Jusqu'au 6 juillet, Wim Wenders est exposé au Palazzo Incontro. Avec Urban solitude, l'artiste allemand présente 25 photographies, toutes sur un thème cher à ses yeux : le paysage urbain. Mémoire, nostalgie, histoire et poésie sont les maîtres mots de cette saisissante exposition.
"Les maisons ont des visages et des caractères comme les gens. Celle là avec les rides sur son front m'a fait rire et pleurer en même temps". Plonger dans les paysages urbains de Wim Wenders, c'est plonger dans la mémoire, dans la nostalgie, c'est prendre conscience du temps qui passe. 25 photographies sont exposées au Palazzo Incontro, 25 lieux déserts, du profond ouest américain à l'extrême Orient en passant par la Russie, l'Italie et l'Allemagne, s'offrent à nous. Les regarder, c'est évidemment apprécier leur beauté mais c'est avant tout ressentir toute la poésie que Wim Wenders en dégage.
Avec son appareil photo, l'artiste capture des instants et nous raconte des histoires. Des histoires de ces lieux, qui ont subi pour certains d'entre eux la Seconde Guerre mondiale ou encore une Allemagne divisée en deux. Il le fait d'une manière singulière, s'inspirant de l'art poétique des maitres japonais, le haiku. Chaque image a le sien, comme si Wim Wenders avait voulu immortaliser sa pensée du moment. Par exemple, près de la photographie, Back Yard, Onomichi, qui illustre des maisons sans fenêtres, l'artiste écrit, "Quelquefois l'absence d'une chose souligne son importance. Surtout si c'est une chose que nous prenons pour acquis. Comme les fenêtres…"Là se trouve la force de son art, allier le poids de l'image au poids des mots.
Avec Urban Solitude, Wenders met à jour une page de l'Histoire. Un manifeste esthétique dont le temps a fait son œuvre, effaçant, peu à peu, tous les détails de ces lieux. L'artiste s'attèle à leur redonner un sens, à établir un lien direct et personnel avec eux, à les ramener dans une époque où nous perdons progressivement le contact direct avec la réalité. Ces places figées nous saisissent, nous questionnent, nous amusent, nous laissent sans voix. "En changeant les images du monde, on peut changer le monde.", dit-il. Et bien en regardant l'une après l'autre ses photographies, nous en sommes convaincus.
Wim Wenders, photographe et homme de cinéma
Ses paysages urbains nous auraient presque fait oublier que Wim Wenders, avant d'être photographe, est un homme de cinéma et même l'un des réalisateurs emblématiques du Nouveau Cinéma allemand. Reconnu par ses pairs et du public, il reçoit en 1982 le Lion d'Or à Venise pour L'état des choses. La consécration arrive en 1984 avec Paris, Texas, une émouvante traversée de l'Amérique qui décroche la Palme d'Or au Festival de Cannes.
Trente ans après, Wim Wenders revient sur le tapis rouge pour présenter cette année Le Sel de la Terre, un documentaire sur son ami le photographe brésilien Sebastião Salgado. Le film, coréalisé avec Juliano Ribeiro Salgado était présenté dans la catégorie Un certain regard. Espérons que cette fois ne déroge pas à la règle et que ce nouveau film valle le coup d'œil. Mais nous n'en doutons pas, Wenders a le don de captiver, de saisir l'image qui va nous transcender.
Sarah Cohen (Lepetitjournal.com de Rome) – jeudi 29 mai 2014
Crédits photos : dossier presse
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