Emmanuel Macron déclarait en décembre 2020 : « C’est dur d’avoir 20 ans en 2020 ». Mais en réalité, que signifie avoir 20 ans aujourd’hui ? Est-ce réellement plus difficile pour les jeunes d’aujourd’hui que pour ceux de 1914, de 1940 ou encore de 1968 ? Faire des comparaisons entre des générations aussi éloignées, par le temps ou bien par les problématiques auxquelles elles sont confrontées, est sûrement très délicat. Lepetitjournal a cherché à comprendre ce qui caractérise, dans les grandes lignes, une génération née au début du XXIème siècle et a demandé à un jeune étudiant français de 20 ans en échange universitaire à Lisbonne d'apporter son témoignage sur ce que signifie avoir 20 ans en 2021 :
"Avoir 20 ans en temps de pandémie mondiale "
Avoir 20 ans en 2021 est nécessairement lié à la pandémie mondiale causée par le Covid19. Depuis deux ans, l’expression de « génération covid » a été fréquemment utilisée. Ce terme a un double sens. D’abord, il permet d’appréhender la situation de la plupart des jeunes, actuellement, qui ont été impactés par les différents confinements, dans leurs études, leurs projets ou bien dans leur vie personnelle. Cette situation est d’autant plus paradoxale que les jeunes semblaient être la génération la moins touchée et concernée par ce virus. C’est pourtant cette même génération qui semble avoir été la plus impactée, au niveau moral. Le sentiment d’être délaissé, abandonné, a longtemps traversé l’esprit d’une génération, à mon avis, profondément marquée par le Covid19 et ses répercussions. Perte de confiance en soi, manque d’interactions sociales, difficulté des cours en distanciel, nombreux ont été les signaux alarmant d’une génération désabusée, souvent cloisonnée dans de petits appartements, loin de la famille. Pour beaucoup d’entre eux, leur appartement a été leur unique lieu de vie pendant des mois. Un appartement dont la chambre est souvent également la cuisine, le bureau, le salon.
Le deuxième sens de l’expression « génération covid » caractérise le futur de cette génération dont les perspectives doivent parfois être revues à la baisse. Un sentiment frustrant de ne pas avoir les mêmes opportunités que d’autres générations. Ne pas avoir eu l’opportunité de se mesurer à un examen majeur pour les bacheliers, ne pas avoir eu l’opportunité de connaître des immersions dans un secteur professionnel pour ceux qui cherchaient un stage et bien sûr ne pas avoir autant de portes de sorties pour les nouveaux diplômés. C’est pourtant cette même génération qui sera sur le « marché de l’emploi » dans les prochaines années. Cette crise sanitaire mais donc multidimensionnelle, apparaît cruciale dans la capacité à envisager un futur.
Avoir 20 ans aujourd'hui c’est se sentir concerné par de nombreuses problématiques
Avoir 20 ans en 2021 c’est être concerné par certaines questions auxquelles les générations antérieures n’étaient pas sensibilisées ou même confrontées. Beaucoup de jeunes se disent sensibles aux problématiques écologiques. Certes, la sensibilité n’est pas le synonyme d’un engagement concret, elle est toutefois le signe d’une prise de conscience. On sent, et on espère, que l’on assiste à une sorte de tournant, dans lequel la conscientisation de cette génération et des prochaines permettra de transformer les idées en actions, de lier le fond et la forme. Depuis une vingtaine d’années, les effets directs de notre mode de vie se font ressentir à travers des catastrophes naturelles à répétition. Cet été encore, l’histoire se répète, des inondations meurtrières, des canicules record ou encore des incendies gigantesques ont une nouvelle fois alarmés les plus jeunes, notamment. En France, depuis presque deux ans, des milliers d’étudiants se réunissent chaque vendredi pour revendiquer leurs droits. Le droit de mener une vie descente et de pouvoir prétendre à un environnement viable, pour eux et les générations futures.
Un symbole : Greta Thunberg
Cette mobilisation des plus jeunes est notamment symbolisée en la personne de Greta Thunberg, tout juste 18 ans, qui ne craint pas de déplorer publiquement le manque d’agissement des gouvernements. Au-delà des préoccupations sur l’environnement et le climat, avoir 20 ans en 2021 c’est avoir une certaine ouverture d’esprit, c’est accepter des différences et l’affirmation des minorités. Des minorités de genre, de sexe, de religions, d’orientations sexuelles, raciales, ethniques et beaucoup d’autres encore. Ces préoccupations se traduisent souvent par des mouvements de revendication en vue de s’affirmer, de s’émanciper.
Avoir 20 ans en 2021 c’est également vivre dans un monde où le champ des possibles est presque infini. La possibilité pour ceux qui le souhaitent, d’étudier à l’étranger, d’effectuer de nombreux échanges ou encore de voyager partout dans le monde. La mondialisation, au-delà de ses effets pervers sur l’environnement, a permis, que ce soit à travers internet, les transports ou le développement de la technologie, d’envisager des futurs bien différents que ceux envisageables deux générations auparavant.
Les réseaux sociaux, bien que souvent dénoncés comme étant des outils nocifs, pour les plus jeunes notamment, ont également des vertus intéressantes. S’ils sont utilisés à bon escient, ces réseaux peuvent s’avérer profitables dans la communication, la sensibilisation sur certains sujets, l’information ou encore pour la création de projets. Avoir 20 ans c’est donc avoir la possibilité d’utiliser tous ces outils pour se créer des opportunités, pour créer de nouvelles perspectives. La façon dont ces réseaux peuvent être utilisés et la capacité de discernement, à prendre du recul, est déterminante dans le rapport entre ces dernières et leurs utilisateurs. Au-delà de ces réseaux, l’évolution de la technologie a permis de créer de nouveaux domaines d’études, de recherches, elle a permis de créer de nouvelles ambitions à travers des projets de start-up innovantes par exemple.
Le futur de cette génération apparaît donc comme un immense défi. Avoir 20 ans en 2021 c’est être conscient de faire partie de ceux qui peuvent subir tous les dérèglements annoncés, climatiques surtout, ou bien de ceux qui peuvent changer la donne, qui peuvent agir. "