À deux semaines du sommet de l’APEC, la relation commerciale entre Washington et Pékin s’est de nouveau tendue. Vendredi 10 octobre, Donald Trump a indiqué envisager une hausse de 100 % des droits de douane sur les produits chinois, en réaction à la décision de Pékin d’accroître son contrôle sur les terres rares.


Les terres rares au cœur de l'escalade
Les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine connaissent un regain d'intensité. Dans un message publié vendredi 10 octobre sur son réseau Truth Social, le président américain Donald Trump a annoncé envisager une augmentation massive des droits de douane sur les produits chinois, allant jusqu'à 100 % supplémentaires, avec une mise en application possible dès le 1er novembre. Cette annonce a provoqué une chute de 2,7 % de Wall Street, les valeurs technologiques accusant une baisse de 3,56 %.
Cette menace tarifaire fait suite à une décision chinoise qui a surpris Washington. Le 9 octobre, Pékin a annoncé l'extension de ses contrôles à l'exportation sur les terres rares, ces métaux essentiels à l'industrie technologique et à la défense.
Un enjeu stratégique majeur
Les terres rares, dont la Chine détient près de 70 % de la production mondiale, sont des composants essentiels pour la fabrication d'aimants utilisés dans les technologies de pointe, des smartphones aux systèmes d'armement. En avril dernier, Pékin avait déjà soumis ses exportations de ces métaux à un système de licences restrictives.
Désormais, tout produit fabriqué dans le monde contenant plus de 0,1 % de terres rares nécessitera une autorisation d'exportation de Pékin. Le ministère du commerce chinois a précisé que les demandes pour des produits à usage militaire ne seront par défaut pas approuvées, tandis que celles concernant les semi-conducteurs et l'intelligence artificielle seront examinées au cas par cas.
En pratique, cette décision revient à donner à la Chine un droit de regard sur l’ensemble des chaînes de valeur technologiques mondiales. Une ligne rouge, selon plusieurs observateurs, qui aurait déclenché la riposte américaine. Une hausse des tarifs de 100 % sur les produits chinois reviendrait à un quasi-embargo commercial, aggravant encore les tensions entre les deux premières puissances économiques mondiales.
Le sommet de l'APEC en ligne de mire
Cette montée de tension intervient à deux semaines du sommet de la Coopération économique en Asie-Pacifique (APEC), prévu les 31 octobre et 1er novembre en Corée du Sud. Donald Trump et Xi Jinping devaient s'y rencontrer pour la première fois depuis le retour du président américain au pouvoir. Dans son message, M. Trump a déclaré qu'il n'y avait "plus aucune raison" de tenir cette rencontre, avant de nuancer plus tard dans la journée, en indiquant qu'un dialogue restait possible.
"Nos relations avec la Chine au cours des six derniers mois ont été excellentes, ce qui rend cette décision encore plus surprenante", a-t-il ajouté, en référence à la période d'accalmie qui avait suivi une série de négociations à Genève, Londres, Stockholm et Madrid. Ces discussions avaient nourri l'espoir d'une stabilisation durable des relations bilatérales.
Un contexte commercial déjà tendu
Cette escalade intervient dans un contexte commercial déjà fragilisé. La Chine a suspendu cette année ses achats de soja américain, se tournant vers le Brésil, ce qui affecte directement les agriculteurs américains, un électorat clé pour Donald Trump. De son côté, Washington maintient le blocage sur la livraison des processeurs les plus avancés de Nvidia à la Chine, limitant ainsi le développement du secteur technologique et de l'intelligence artificielle chinois.
Selon l'Institut Peterson d'économie internationale, les droits de douane moyens s'élèvent actuellement à 57,6 % sur les produits chinois entrant aux États-Unis, contre 32,6 % appliqués par la Chine sur les biens américains. Une augmentation supplémentaire de 100 % porterait les tarifs américains à environ 130 %, s'apparentant à un embargo commercial.
Diplomatie sous haute tension
Les observateurs s'interrogent sur la nature de cette escalade : s'agit-il d'une chorégraphie diplomatique visant à arriver en position de force au sommet de l'APEC, ou d'un dérapage incontrôlé des relations sino-américaines ? L'ultimatum fixé au 1er novembre laisse cependant une fenêtre pour une désescalade, d'autant que le président américain a lui-même laissé entendre qu'une rencontre restait possible.
Les prochaines semaines s'annoncent décisives pour l'avenir des relations commerciales entre les deux premières puissances économiques mondiales, avec des répercussions potentielles sur l'ensemble de l'économie mondiale.
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