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De retour en Inde, elle passe sa quarantaine "enfermée" à l'hôtel

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la vue de la chambre d'hôtel de quarantaine, Bombay
Écrit par lepetitjournal.com de Chennai
Publié le 3 février 2021, mis à jour le 19 décembre 2023

Bombay, mi janvier 2021. Eléonore* atterrit en provenance de France, où elle vient de passer (enfin) un moment en famille. Une quarantaine institutionnelle obligatoire l’attend à l’hôtel. Une expérience surréaliste qu’elle nous raconte.

 

Concrètement, depuis le 22 décembre 2020, le gouvernement du Maharashtra (Etat de Bombay) impose une quarantaine institutionnelle obligatoire pour toute personne arrivant en avion depuis l’Europe et le Moyen-Orient : 7 jours dans un des hôtels accrédités par la Mairie de Mumbai suivi de 7 jours chez soi. Et pour ceux qui viennent en voyage d’affaires, ce sera 7 jours à “l'étage de quarantaine”, puis 7 jours comme “client normal”dans le même hôtel.

 

L’arrivée à Bombay

Eléonore le savait. Partir en France revoir ses enfants et fêter Noël avait un prix en rentrant ensuite en Inde, où elle vit depuis quelques années en expatriation avec son mari. A son arrivée, après avoir récupéré ses bagages, elle et les passagers sont orientés vers différents comptoirs, en fonction de la destination finale. “Et comme souvent, tout le monde se presse devant une table derrière laquelle plusieurs employés de la municipalité sont installés. On joue des coudes pour pouvoir passer devant. Le respect des distances sociales est oublié !” Delà, les employés de la municipalité vérifient les documents des passagers (notamment le test PCR qui doit être fait avant le décollage) et enregistrent les arrivées et l'hôtel choisi pour effectuer la quarantaine, puis ils donnent un petit coup de tampon sur la carte d’embarquement. D’ailleurs, Eléonore se souvient que certains découvrent à ce moment là qu’ils doivent faire 7 jours de quarantaine à l’hôtel !  Perplexes, ils regardent l’affiche listant les hôtels accrédités… La liste comprend des hôtels de toute catégorie et les prix sont fixés par le gouvernement (tarif une nuit et trois repas inclus.).

 

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Aéroport de Bombay

 

Puis, au lieu de sortir comme d’habitude de l'aéroport, les passagers sont dirigés vers un escalier pour se rendre au parking. Des bus municipaux attendent pour emmener les passagers dans les hôtels, mais avant de monter dans le bus, il faut s’acquitter de 50 roupies pour le trajet. “La zone est délimitée par des barrières, il n’est donc pas aisé de s’en échapper!” se rappelle Eléonore. Si on commence à avoir l’impression que la liberté nous échappe, ce n’est que le début car, arrivée à l’hôtel, Eléonore se fait “confisquer” son passeport à la réception. Un employé l’accompagne ensuite à sa chambre, en prenant l’escalier de service. “L'étage est réservé aux personnes en quarantaine et les ascenseurs pour les clients ne s’y arrêtent pas. On a un peu le sentiment d'être un pestiféré entre la confiscation du passeport et le passage par les arrières de l'hôtel…” nous confie-t-elle, et on veut bien la croire…

 

Sept jours “enfermée” à l’hôtel

Ca y est, la quarantaine de 7 jours commence véritablement. Le “client” s’enferme dans sa chambre. A l’extérieur de chaque chambre sont installées des petites tables afin d’y déposer les repas, dans des matériaux jetables. “Le menu n’est pas varié : une base de riz et dal accompagnés de 2 plats indiens. Dans les hôtels de catégorie supérieure, il est possible de commander à la carte, mais ces repas sont facturés en plus.” raconte l'expatriée.

 

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“7 jours c’est long dans une chambre d'hôtel sans pouvoir en sortir surtout quand il fait beau et soleil dehors. Les journées sont rythmées par l'arrivée des repas. On rêve d’air frais, de promenades et de discussions en terrasse...J’étais seule dans ma chambre, mon mari étant arrivé en Inde quelques jours avant moi. Placé aussi en quarantaine dans le même hôtel, il n’était pas possible de nous voir. Je faisais les 100 pas dans la chambre au moins deux fois par jour, pendant 15 à 20 minutes. J’ai beaucoup écrit, et je lisais.” A part les repas, Eléonore et les autres confinés n’ont bénéficié d’aucun service de ménage ou de pressing ; la chambre avait été pourvue d’un bon stock de papier toilette et produits d’hygiène (mais pas de minibar), renouvelables tout de même à la demande.  

 

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Chambre spacieuse d'Eléonore, avec le stock nécessaire d'hygiène

 

La “libération”

Arrive le 7eme jour, la délivrance tant attendue ! Un employé de la municipalité vient effectuer un prélèvement nasopharyngé pour le test PCR. Les résultats sont généralement obtenus le lendemain et s’ils sont négatifs, le client peut quitter l'hôtel pour s’isoler encore pendant 7 jours chez lui. Avant le départ, un médecin de la municipalité fait signer à la personne une lettre de décharge qui stipule qu’elle s’engage à s'isoler chez elle et lui tamponne la main avec la date de sortie définitive. Le départ se fait de nouveau par les ascenseurs de service. “On quitte l'hôtel avec un plaisir non dissimulé même si on a toujours l’impression d'être un pestiféré marqué à l'encre…” conclue Eléonore. Une expérience unique et intense, surtout lorsque l’on sait que les règles de quarantaine sont différentes selon les Etats de l’Inde. [Dans le Tamil Nadu par exemple, le passager international assymptomatique présentant un test PCR négatif est autorisé à réaliser une quarantaine à domicile de 14 jours]. Nous remercions Eléonore pour son témoignage !  

 

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Date de fin de quarantaine tamponnée sur la main...

 

*le prénom a été changé. 

 

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