Avec un nom inspiré d'un personnage de David Lynch évoluant dans Mulholland Drive), un goût certain pour la musique anglo-saxonne et des compositions dans la langue de Shakespeare, le quintet bordelais Adam Kesher se devait de traverser la Manche. Ils ont jeté l'ancre à Londres le temps d'une soirée pour faire la promo de leur deuxième album Challenging Nature qui sortira le 7 mars au Royaume-Uni (le premier EP extrait Hour Of The Wolf sera disponible au Royaume Uni le 21 février).En décembre dernier, avant de monter sur la scène de la Favela Chic pour distiller leur rock-disco racé, efficace et salué par la critique, le chanteur Julien Perez et le guitariste Gaëtan Didelot évoquent leur nouvel opus et leur relation à l'Albion.

Lepetitjournal.com/londres : Dave One, de Chromeo, a travaillé avec vous sur Challenging Nature et il a sélectionné les morceaux. Etes-vous déçus que certains titres n'apparaissent pas sur l'album. Allez-vous les réutiliser ?
Adam Kesher : On a tendance à partir un peu dans tous les sens et les choix de Dave One ont donné une cohérence à l'album. Il a privilégié une famille de morceaux qui correspondent à son univers pop et il a laissé de côté certains longs formats très rock et bruyants. On ne sait pas encore ce qu'on va faire de ces pistes, mais si on les recycle, elles seront retravaillées.
Qu'est-ce qui a changé entre le premier et le deuxième album ? Votre musique sonne moins rock…
C'est possible, car il y a moins de gratte puisqu'un guitariste et un bassiste nous ont quittés en 2008. Pierrick qui est alors devenu membre à part entière du groupe est aussi responsable de ce changement de texture du son. Il a mixé tous les titres de Challenging Nature, sauf 4 confiés à Philippe Zdar et A-trak.
Vous jouez régulièrement en Angleterre ?
Non, on aimerait beaucoup, mais c'est parfois difficile pour nous de trouver des salles et d'être payé correctement ici. Mais avec la sortie de l'album en mars et celle du premier EP extrait (Hour of the wolf) en janvier, on aura pas mal de dates en Angleterre début 2011, ainsi qu'en Allemagne, en Belgique et aux Etats-Unis.
Pourquoi chantez vous en anglais ?
C'est la langue qui correspond le mieux à notre musique qui est très anglo-saxonne et influencée par des artistes comme Sylvester, Prince, Depeche Mode, les Cure et les Smiths. Pour la petite histoire, c'est aussi en écoutant nos groupes préférés qu'on a appris l'anglais. En ce moment on s'essaye au français dans nos compositions mais en dehors d'Adam Kesher, car ça ne collerait pas au groupe. D'ailleurs, on n'a pas trouvé d'artiste rock qui fasse le genre de musique qu'on veut faire en chantant en français, à part peut-être les premiers Bernard Lavilliers qui s'en rapprochent.
Est-ce qu'il vous semble plus facile d'être reconnus à l'étranger en tant que français qui chantent en anglais depuis que des groupes comme Air ou Phoenix ont percé ?
Il est certain qu'ils ont ouvert la voie. Phoenix a montré qu'il était possible pour un groupe français de faire son trou en chantant en anglais. L'autre jour, un Anglais m'a même dit qu'il aimait la façon qu'avait le chanteur de chanter en anglais avec cette prononciation particulière, et qu'aucun anglais ne pourrait faire ça.
Dans quelle ville anglaise aimeriez-vous jouer ?
Manchester, pour l'accent et l'histoire !
Y a-t-il un quartier de Londres que vous affectionnez particulièrement ?
On traîne et on joue presque toujours vers Shoreditch et Brick Lane. Mais on voudrait aller voir ce qui se trame du côté d'Hackney et se produire sur des scènes naissantes. On aimerait bien passer au Corsica Studio à Elephant and Castle aussi.
Dans une de vos chansons vous dîtes que vous voudriez rencontrer une "local girl". Qu'est-ce que vous pensez des Londoniennes et à laquelle vous aimeriez faire un french kiss ?
On est pas très fan des Londoniennes, on préfère les Parisiennes même si elles sont souvent moins ouvertes et plus froides. Quant au french kiss, ce serait pour Vanessa Redgrave, l'actrice qui joue dans Blow up d'Antonioni.
Avec quel artiste du Royaume-Uni aimeriez-vous collaborer ?
Avec le chanteur des country Teasers, Ben Wallers ou avec Jarvis Cocker.
Comment percevez-vous le public anglais, est-il plus ou moins chaleureux que le public français ?
On n'a pas senti de grande différence. On a eu du chaud et du froid d'un côté et de l'autre de la Manche. Il n'y a que les Espagnols qui sont toujours contents quoiqu'il arrive !
Propos recueillis par Normandie Hoche (www.lepetitjournal.com/londres) vendredi 14 janvier 2011


































