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Tara Joseph, AmCham: “Soutenir le rôle international de Hong Kong”

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Écrit par Lepetitjournal Hong Kong
Publié le 3 février 2021, mis à jour le 4 février 2021

Le 11 décembre dernier, l'American Chamber of Hong Kong, la plus grande organisation d'affaires étrangère à Hong Kong a mené une étude auprès de ses membres pour connaître leurs intentions dans le contexte des relations sino-américaines tendues et de la pandémie de Covid. Les résultats démontrent une grande confiance dans l'avenir malgré des points d'ombre sur le maintien de Hong Kong comme place d'arbitrage. Au lendemain de l'élection de Joe Biden et la situation tendue aux Etats Unis, nous avons recueillir les impressions de sa présidente Tara Joseph.

Propos recuillis par Didier Pujol

L'élection américaine ouvre des opportunités

Qu’est ce qui change avec la victoire de Joe Biden?

L’AmCham n’est pas liée au gouvernement américain, n’a pas de bureau à Washington et n'est ni financée par le gouvernement ni non plus liée à un parti politique. Notre rôle est d'apporter un soutien concret au monde des affaires en représentant au mieux les intérêts de notre entreprises membres à Hong Kong. Ceci étant posé, la nouvelle situation ouvre des possibilités de reprise de la relation des Etats Unis avec de nombreux pays dont la Chine et de meilleures relations internationales propices au commerce, ce qui est une bonne nouvelle pour nos membres.

Dans l’étude auprès de vos membres publiée le 11 décembre 2020, vous avez demandé si certaines entreprises envisageaient de quitter Hong Kong. Qu’en est-il aujourd'hui?

Dans cette étude, il y a deux principales sources de préoccupations exprimées: Tout d’abord la situation pandémique (39,6%) qui fait que les emplois et le business sont plus importants à Hong Kong et en Asie qu’aux Etats Unis actuellement, eût égard aux difficultés de déplacement. Par ailleurs les relations sino-américaines (65,4%) qui sont au cœur des inquiétudes quant au développement des affaires. De ce point de vue, il est encore tôt pour évaluer la situation.

Pour l’instant très peu de mouvements dans les entreprises américaines à Hong Kong. Seuls 4% des répondants à l’étude déclarent reconsidérer l’implantation à Hong Kong en tant que hub principal pour l’Asie, sans préjuger de leurs opérations commerciales avec Hong Kong et la Chine, ce qui est très faible. Aujourd'hui, seules quelques entreprises internationales comme New York Times ont quitté Hong Kong pour des raisons différentes selon les cas. De façon générale, l’attitude est plutôt à l’attente (56% ne se prononcent pas).

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Il n'y a pas d'alternative sérieuse à Hong Kong

D’une manière générale, l’implication de grandes entreprises qui emploient plusieurs milliers de personnes à Hong Kong rendrait un déménagement contre-productif, voire irréaliste. De plus la plupart des entreprises du secteur finance juge qu’il n’y a pas d’alternative sérieuse en Asie, à cause de la proximité avec la Chine, de l’importance des flux financiers qui transitent par Hong Kong et de l’importance de sa bourse. Singapour, par exemple, n’a rien de tout cela. Il faut donc distinguer la situation économique et les opportunités business des états d’âme des uns et des autres, même si certains se demandent s’ils veulent rester à Hong Kong pour y vivre à titre personnel.

Quelles réactions de la communauté américaine de Hong Kong à l’attaque du Capitole et comment Biden peut-il rassembler les Américains?

Je pense que le choc a été comparable à celui que les Français ont ressenti lorsque Notre Dame a pris feu. La plupart des gens ne pouvaient pas croire qu’un pareil symbole national puisse être ainsi mis à mal. Le fait de se retrouver à l’étranger et de recevoir des images aussi traumatisantes est terrible. Le contexte politique de tension dans certains états était connu mais les débordements qui ont suivi ont choqué nos compatriotes de Hong Kong. Concernant la suite, les Américains sont d'un naturel optimiste. La démocratie américaine dans sa courte histoire a connu des moments plus difficiles lors de la guerre civile ou dans les années 60. C’est donc la conviction que l’Amérique va surmonter ces difficultés qui prédomine. Le fait que l’intronisation de Joe Biden se soit passée dans le calme a, de ce point de vue, été un soulagement.

Hong Kong doit rester internationale

Comment la dégradation des relations sino-américaines et le Covid ont-ils affecté les entreprises américaines?

Concernant le Covid, même si la situation est compliquée, Hong Kong est relativement épargnée par rapport à d’autres endroits dans le monde. Les chances de tomber malade y sont moindre qu’ailleurs. Bien sûr, la quarantaine de trois semaines à l’hôtel est ressentie comme une frustration pour certaines familles, dont je fais partie, qui n’ont pas pu voir leurs proches parfois âgés depuis un an et qui s’inquiètent à juste titre. De plus, il est difficile de prévoir ce que le gouvernement va décider sur ce terrain. Cependant, sur le plan du business, l’impact du Covid est différent selon les secteurs. Les compagnies aériennes comme United Airlines ont été parmi les plus durement touchées, tout comme l'industrie hôtelière ou le tourisme.

Dans le retail, néanmoins, de nombreuses marques ont intégralement revu leur stratégie comme pour Nike pour se repositionner sur la vente en ligne. Sous l’influence de la pandémie, un mouvement qui aurait du prendre plusieurs années, a été accéléré et mis en place en seulement 10 mois. De ce point de vue, le rôle de Hong Kong comme plateforme de retail risque de s’amenuiser. Par contre le secteur finance a fait une très bonne année en 2020, de même que la logistique avec des géants comme Fedex ou encore les entreprises de l’IT telles Facebook. Je précise que parmi nos membres, il y a aussi des entreprises françaises comme LVMH ou Crédit Agricole et il y a des Français dans notre conseil d’administration. D’une façon générale, nous cherchons à accentuer ce positionnement international à Hong Kong en ouvrant le carnet d’adresse des entreprises et institutions américaines aux entreprises étrangères qui en ont besoin.

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Comment les tensions ont impacté vos relations avec le gouvernement de Hong Kong?

L’année dernière, du fait du Hong Kong Policy Act, du Human Rights and Democracy Act et des sanctions américaines personnelles visant la Chief Executive Carrie Lam, les échanges informels et discussions ouvertes ont naturellement été rendues plus difficiles. Cela ne nous a pas empêché d’échanger avec les ministres et membres du gouvernement. Bien entendu, nous aimerions retrouver le niveau de proximité que nous avons toujours entretenu dans le passé mais après quatre ans d’administration Trump, cela va prendre un peu de temps. En tant que chambre de commerce internationale, nous militons pour un meilleur Hong Kong, sans aucune prise de position politique. Notre souhait est que Hong Kong reste une place internationale forte, ce qui semble aussi être l’objectif du gouvernement. En ce sens, l'objectif  soutenu par Pékin de faire de Hong Kong la place financière principale à l’intérieur de la Grande Baie ainsi qu'une porte d’accès vers le monde pour les entreprises chinoises va dans ce sens. Aujourd’hui, personne n’a intérêt à tuer la poule aux œufs d’or.

Le rôle de Hong Kong comme place d'arbitrage est clé

Quels sont les chantiers prioritaires de l'AmCham?

Nos efforts et réflexions portent sur le développement de Hong Kong comme plaque tournante de la finance mondiale et le fait d'informer le public à l’étranger, pour restaurer l’image de la ville écornée par les manifestations. Nous y croyons fortement. Par ailleurs, nous sommes très attentifs à l’évolution du cadre légal qui seul, garantit le choix et l'attractivité unique de Hong Kong pour les entreprises étrangères. Nous avons un comité légal spécialement dédié à l’analyse des risques et opportunités dans ce domaine. Le point essentiel est le maintien de Hong Kong comme centre d’arbitrage pour les litiges commerciaux. Sur ce point, notre étude de décembre montre que 30% des entreprises interrogées craignent que Hong Kong ne perde cette position.

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Enfin, le secteur logistique est essentiel selon nous car de nombreuses entreprises américaines ont leur centrale d’achat ou partenaires logistiques à Hong Kong, comme pour l’habillement, la chaussure ou encore la grande distribution. Du fait de la forte dépendance vis-à-vis de la Chine et de l’augmentation des prix de revient chinois, la réorientation vers le reste de l’Asie du Sud-Est modifie les flux. Dans ce cas, Hong Kong continue d’être attractive du fait de sa forte connectivité avec la Chine, le Vietnam ou encore le Cambodge.

 

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