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VOUS - Marrakech : Marie-Béatrice, 28 ans au service de la vie

A 20h30 ce soir-là, Marie-Béatrice Arsalane, Marie-Bé pour les intimes, se produit en concert avec ses amis de la Chorale Zellige. A peine deux heures avant, elle était en train de donner la vie à des jumeaux... Marie-Béatrice est sage-femme à Marrakech. Portrait{mxc}

Impossible de demander le nombre exact de bébés qu'elle a fait naître à celle qui estime qu'on ne peut comptabiliser des êtres uniques. Pourtant, un calcul approximatif fait d'elle la "grand-mère"de 7.500 enfants. Car au Maroc, une sage-femme est appelée "jda".
Après ses études à Rouen, Marie-Béatrice exerce trois ans au Havre. Entre temps, juste après son Bac, à l'occasion d'un chantier de jeunes dans le Tarn, elle rencontre un étudiant ingénieur marocain. Six ans après leur coup de foudre, ils s'installent à Marrakech avec le premier de leurs cinq enfants.
En 1980, elle commence sa carrière marocaine par ce qu'elle considère comme l'expérience la plus difficile, mais aussi la plus formatrice, de sa vie, à l'hôpital Ibn Tofail. Le choc. Pendant deux ans, la mort, celle des bébés mais aussi celle des mères, fait partie de son quotidien. Marie-Béatrice garde encore en mémoire le manque de moyens, les conditions d'hygiène, les pratiques douteuses, les femmes qui arrivent agonisantes des montagnes de Ouarzazate, ou les huit femmes qu'il faut parfois accoucher en même temps.
Elle exercera ensuite dans des cliniques mutualistes de la CNSS. D'abord à Agadir où elle suit son mari qui y deviendra doyen de l'Université, puis à Marrakech. Depuis quelques années, elle travaille à la Polyclinique du Sud, bien connue des touristes et des expatriés. Là, Marie-Béatrice assiste les femmes lors de leur accouchement. Mais surtout, elle les aide à le préparer.


Marie-Béatrice en tenue de combat... pour la vie
et en "civil"(photos LPJ Marrakech)


"Chaque naissance est une belle histoire"

Dans un environnement toujours plus médicalisé et organisé, parfois à l'excès, elle se bat pour convaincre les femmes de prendre en main le moment unique qu'elles vont vivre. Il s'agit donc non seulement de les rassurer, de leur "faire apprivoiser leur peur", mais aussi de "développer le positif"de l'événement, de leur donner confiance en elle-même, afin qu'elles soient pleinement conscientes et actrices de "ce rite de passage"qui les font évoluer du statut de fille de leur mère à celui de mère elle-même. Marie-Béatrice considère qu'il n'y a rien de plus valorisant pour une femme que de réussir cette "mission".
Après bientôt 30 ans de carrière, malgré un métier aussi fatiguant que contraignant, son émotion est restée intacte au moment de poser un enfant sur la poitrine de sa mère, "car chaque naissance est une belle histoire". Elle se souvient avec bonheur des accouchements de ses amies, parfois commencés à domicile, ou de celui qu'il a fallu faire dans un taxi pour une mère d'Agadir. Sa récompense c'est aussi toutes ces mamans qui, quotidiennement, au souk ou au supermarché, lui montrent "ses"bébés.
Après son travail à la clinique, où elle encadre également des stagiaires, Marie-Béatrice se consacre à sa famille, au chant, à la rando en montagne. Sans oublier les cours de préparation à l'accouchement qu'elle organise de temps à autre. Par amour des mères sans aucun doute.
Elodie MARTELLIERE. (www.lepetitjournal.com - Marrakech) jeudi 20 décembre 2007
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