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Hong Kong reste le 1er hub asiatique pour les banques françaises

La migration vers Singapour ou vers Dubaï n’a pas eu lieu pour les grandes banques françaises. Malgré les tensions sur les marchés, Hong Kong reste en effet le centre financier asiatique privilégié pour les principales banques occidentales et notamment hexagonales.

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La bourse de Hong Kong reste incontournable en Asie (photo Ank Kumar sur Creative Commons).
Écrit par Guillaume Clément
Publié le 17 mars 2024, mis à jour le 30 mars 2024

Hong Kong, centre asiatique de la finance

Fin janvier, l’Asian Financial Forum (AFF) à Hong Kong, qui a réuni 3600 financiers, a permis de démontrer que la cité portuaire était aussi un maillon incontournable du secteur bancaire. Aucune banque majeure n’aurait manqué cet événement, et surtout pas les banques françaises, toujours très présentes dans l’ex-colonie britannique.

Selon les chiffres du gouvernement, du Stock Exchange, du journal « Les Echos » et des sociétés, BNP Paribas employait 2315 personnes à Hong Kong fin 2022, contre seulement 1871 à Singapour et 666 au Japon. Société Générale avait un effectif de 1069 salariés à Hong Kong, contre seulement 216 à Singapour et 214 au Japon. Pour Natixis, ces chiffres étaient respectivement de 402, 275 et 168. Seul le Crédit agricole était plus présent à Singapour (1036 salariés) qu’à Hong Kong (702).                                                                     

Des risques moindres pour les banques à Hong Kong

Cette prédominance de la place hongkongaise en Asie semblait pourtant menacée par trois événements : la crise sanitaire, le recul de la croissance chinoise et les risques géopolitiques. A l’époque du Covid, en 2021, même la banque locale HSBC avait supplié le gouvernement de faire en sorte que « la protection de la santé publique et le retour progressif à la normale des voyages d’affaires puissent coexister ». Au printemps 2022, Société Générale était allée jusqu’à trouver un accord avec le gouvernement de Singapour pour y déplacer une partie de ses banquiers. Ces doléances ont finalement été entendues, et la levée des restrictions au deuxième semestre de 2022 a finalement permis d’éviter que les menaces de départs soient mises à exécution.

Sur la baisse de la croissance chinoise, certes, les banques d’affaires sont aujourd’hui sur la défensive en raison d’une frilosité dans les investissements occidentaux en Chine. Ainsi, en janvier, Lazard a fermé son bureau de Pékin, Bank of America a supprimé 20 postes de banquiers en Asie, et Rothschild avait dissous son équipe de Shanghai au trimestre précédent. En tout, près de 400 banquiers d’affaires ont perdu leur emploi à Hong Kong ces derniers mois. Mais la croissance chinoise demeure toujours largement supérieure à celle de l’Europe.

Enfin, du côté géopolitique, le risque n’a pas totalement disparu, mais semble s’amenuiser. La tenue sans incident des présidentielles taiwanaises en janvier a rassuré les milieux d’affaires sur une faible probabilité de la montée des tensions régionales, du moins à court terme. Malgré tout, la banque centrale européenne a demandé aux banques commerciales de la zone euro que des plans de secours soient prêts pour faire face au risque d’escalade de sanctions. Cela dit, cette éventualité, qui a fini par arriver en Russie, n’est pas spécifique à la Chine, et la demande de plans B s’applique à toutes les zones du monde.

Des atouts toujours présents

Donc, pour l’instant, Hong Kong reste pour les banquiers « the place to be », pour reprendre l’expression anglo-saxonne. Ses atouts sont nombreux et sont préservés par la Chine qui ne veut pas tuer sa poule aux œufs d’or. La Common Law y régit toujours le commerce international. Les salles de marché principales y sont incontournables, avec, de plus, de nouvelles spécialités, comme les cryptomonnaies. Enfin et surtout, Hong Kong devient chaque jour davantage la porte d’entrée vers le gigantesque marché chinois. A cet égard, l’interconnexion de la bourse de Hong Kong avec celles de Shenzhen et de Shanghai, dite « stock connect », est un argument non négligeable.

Par ailleurs, il faut enfin souligner que, sur la place de Hong Kong, de nouveaux investisseurs arrivent notamment d’Arabie Saoudite et des Emirats arabes unis. Selon Goldman Sachs, le Moyen-Orient et le Sud-Est asiatique, avec leurs investissements croissants, ont « partiellement compensé » la baisse des positions des Etats-Unis et de l’Europe. Aujourd’hui, dans un monde multipolaire, délaisser Hong Kong serait donc vraiment une mauvaise idée pour un acteur de la finance.

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