Pierre-Eric Saint-André, président de Dragages Hong Kong, vient de prendre également la direction de Bouygues Bâtiment International. À cette occasion Lepetitjournal.com a souhaité l'interwiever.
De Dragages à Bouygues Bâtiment
Vous venez d’être nommé PDG de Bouygues Bâtiment International. Comment vivez-vous cette nomination?
Ce fut tout d’abord une surprise. Bien entendu, c’est une heureuse surprise. En effet, c’est un message de reconnaissance du groupe mais, plus généralement, c’est une entreprise que j’ai rejoint il y a maintenant 4 ans pour diriger nos activités ici à Hong Kong et sur la zone Asie - Pacifique où nous avons 7 filiales de bâtiment et j’y suis aujourd’hui très attaché.
Avec 60 ans de présence, Dragages est un fleuron de la présence française à Hong Kong. Comment expliquer ce succès?
Dragages est en effet une très vieille entreprise de Hong Kong. C'est sans nul doute son sérieux et son expertise technique qui font qu'au fil du temps, des ouvrages majeurs lui ont été confiés. Imaginez, dans les années 50, Dragages réalisait déjà l’aéroport international de Hong Kong à Kai Tak à partir d’une réclamation sur la mer, une véritable prouesse technique. Depuis, Dragages a signé de nombreuses réalisations à Hong Kong comme plusieurs stations de Metro, le Convention and Exhibition Center, Asia World Expo, le Hong Kong Stadium ou encore le tunnel sous la mer Tuen Mun–Chek Lap Kok qui ouvrira au public le 27 décembre prochain. Je vous invite à aller traverser ce tunnel où les innovations technologiques ont été nombreuses et qui détient plusieurs records dont celui du tunnelier au diamètre le plus large du monde avec plus de 17m.
Dragages est une entreprise hongkongaise que nous avons rachetée en 1986. Nous avons intégré cette belle entreprise dans notre groupe en préservant ses racines, son nom, sa culture. Aujourd’hui, notre groupe peut s’appuyer sur des entreprises complètement intégrées à leur écosystème local tout en leur permettant de bénéficier des innovations que nous réalisons partout dans le monde. C’est une force que de pouvoir conjuguer diversité culturelle, expertise technique et richesse humaine
Participer au développement
Vous êtes dans le groupe Bouygues depuis 15 ans. Pourriez-vous revenir sur votre parcours?
Au début des années 2000, je me suis intéressé à l’aménagement numérique du territoire. En effet, à cette époque, les investissements privés des opérateurs telecoms se concentraient sur les 20 grandes villes françaises où vit la moitié de la population. L’autre moitié vit dans plus de 36,000 communes pour la plupart rurales qui souffraient de la fracture numérique. J’ai ainsi créé Axione avec 4 amis pour déployer des réseaux haut-débit partagés par les opérateurs telecoms qui pouvaient ainsi fournir leurs services aux entreprises et aux particuliers dans les campagnes.
Après la fracture numérique, je me suis intéressé à l’énergie, plus particulièrement l’énergie solaire. L’idée de concevoir et réaliser des centrales solaires de grande puissance capables de produire une électricité verte à partir d’une source renouvelable comme les photons du soleil était une vraie motivation pour toutes les équipes de Bouygues qui ont participé à cette entreprise qui nous a amené en Thailande, aux Philippines, au Japon ou encore en Australie. Enfin, passant de plus en plus de temps en Asie, le groupe m’a demandé de prendre la Présidence de Dragages Hong Kong et des filiales bâtiment de la région Asie Pacifique début 2017. Là encore, nous faisons un métier passionnant en réalisant des ouvrages qui servent au quotidien à nous loger, à travailler, à nous déplacer, à consommer, à nous divertir… bref à vivre.
Le marché et les enjeux en Asie
Quels sont les défis en cette période de crise sanitaire et comment vous êtes-vous adaptés?
Nous venons naturellement de passer une année 2020 très difficile à cause de la pandémie mondiale de Covid-19. Notre première priorité fût la santé et la sécurité de nos collaborateurs et de toutes nos parties-prenantes. Nous avons eu beaucoup de personnes touchées, des familles déplacées, des chantiers terminés, des zones où nous avons dû cesser toute activité pendant des mois avec des confinements… Nous avons très vite compris les enjeux de la crise grâce à nos collaborateurs hongkongais qui ont vécu le SARS. Nous avons donc rapidement adapté l’ensemble de nos méthodes de travail avec de nombreuses mesures préventives déployées d’abord à Hong Kong puis rapidement étendues à l’ensemble du groupe. L’année 2021 continuera d’être marquée par cette crise sanitaire. Sur le plan économique, des plans de relance se mettent en place. Et c’est particulièrement intéressant de voir combien le sujet du changement climatique prend une place importante.
Quels sont les axes de développements pour Dragages et Bouygues Construction en Asie?
Nous avons près de 9000 collaborateurs engagés sur de nombreux projets dans cette région Asie Pacifique qui reste un moteur de croissance. Dans le futur, les sujets environnementaux seront de plus en plus importants et nous nous y préparons déjà largement. Notre groupe a ainsi pris des engagements forts cette semaine a l’occasion du 5ème anniversaire des accords de Paris sur le changement climatique: réduire de 30% nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. La question environnementale est stratégique pour le groupe Bouygues. C’est une opportunité de se positionner en apporteur de solutions (bâtiments à énergie positive, bétons bas-carbone, construction modulaire…) face aux défis planétaires que sont le dérèglement climatique et la raréfaction des ressources.
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