Racisme. "On cherche à nous déstabiliser. Nous subissons une calomnie", affirmait Dominique Sopo à l'issue de sa garde à vue. Il affirme que "Julien Dray n'a jamais été rémunéré par SOS Racisme".

Julien Dray pas entendu
Le domicile et les bureaux de Julien Dray à l'Assemblée nationale et au conseil régional d'Ile-de-France ont été perquisitionnés en décembre et en mars. Mais le député, après six mois d'enquête, n'a toujours pas été auditionné, malgré ses demandes en ce sens. "Mes explications semblent ne pas intéresser les juges", constate-t-il. Il n'a pas non plus été autorisé à accéder au dossier de l'enquête, ce que dénoncent ses avocats, dans l'incapacité de défendre leur client.

Julien Dray affirme pouvoir justifier "jusqu'au dernier centime"des sommes mises en cause, et assure qu'il pourra prouver son innocence. Il devra pour cela attendre d'être auditionné par la police financière, ce qui devrait arriver prochainement. Son placement en garde à vue nécessiterait cependant l'accord du Bureau de l'Assemblée Nationale, car le député bénéficie d'une immunité parlementaire. Il pourrait également être entendu comme simple témoin, mais ne bénéficierait pas dans ce cas de l'assistance d'un avocat.
Audrey Vassalli (www.lepetitjournal.com) vendredi 12 juin 2009

Pour en savoir plus :
Lepetitjournal.com : POLITIQUE - Julien Dray doit tirer un trait
Le Nouvel Observateur : Dominique Sopo s'interroge sur une "tentative de déstabilisation"de SOS Racisme
Libération : Violation du secret dans l'affaire Dray: "scandaleux"selon le procureur de Paris
Le Point : SOS-Racisme, une association liée au PS depuis sa naissance
L'Express : Pierre Bergé témoin dans l'affaire Julien Dray



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