Eric Talabardon: "Le French Desk ETL est voué à l'accompagnement des PME en Espagne"

C'est donc un Breton installé en Espagne, un de plus, comme tant d'autres que la terre de Cervantès semble particulièrement attirer. Jovial, bonhomme... et têtu, tonnerre de Brest. Né en 2016 d'une intuition forte, la nécessité de se différencier au sein d'un marché ultra-compétitif, et de la confiance de ses pairs, notamment du CEO d'ETL en Espagne Juan Bermudez, le French Desk d'ETL Global qu'a monté Eric Talabardon constitue désormais un modèle pour l'ensemble du groupe. Avec plusieurs centaines de clients accompagnés dans le pays en 2023 et une croissance inter-annuelle à deux chiffres, l'idée du Brestois a fait des émules. En octobre à Paris, Eric Talabardon réunissait ainsi un groupe de travail constitué d'une trentaine d'animateurs des French Desk ETL qui ont vu le jour un peu partout dans le monde, pour échanger, transmettre les bonnes pratiques et consolider un réseau unique, capable d'accompagner les PME dans leur process de conquête à l'export avec, c'est le point fort du cabinet, un service et une philosophie dédiés aux problématiques de ce type de structure. "L'idée est que si une PME s'est internationalisée avec ETL en Espagne et que cela s'est bien passé, elle pourra utiliser notre réseau de French Desk pour continuer son développement dans les autres pays où nous sommes présents, avec les mêmes standards de prestations", décrypte-t-il.

C'est extrêmement difficile de trouver en Espagne des professionnels qui parlent français et qui connaissent bien nos métiers

Car les besoins de la PME à l'export, "beaucoup plus terre à terre, beaucoup plus quotidiens", ne sont pas les mêmes que ceux des grands groupes. Les niveaux d'interlocution non plus. Et le French Desk d'ETL n'a pas pour vocation de concurrencer les fameux Big Four, mais plutôt d'agir à une échelle plus modeste, sur des entreprises qui requièrent un accompagnement personnalisé. On recense près de 2000 filiales d'entreprises françaises en Espagne, selon données de La Chambre franco-espagnole de commerce et d'industrie, et toutes ne sont pas des consortiums internationaux. "Ce sont dans bien des cas des petites multinationales, pour qui la création d’une filiale en Espagne constitue souvent le premier pas de l’internationalisation", estime Eric Talabardon. "Une PME qui s'internationalise n'a pas forcément le personnel lui permettant par exemple d'avoir des conversations techniques dans une langue étrangère, sur les détails d'un compte de résultats", illustre-t-il. Avec ses collaborateurs francophones spécialistes des questions comptables, fiscales, sociales et juridiques en France et en Espagne, le cabinet a été développé pour se mettre à la portée de la petite et de la moyenne structure, mais aussi de la startup. "C'est extrêmement difficile de trouver en Espagne des professionnels qui parlent français et qui connaissent bien nos métiers", avoue le responsable du French Desk, qui a dédié ces dernières années à recruter les talents -et à se rapprocher des cabinets existants qui travaillent suivant la même philosophie. Un travail de fourmi, souvent frustrant, pour élaborer une architecture solide, et pouvoir sereinement lancer la machine commerciale. Un travail qui requérait une certaine d'opiniâtreté, on l'a compris, mais qui a fini par porter ses fruits. 

L'ouverture du French Desk Madrid

Car début 2023, le développement du French Desk a connu un véritable coup d'accélérateur, avec le recrutement des équipes juridiques francophones et l'acquisition à Madrid du cabinet comptable SB Asesores, et son large carnet de clients français. Au passage, c'est un autre cabinet d'avocats madrilène du groupe ETL, EJASO, qui a été référencé par Business France et qui devrait épauler le French Desk dans les fonctions de "conseils juridiques spécialisés et de solutions stratégiques adaptées aux besoins spécifiques de ce contexte bilatéral". L'accord avec la French Tech de Madrid, qui soufflait mi-octobre sa première bougie et pour laquelle ETL Global constitue désormais le cabinet de référence, est venu couronner cette année exceptionnelle. "Notre développement dans la capitale est essentiel", analyse-t-il, "notamment parce que 70% des investissements français en Espagne ont lieu à Madrid". "Avec le Brexit, de plus en plus de startups ont fait le choix de l'Espagne pour leurs premiers pas à l'export", explique encore Eric Talabardon, "nous connaissons très bien les enjeux des entreprises technologiques et les problèmatiques qu'elles rencontrent". Dans ce contexte, la stratégie de développement du French Desk passe par de la croissance organique, certes, mais aussi de la captation de nouveaux clients, notamment depuis la France. "Il est très difficile de faire changer une entreprise de cabinet comptable, une fois qu'elle a fait son choix", observe le dirigeant, "il faut qu'il y ait un véritable motif d'insatisfaction pour qu'elle passe à l'acte". 

Nous sommes le seul réseau mondial disposant de French Desk pour PME

"Nous sommes le seul réseau mondial disposant de French Desk pour PME", insiste l'architecte du concept. Au sein du groupe ETL et de ses quelque 200 millions d'euros de chiffre d'affaires réalisé à l'international (160 en Espagne), le modèle développé par Eric Talabardon est en tous cas particulièrement pris au sérieux. Notamment parce que la signature en France, en 2019, d'un accord de collaboration avec le réseau In Extenso, et ses 250 cabinets associés, devrait particulièrement participer à renforcer les accompagnements hors de l'Hexagone. Pour notre Breton, c'est le moment de profiter du vent qu'il a en poupe.