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Aéroport El Prat : un carrefour européen aux ambitions mondiales

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Creative Commons https://www.flickr.com/photos/iberialineasaereas/5656746635
Écrit par Alexandra Pichard
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 17 mai 2018

L’Aéroport de Barcelone – El Prat connaît depuis quelques années une ascension fulgurante. Il constitue déjà le second plus important aéroport d’Espagne et le septième européen, juste après Madrid dans les deux cas.

 

En 2017, ni l’incertitude politique, ni les travaux sur la piste principale, ni le chaos estival à cause de la grève des employés de sécurité n’ont limité sa croissance. Cette année, avec plus de destinations et plus de sièges proposés, la progression de l’aéroport va continuer, avec pour objectif la barrière des 50 millions de passagers. 

 

Le Comité de Développement des Routes Aériennes (CDRA) a en effet élaboré le nouveau Plan Stratégique de l’aéroport pour la période 2018-2019. Son principal objectif : arriver toujours plus loin et sans escale. Mais si le plan projette d’ouvrir de nouvelles routes, il prévoit aussi d’améliorer les routes déjà existantes. Consolider les liens avec l’Europe, tout en développant des vols directs vers les autres continents, surtout l’Amérique et l’Asie, voici le double défi qui s’annonce alors pour El Prat. 

 

En effet, le carrefour européen souhaite clairement devenir un centre international de grande ampleur. En 2017, l’aéroport signe un nouveau record de destinations avec 45 villes desservies au total, un chiffre qui a triplé en 12 ans. Et même si le trafic intercontinental représente seulement 15% du trafic total, soit plus de 7 millions de passagers, il est amené à se développer pour faire d'El Prat un aéroport international et pas seulement national et européen. Mais le CDRA maintient le cap sur son objectif d’augmenter sans cesse les vols intercontinentaux de la capitale catalane, grâce à une hausse du nombre de routes et de fréquence des liaisons. Seulement 1% des villes dans le monde, dont Barcelone fait partie, concentrent 40% du transit international, d’où l’importance de d’augmenter et d’entretenir les échanges avec ces villes globales pour que Barcelone conserve son dynamisme économique, social et culturel. 

 

L’année 2018 marque donc l’ouverture de nouvelles routes vers les villes importantes qui n’ont pas encore de connexion directe avec Barcelone. Parmi elles, la liaison avec Boston de la compagnie Level, qui fonctionne déjà ou celle avec Séoul de la compagnie Asiana, qui fonctionnera à partir d’août. Santiago du Chili, Tokyo, Mexico, Bangkok, Dehli, Toronto et Montréal sont les autres destinations prioritaires car elles constituent des marchés et des destinations stratégiques. De fait, ce développement consiste à faire de la ville catalane un marché attractif pour les entreprises et un moteur économique. Pour cela, le CDRA projette d’augmenter la fréquence des vols et des sièges proposés vers les destinations intercontinentales déjà desservies, pour la plupart des grands centres économiques et d’influence, comme Shanghai, Washington, San Francisco, Chicago, Los Angeles, Miami, Lima, etc. Avec une augmentation de 29% du trafic intercontinental ces deux dernières années, Barcelone est en passe de devenir un grand centre européen du transport aérien mondial. 

 


En 2017, Barcelone a été le deuxième aéroport européen qui s’est le plus développé

 

Sans compter que l’internationalisation d'El Prat ne pénalise pas le trafic domestique et continental. En effet, les connexions internes continuent de croître tant en nombre de passagers qu’en fréquence des vols. Par exemple, la liaison avec La Corogne a augmenté de 22%, celles avec Grenade et Malaga de 13% et 16% respectivement. En 2017, Barcelone a été le deuxième aéroport européen qui s’est le plus développé, après Amsterdam, avec 7,1% de croissance, et Madrid le quatrième. En Europe, El Prat représente un carrefour important de par sa situation proche de la Méditerranée et du Maghreb, mais aussi sa facilité d’accès depuis la ville, qui fait concurrence à de nombreux aéroports européens, notamment aux deux aéroports parisiens. Les cinq aéroports qui comptent le plus de passagers, depuis ou vers Barcelone sont d’ailleurs espagnols et européens : Madrid, Palma, Londres-Gatwick et Paris-Charles de Gaulle.  

 


Implantation et développement des compagnies "low-cost"

 

Plusieurs facteurs expliquent ce développement fulgurant. Tout d’abord, en 2005, un pacte entre les institutions, les compagnies aériennes et les investisseurs marque le point d’inflexion, en développant une stratégie pour améliorer l’offre de l’infrastructure et l’utiliser pour faire de Barcelone une ville globale. Mais si le trafic passager a bondi de 60% entre 2009 et 2016, c’est surtout grâce à l’implantation et au développement des compagnies "low-cost". En effet, El Prat est un des plus gros aéroports pour les vols à bas prix, avec les compagnies Ryanair ou Vueling par exemple. La deuxième a même son siège principal dans l’aéroport, où elle est la compagnie leader. Mais Barcelone accueille aussi deux compagnies low-cost intercontinentales : Norwegian et Level, qui assurent beaucoup de liaisons vers l’international. Enfin, l’attractivité de la côte catalane, la "Costa Brava", la plus visitée d’Espagne et le boom de Barcelone comme destination touristique expliquent l’importance croissante de l’aéroport. Par exemple, l’augmentation fulgurante des visiteurs coréens s’est traduite par un vol direct vers Séoul. Mais Barcelone s’impose aussi comme destination de congrès de premier ordre. En effet, l’organisation du Congrès World Routes en 2017 notamment, lui a permis d’obtenir plusieurs liaisons à l’international. 

 


Les parcelles voisines à l’aéroport de Barcelone représentent un terrain optimal pour le développement industriel, commercial et technologique, notamment dans le domaine des nouvelles technologies et de la téléphonie.

 

La croissance de l’aéroport ne va pas sans des projets de développement des alentours de l’aéroport. Un plan présenté en mars par le ministre de l'Equipement prévoit la construction d’un parc urbain dans la zone qui entoure l’aéroport, avec des bureaux, des hôtels, des restaurants, pour développer l’activité entrepreneuriale et les services qui l’accompagnent. En effet, selon la Generalitat, les parcelles voisines à l’aéroport de Barcelone représentent un terrain optimal pour le développement industriel, commercial et technologique, notamment dans le domaine des nouvelles technologies et de la téléphonie. Parallèlement, naît le projet d’une véritable ville aéroportuaire de 49 hectares, baptisée Air City, avec des hôtels et des restaurants. Mais pour devenir un aéroport international de grande importance, il faut surtout qu'El Prat devienne une plateforme intermodale, grâce à une connexion directe avec le train, l’AVE et le port de Barcelone.

 

Cependant, il y a aussi des limites à ce développement très rapide. En effet, l’été dernier, des perturbations ont agité l’aéroport : Vueling a annulé des dizaines de vols en juillet à cause d’une mauvaise planification des vols, trop ambitieuse par rapport aux capacités de la compagne ; puis en août, les agents de sécurité se sont mis en grève pour dénoncer le sous-effectif et les problèmes de saturation. En effet, les files d’attente peuvent aller jusqu’à trois heures en raison du manque de policiers pour effectuer les contrôles. Cela a été corrigé par le renfort du personnel et l’installation de scanners des passeports. Mais une grève des pilotes Vueling début mai et une menace de grève des employés du Centre de Contrôle de l’aéroport en juin confirment les craintes d’effondrement d’El Prat cet été, alors que la saison touristique vient à peine de commencer. 
 

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