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Accord de libre-échange Chine-Corée-Japon, la réplique asiatique aux Etats Unis

Dimanche 30 mars 2025, le 13e Conseil économique entre la Chine, la Corée du Sud et le Japon s’est réuni pour discuter d’un renforcement de la coopération économique, en réponse aux tarifs douaniers imposés par le président américain Donald Trump depuis la mi-mars. Pour limiter leur impact, les trois puissances asiatiques souhaitent réformer l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Explications.

Le ministre du commerce chinois, Wang Wentao, le ministre de l’industrie sud-coréen, Ahn Duk-geun et son homologue japonais Yoji Muto à SéoulLe ministre du commerce chinois, Wang Wentao, le ministre de l’industrie sud-coréen, Ahn Duk-geun et son homologue japonais Yoji Muto à Séoul
Écrit par Noémie Valery
Publié le 16 avril 2025, mis à jour le 17 avril 2025

 

À Séoul, la préparation d’une réplique

Le ministre du Commerce chinois, Wang Wentao, le ministre de l’Industrie sud-coréen, Ahn Duk-geun et son homologue japonais Yoji Muto étaient à Séoul pour une réunion d’urgence. En cause, l’accélération et la multiplication des tarifs douaniers imposés par Washington obligent le trio à réduire sa dépendance en matière d’exportations à destination des États-Unis. Jeudi 10 avril, la Maison Blanche a affirmé qu’une nouvelle taxe de 125% à l’entrée des produits chinois s’ajoutait aux 20% énoncés précédemment, amenant les droits imposés à la Chine depuis janvier à 145% sur une grande partie de ses produits, malgré certaines exceptions. En réponse, l’Empire du milieu a annoncé le lendemain porter à 125% ses tarifs à l’encontre des produits américains.

À cela s’ajoute les surtaxes de 25% touchant le secteur automobile, l’acier et l’aluminium, pour lesquels le Japon et la Corée n’ont pas réussi à obtenir d’exemption. Si la surtaxe « réciproque » de 25% sur les produits japonais et sud-coréens est suspendue pour 90 jours et plafonnée à 10% sur cette période, cette trêve de façade n’en reste pas moins temporaire pour le moment, rendant ce sommet tout aussi important pour ces deux pays que pour la Chine.

 

Réformer l’OMC pour protéger le commerce

À elles trois, les puissances que sont la Chine, la Corée du Sud et le Japon représentent environ 20% de la population mondiale, un quart de son économie et 20% du commerce planétaire. Afin d’assurer la stabilité économique et la fluidité de la chaîne d’approvisionnement industrielle, elles ont décidé de « poursuivre les discussions en vue d’accélérer les négociations vers un accord de libre-échange trilatéral complet » et « équitable », d’après un communiqué commun. Elles ont également prévu de pousser à une réforme de l’OMC afin de faciliter une collaboration économique plus étroite, tout en encourageant l’adhésion de nouveaux membres au Regional Comprehensive Economic Partnership (RCEP), réunissant la Chine et quatorze pays asiatiques tels que la Malaisie, l’Indonésie ou encore l’Australie.

Dans son communiqué, le gouvernement chinois a notamment affirmé que « L’unilatéralisme et le protectionnisme se propagent, exerçant une forte pression sur les échanges mondiaux et augmentant l’incertitude. Les trois pays doivent assumer la responsabilité (…) de préserver le système commercial multilatéral et promouvoir l’intégration économique régionale ».

 

Quel avenir pour l’économie asiatique ?

Si le RCEP garantit déjà un accord de libre-échange trilatéral entre la Chine, la Corée et le Japon, son élargissement pourrait, selon la Banque asiatique de développement, ajouter 245 milliards de dollars par an au revenu de la région d'ici à 2030. Entre 86 % et 88 % des marchandises échangées entre la Chine et le Japon pourraient bénéficier de "tarifs nuls", tout comme 83 % des marchandises entre le Japon et la Corée du Sud.

Ce renforcement du libre-échange pourrait également adoucir la crise des semi-conducteurs. En mars dernier, le président de Samsung Electronics, Lee Jae-yong, affirmait que la marque « fait face à une question de vie ou de mort », en raison de la concurrence accrue. Depuis l’annonce de Donald Trump quant à l’application de droits de douane spécifiques sur les puces électroniques, les actions de Samsung ont chuté de 10%, réduisant la valeur boursière de l’entreprise. Le Japon et la Corée du Sud, qui est la maison mère du géant de l’électronique, ont affirmé vouloir échanger davantage de semi-conducteurs et autres produits liés aux puces de téléphone, un consensus qui pourrait alléger le poids des tarifs étatsuniens sur la région.

 

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