

Elizabeth Borrel se bat depuis des années pour que la véritésoit faite sur la mort de son mari (Photo : AFP)
Le juge Borrel, "suicidé"par Djibouti ? C'est l'hypothèse que semble privilégier la justice française. La Cour d'appel de Versailles vient de délivrer, deux mandats d'arrêts visant des dignitaires de Djibouti et pas des moindres : le procureur de la République et le chef des services secrets.
Le corps du juge Bernard Borrel avait étéretrouvécalcinéle 19 octobre 1995, dans un ravin à80km de la ville de Djibouti. Le suicide a étél'hypothèse longtemps privilégiée par la justice en dépit du combat menépar sa veuve, Elisabeth, affirmant qu'il avait étéassassinépar le pouvoir djiboutien. Mais, en octobre 2004 la juge d'instruction Sophie Clément a balayéla thèse du suicide.
Juge "fouineur"?
Pourtant, dès 2000, Mohamed Saleh Alhoumekani, alors numéro 2 de la garde présidentielle, accusait dans les médias le président djiboutien Ismaïl Omar Guelleh d'avoir commanditéle meurtre du juge Borrel. C'est le témoignage de cet homme, exiléen Belgique, qui as mis la juge d'instruction sur la piste.
Il affirme avoir surpris Awalleh Guelleh Assoweh, censéêtre en prison àl'époque des faits, rendant compte au président djiboutien : "le juge fouineur est mort, il n'y a plus de traces", aurait-il affirmé. L'homme se plaint en outre d'avoir subi des pressions de la part du procureur de Djibouti. La juge d'instruction a fait savoir qu'elle avait l'intention d'ordonner deux autres mandats d'arrêt, visant Awalleh Guelleh Assoweh et un autre terroriste du pays.
Bras de fer
Le président djiboutien aurait-il ordonnéàces deux terroristes de faire disparaître un juge trop gênant ? Il faut dire que lorsqu'il était en poste àDjibouti, Bernard Borrel a aidéun confrère dans l'enquête sur l'attentat du caféde Paris, en 1990, enquête dont la manipulation par les services djiboutiens a par la suite étéprouvée. L'investissement du juge Borrel pour démêler cette affaire peut ne pas avoir étédu goût du pouvoir djiboutien.
Rien d'étonnant dès lors àce que la demande de la juge d'instruction l'an dernier visant àauditionner le procureur de la république et le chef des services secrets soit restée sans réponse. Mais hier, ce dernier s'est empresséde réagir àla nouvelle du mandat d'arrêt : "Djibouti ne se pliera jamais au bon vouloir de la justice française", a-t-il affirmé. Le bras de fer entre la justice et les autorités djiboutiennes ne fait que commencer.
Séverine Fiévet. (www.lepetitjournal.com) 3 octobre 2006
En savoir plus
Libération : Dix ans de procédure et d'enquête.
Le Monde : Affaire Borrel : deux mandats d'arrêt contre des personnalités djiboutiennes
Le nouvel observateur : "Ces mandats d'arrêts valent mises en examen"


































