Comment décrocher un emploi en Suisse ? Comment obtenir un permis de travail ? Quelles sont les conditions de travail ? Lepetitjournal.com vous propose un guide complet de ce qu'il faut savoir pour travailler en Suisse en 2023.
Comprendre le marché de l’emploi en Suisse
Bonne nouvelle, aujourd’hui le marché de l’emploi en Suisse est considéré comme dynamique avec des opportunités d’emploi. Le taux de chômage est faible (4,3% de la population active au 3ème trimestre 2022). Il est caractérisé par un très fort taux de petites et moyennes entreprises (PME) : 99,6% des entreprises en Suisse ont moins de 250 salariés, et 60% des emplois se trouvent dans ces PME. Deuxième constat important, l’ouverture aux travailleurs étrangers puisqu’environ 27% de la population active en Suisse est étrangère. Dans le canton de Genève, c’est même 50% de la population active. Attention toutefois, la Suisse cherche essentiellement du personnel qualifié.
Dans le détail, le bassin lémanique (cantons de Genève, Vaud, Valais), 80% des emplois se situent dans le secteur tertiaire : banque, assurances, santé, l'hôtellerie-restauration, chimie, bâtiment, haute horlogerie, mécatronique et biotechnologie. Les cantons de Neuchâtel, Jura, Berne et Fribourg possèdent, quant à eux, un secteur industriel très fort. La région de Bâle se caractérise aussi par un secteur industriel très fort : les activités de chimie, pharmacie et biotechnologies y sont très représentées. Bâle est également une grande place financière.
Trouver un emploi en Suisse
Avant de commencer vos recherches de travail, n’oubliez pas de préparer votre CV. Pour cela, quelques règles spécifiques sont importantes :
- Des références doivent y apparaître
- Chaque expérience et formation doivent être très précises (dates…)
- Il est recommandé d’indiquer sa nationalité pour déterminer les conditions de permis de travail
- L’expérience prime sur les diplômes obtenus
- Valorisez vos réalisations professionnelles et le niveau de responsabilité
- Très complet, le CV suisse peut s’étaler sur plusieurs pages
- Il faut ajouter une rubrique « compétences » (capacités de négociation, capacités d’écoute, élocution, aptitude à connaître les produits de la concurrence etc…)
Au niveau de la recherche, il existe trois moyens principaux pour trouver un emploi en Suisse :
- Les sites d’offres d’emploi en Suisse, dont voici les plus connus :
- Les Agences d’intérim en Suisse, dont voici les plus populaires :
- Manpower
- GTI Gestion du Travail Intérimaire SA
- Max Studer Interim SA
- Synergie
- LIP Suisse
- Adecco
- Indeed
- Crit
- Solano
- Samsic Emploi CH
- Des cabinets de recrutement en Suisse. Ils sont très nombreux, retrouvez la liste par canton ici
Une fois l’entretien d’embauche décroché, il est essentiel de connaître également quelques règles basiques pour le réussir :
- Avant de venir à l’entretien, renseignez-vous sur le salaire, et la fourchette à laquelle vous pourriez prétendre. Connaissez le pays, ses codes et sa culture.
- La ponctualité est PRIMORDIALE. Soyez à l’heure à l’entretien et après dans votre travail. Ayez une apparence soignée et adaptée à votre secteur d’activité (par exemple, costume complet / tailleur dans le secteur tertiaire).
- Préparez bien aux questions que l’on vous posera (« quels sont vos échecs ? » « Que dit-on de vous ? » « Quelle serait votre valeur ajoutée ? » …) mais surtout ayez conscience qu’il y aura des questions difficiles: si quelque chose cloche dans votre parcours, soyez sûr que le recruteur mettra le doigt dessus. Et restez honnête.
- N’hésitez pas à « rééquilibrer » la discussion. Posez aussi des questions, intéressez-vous aux projets de l’entreprise, allez chercher l’information.
- Gardez une attitude enthousiaste, positive et souriez !
Les conditions d’entrée en Suisse
La plupart des étrangers ont besoin d’un permis pour travailler en Suisse. Les démarches varient selon la nationalité et le type d’emploi prévu. Exception faite pour un emploi de courte durée, (trois mois au plus ou 90 jours maximum par année civile).
- Vous êtes citoyen de l’UE ou de l’AELE (Association européenne de libre-échange) : Grâce à la libre circulation avec l’UE/AELE, vous pouvez entrer, vivre et travailler en Suisse. Vous devez demander une autorisation de séjour auprès de votre commune de domicile en Suisse avant de commencer votre emploi. Pour cela, il vous faut une pièce d’identité et une déclaration d’engagement de l’employeur ou une attestation de travail.
- Vous êtes citoyen du Royaume-Uni : Depuis le 1er janvier 2021, vous n’êtes plus considérés comme un ressortissant de l’UE. Ainsi, vous êtes soumis aux dispositions des ressortissants de pays tiers.
- Vous êtes citoyen d’un pays tiers : Sachez que seuls les étrangers qualifiés peuvent venir travailler en Suisse (cadres, spécialistes, diplômés de l’enseignement supérieur…). Un permis de travail est nécessaire, mais surtout, votre futur employeur doit démontrer que votre engagement sert les intérêts économiques du pays et qu’il n’a pas pu recruter le personnel nécessaire sur le marché suisse du travail ni sur celui des pays membres de l’UE/AELE. Une fois votre présence justifiée, l’employeur doit effectuer les démarches pour obtenir un permis de travail auprès de l’autorité cantonale des migrations ou du marché du travail. Pour le détail de la procédure, consultez le site du Secrétariat d’Etat aux migrations.
Attention, le permis de travail ne donne pas forcément le droit d’entrer en Suisse. Selon votre nationalité, vous avez aussi besoin d’un visa. Les ressortissants des pays membres de l’UE ou de l’AELE (Islande, Liechtenstein, Norvège, Suisse) n’ont pas besoin de visa pour entrer en Suisse.
Enfin, après votre arrivée en Suisse, vous devez vous annoncer dans les 14 jours auprès de l’autorité chargée du contrôle des habitants à votre lieu de domicile. Il n’est pas possible commencer à travailler avant cette démarche sur place.
S’assurer en Suisse pour pouvoir travailler
Travailler en Suisse pour fait entrer automatiquement dans le système suisse des assurances sociales. ; toutes les cotisations ne sont pas déduites du salaire. Sachez que l’assurance-maladie est obligatoire mais privée. Au-delà de 8 heures de travail par jour, votre employeur est obligé de vous assurer; la cotisation est prélevée sur votre salaire.
Que savoir sur le contrat de travail en Suisse
On distingue trois types de contrats en Suisse :
- Le contrat individuel de travail : Le contrat signé doit mentionner obligatoirement le nom du travail et de l’employeur, la date du début, la fonction du travailleur, le salaire et ses compléments, la durée hebdomadaire de travail, la période d’essai. Pour un contrat à durée déterminée, l’employeur doit indiquer la date de fin. Pour toute règle spéciale comme une clause de non-concurrence, cela doit figurer dans le contrat. Ce type de contrat est le plus répandu dans le secteur des services et de l'industrie pour des postes qualifiés. Un accord verbal peut faire foi de contrat mais il est conseillé d’avoir un contrat écrit en cas de litige…
- La convention collective de travail : Comme la convention collective en France, CCT est un accord conclu entre employeurs et associations d’employeurs et syndicats. Les partenaires sociaux définissent les conditions minimales de travail à respecter comme le salaire minimum ou le cadre juridique. Plusieurs CCT existent (coiffure, boulangerie-pâtisserie, bâtiment…). Il existe des CCT spécifiques à des entreprises ou des régions.
- Le contrat-type de travail : Ce contrat se fait dans les secteurs sans conventions collectives de travail. Il définit alors les conditions de travail comme le salaire minimal. Une manière de mettre fin à des abus dans des professions, exemple avec le CTT des travailleurs de l’économie domestique ou du secteur agricole.
Connaître les conditions de travail en Suisse
Vous avez postulé, vous avez convaincu à l’entretien d’embauche, vous avez votre visa et votre assurance… Bravo ! Maintenant, vous vous demandez dans quelles conditions vous allez travailler :
- La loi suisse prévoit une durée maximum de travail variant entre 45 et 50 heures de travail par semaine. La durée moyenne est estimée à 42 heures par semaine.
- Vous avez normalement discuté de votre salaire. Sachez que le salaire minimum est établi dans la convention collective de votre secteur ou votre entreprise, à lire donc attentivement… Pour connaître approximativement votre salaire net, il faut y retirer les charges salariales (environ 14%), Votre cotisation d'assurance de soins et vos impôts
- Sachez que les syndicats jouent un rôle important en Suisse, et on estime à près de 25 % de salariés syndiqués.
- En Suisse, tout salarié a droit au minimum à 4 semaines de vacances par an. Une 5ème semaine de vacances est prévue pour les jeunes jusqu’à 20 ans révolus. A nouveau, lisez votre convention collective, il y a parfois des dispositions plus favorables.
- En cas de rupture de contrat, un délai de congé doit être respecté. Attention, en Suisse un accord amiable est considéré comme une démission. En tant que ressortissant étranger ou frontalier, il est possible de toucher le chômage sous certaines conditions
- À la naissance d’un enfant, les mères ont droit à un congé payé de 14 semaines (L’indemnité se monte à 80 % du revenu) et les pères de 2 semaines. En revanche, il n’existe pas de congé parental à se partager entre les deux parents. Pour les mères, il est possible de prolonger de 2 semaines (non rémunérées)
Le télétravail pour les travailleurs frontaliers entre la France et la Suisse
Un peu plus de 208.000 travailleurs frontaliers résidant actuellement en France font la navette chaque jour vers la Suisse. Pour mettre fin à une période d’incertitude liée à la pandémie, un accord, qui s’applique depuis le 1er janvier 2023, indique désormais que “Le télétravail sera possible jusqu’à 40% du temps de travail par année sans remettre en cause l’État d’imposition des revenus d’activité salariée (...)” selon un communiqué commun des gouvernements français et helvétique. Ainsi, le nouveau texte franco-suisse -en passe d’être ratifié - comporte deux modalités principales :
- Pour les travailleurs qui relèvent de l’accord de 1983 et qui sont employés dans les cantons de Berne, Soleure, Bâle-Ville, Bâle-Campagne, Vaud, Valais, Neuchâtel, Jura et résidents français : l’impôt sur le revenu (IR) continuera, sauf exceptions, à être acquitté en France.
- Pour les travailleurs qui relèvent de la convention bilatérale franco-suisse de 1966, l’imposition dans l’État de l’employeur est maintenue, “si le travail effectué à distance depuis l’État de résidence (la France, ndlr) n’excède pas 40% du temps de travail”. Au-delà, la part de revenus engrangés en télétravail depuis la France sera imposable dans l’Hexagone.
Vous souhaitez vivre à Génève ? Toutes les informations utiles à retrouver sur le podcast de la Radio des Français dans le monde "Vivre à..."