Suite à la Nuit des Idées à Hong Kong, nous avons eu le plaisir d'interviewer l'une des participantes de renom du panel en la personne de Catherine Pégard. La présidente de l’Etablissement Public du Château, du musée et du domaine national de Versailles nous parle de la difficulté de faire vivre ce fleuron des musées français en période de pandémie et des échanges culturels avec Hong Kong et l'Asie.
Propos recueillis par Didier Pujol
Versailles inspire les champs de création
Vous êtes présidente de l’Etablissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles depuis maintenant 10 ans. Pourriez-vous nous rappeler ce que représente Versailles sur le plan économique et culturel en France et dans le monde ?
Le château de Versailles rayonne partout comme un symbole. Véritable livre d’histoire de France du XVIIe siècle à nos jours, c’est aussi l’emblème du goût et de l’art de vivre à la française. Il continue de faire vivre chaque jour des savoir-faire d’excellence et d’inspirer tous les champs de la création. Avec plus de 10 millions de visiteurs par an, Versailles s’est hissé aux premiers rangs des sites touristiques internationaux exerçant une très forte attractivité dans le monde. C’est aussi une entreprise de plus de 1000 salariés, avec un budget de plus de 120 millions d’euros par an.
Le numérique permet de toucher le plus grand nombre
Aujourd’hui le château et domaine de Versailles sont particulièrement affectés par la crise du Covid du fait de la disparition des visiteurs étrangers. Comment vous êtes-vous adaptés à la nouvelle situation?
En effet, avant la pandémie de la COVID-19, le château de Versailles comptait plus de 80% de public international et 20% de français. L’impossibilité de voyager et les contraintes sanitaires nous ont privés, depuis le début de l’année dernière, d’une grande partie de nos visiteurs. Cette situation inédite, qui concerne tous les grands sites touristiques, nous a obligés à intensifier nos efforts pour maintenir le lien avec le public. Pour cela le numérique est un formidable outil qui nous permet de toucher le plus grand nombre, selon les intérêts et les usages de chacun. Nous n’avons donc pas cessé de diffuser des contenus inédits (expositions virtuelles, podcasts, vidéos, jeux…), de proposer des échanges en live avec les équipes du château qui continuent à travailler quotidiennement, d’innover sur les réseaux sociaux (ouverture d’un compte Tik Tok)… Nous espérons ainsi donner envie aux internautes de venir découvrir ou redécouvrir le Château et sa grande diversité, dès que cela sera possible.
Versailles sera présenté en Chine en 2021
Vous avez lancé plusieurs initiatives pour aller à la rencontre du public qui ne peut plus se rendre au château, et notamment étranger. Pourriez-vous nous en parler ?
Bien avant la crise sanitaire, nous avons eu la volonté de nous adresser au plus large public, où qu’il se trouve, avec la volonté de susciter le désir de venir découvrir le château de Versailles. Ainsi, en 2018, nous avons lancé l’expérience Virtually Versailles, à Singapour. Cette exploration virtuelle du château et de ses richesses constitue une première découverte de Versailles qui s’appuie sur des outils numériques ludiques et innovants. Elle s’adresse aussi bien à un public adepte des nouvelles technologies qu’à un public familial et peut permettre au patrimoine d’être accessible dans des lieux très divers. Après le succès de la première édition, Virtually Versailles s’installe aujourd’hui à Shanghaï (du 27 février au 10 mai 2021), 1ere étape d’une itinérance en Chine dans 7 autres villes: Beijing, Shenzhen, Hangzhou, Wuhan, Chengdu, Chongqing and Xi’an.
Une collaboration possible avec Hong Kong
Lors de la Nuit des Idées à Hong Kong, vous avez pu échanger avec vos homologues de Hong Kong du Musée d’Art Moderne et de M+ ainsi que des artistes chinois. Que retirez-vous de ces échanges et pensez-vous que des collaborations puissent être envisagées dans le futur ?
J’ai été frappée par l’énergie de nos collègues qui, déjà, envisageaient l’avenir sans se référer à la pandémie qui nous a tous frappés ces derniers mois. J’avais ressenti cette même impression lors de mon dernier voyage à Hong Kong en 2019, où mes interlocuteurs montraient la même volonté de réaliser, vite, de très grands projets. Cela donne envie d’en créer avec eux! Pendant cette Nuit des Idées est né le projet de présenter bientôt Virtually Versailles à Hong Kong. Je rêverais que cela soit possible en 2021.
Le numérique complète l'expérience physique
Quelle part prendra la digitalisation dans le futur pour ouvrir encore plus le musée de Versailles à tous les publics en accord avec le projet de Louis XIV et votre lettre de mission ?
Depuis longtemps déjà le numérique occupe une place centrale dans notre relation avec le public et cela a revêtu un caractère d’autant plus important dans le contexte particulier de l’année écoulée. C’est un outil vraiment précieux, qui nous offre beaucoup de possibilités, d’opportunités de création et de perspectives de développement à explorer. Je suis néanmoins convaincue, qu’une expérience digitale, aussi réussie qu’elle soit, ne remplacera jamais la découverte physique du château de Versailles et la rencontre avec son patrimoine exceptionnel. Ainsi nous cherchons plus que jamais à proposer, sur place, une offre culturelle toujours plus large: de nouveaux espaces ouverts à la visite, des lieux emblématiques restaurés, des expositions, des parcours de visites sur mesure permettant de découvrirVersailles autrement, une saison de spectacles variés… Il se passe toujours quelque chose de nouveau à Versailles, il faut y venir et y revenir pour explorer son immense richesse. Nous n’avons d’ailleurs jamais cessé de travailler, durant cette crise sanitaire, pour que le Château puisse être prêt à une réouverture la plus rapide possible, sans prendre de retard sur les chantiers à mener.
Pour être sûr de recevoir GRATUITEMENT tous les jours notre newsletter (du lundi au vendredi)
Ou nous suivre sur Facebook et Instagram