L'université Ateneo de Manille a officiellement lancé l’un des plus ambitieux projets artistiques de la capitale philippine : un immense espace moderne dédié à l’art et à la création, « Areté ».
« Areté » est un mot grec signifiant l'excellence guidée par un objectif. Selon le président d'Ateneo, Jett Villarin, cette excellence « peut être réalisée grâce à l'interaction des différentes disciplines et à leur enrichissement constant par la culture et les arts. »
Le nouveau bâtiment a été conçu par WV Coscolluela comme un lointain cousin du musée Guggenheim. Il permettra au public de circuler librement dans deux ailes, reliées par un point : une aile « Art » et une aile « Apprendre l'innovation », « un espace entier dédié à l'innovation », comme l’explique Yael-Buencamino Borromeo, le directeur exécutif d'Areté.
L'aile « Art » a ouvert ses portes le 18 février dernier. Plusieurs galeries portent les noms des philanthropes et des mécènes qui ont permis leur création. Pour marquer cette inauguration qui coïncide avec le mois manillais de la promotion artistique, trois expositions ont été organisées.
Love it... and Leave it !
L’exposition « Love it and Leave it : A Legacy of Gifts to the Atheneo Art Gallery » occupe tout le rez-de-chaussée. On y découvre des œuvres offertes à la galerie de l’université depuis les années 1960 : un parcours riche et divers qui souligne la générosité qui a accompagné, soutenu et dessiné l’identité du musée au fil des ans.
Cet espace rend naturellement un hommage souligné à Fernando Zóbel, artiste qui a provoqué la création du musée en faisant don, il y a plus de 60 ans, de sa collection personnelle à l’université Ateneo.
Cette exposition présente ainsi un panorama subjectif de l'art contemporain philippin, de la modernité de la directe après-guerre à des explorations beaucoup plus récentes, en passant par exemple par le réalisme social des années 1970-80. La scénographie de l’exposition suit d’ailleurs un ordre chronologique, permettant de replacer chaque œuvre dans son contexte de création.
Afin d’honorer tous les donateurs, un roulement des œuvres présentées a été organisé pendant la durée de l’exposition.
Dessiner la ligne...
C’est une rétrospective des œuvres sur papier d'Elmer Borlongan, des années 1970 à nos jours, qui est présentée au deuxième étage : « Elmer Borlongan dessine la ligne ». A travers les différents médiums du crayon, du fusain, de l’encre et de l’aquarelle, l’artiste invite le spectateur au cœur du processus de création. Quelques peintures de sa collection complètent cette exposition.
Voyage dans le temps...
Enfin, l’exposition « Les années 70 : photographies, documents et objets » occupe les espaces qui séparent les galeries Elizabeth Gokongwei, Ambeth R. Ocampo et Alicia P. Lorenzo au troisième étage. Il s’agit là de la première exposition d’une série qui prétend explorer l’art contemporain philippin, décennie par décennie. Chaque année, un commissaire différent devrait ainsi être invité à monter et présenter une exposition explorant et rendant compte d’une décennie de son choix. Ringon Bunoan, artiste visuelle, conservatrice et archiviste, est le commissaire de cette première exposition. Elle a notamment mené de nombreuses recherches sur Roberto Chabet et les artistes avec lesquels il a collaboré entre les années 1960 et 2013.
Un lieu et trois expositions à découvrir sans faute !...