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Varsovie, 60 ans du traité de l’Élysée : entre accords et désaccords franco-allemands

Couverture Couple fraco allemand 60 anss Traité de l'ElyséeCouverture Couple fraco allemand 60 anss Traité de l'Elysée
Messieurs Frédéric Billet, ambassadeur de France en Pologne et Thomas Bagger, ambassadeur d’Allemagne en Pologne rappellent le rôle moteur de l’amitié franco-allemande dans l’Union européenne
Écrit par Maxime Billotte
Publié le 13 février 2023, mis à jour le 13 février 2023

Le 24 janvier 2023 dernier se tenaient à l’Ambassade de France en Pologne une cérémonie dans le cadre du 60ème anniversaire du Traité de l’Élysée. Cette célébration était l'occasion pour Thomas Bagger, ambassadeur d’Allemagne en Pologne et Frédéric Billet, ambassadeur de France en Pologne de rappeler le rôle moteur de l’amitié franco-allemande dans l’Union européenne, alors que la guerre en Ukraine agite l’actualité diplomatique. Lepetitjournal.com revient également sur les divergences franco-allemandes quant à l’envoi de chars de combat en Ukraine.

 

Le traité de l’Élysée, symbole du rapprochement du couple franco-allemand

Le traité d'amitié franco-allemand, dit traité de l'Élysée, est un traité bilatéral entre l’Allemagne et la France, signé par le chancelier allemand Konrad Adenauer et le président français Charles de Gaulle au palais de l'Élysée, le 22 janvier 1963. Il définit le cadre de la coopération entre l'Allemagne et la France et les objectifs d’approfondissement de cette coopération dans des domaines des relations internationales, de la défense ou de l'éducation.  

 

Dans un contexte de guerre froide, Charles de Gaulle souhaitait, grâce à ce traité, construire un bloc, indépendant à la fois des États-Unis et de l'Union soviétique. Il s’agissait ainsi d’éloigner la RFA et plus largement l’Europe des Six et ses alliés du protectorat américain afin de les rapprocher d’un protectorat naissant français, tout juste en possession de sa propre force de dissuasion nucléaire.
 

60 ans plus tard, le couple franco-allemand mis à l'épreuve par la guerre en Ukraine

60 ans plus tard, le 22 janvier 2023, Olaf Scholz et Emmanuel Macron se sont attachés à réaffirmer l’unité du couple franco-allemand, alors que la fin de l’année 2022 avaient été marquée par de vifs désaccords à propos des politiques de défense et de sécurité énergétique. Alors que les ambassadeurs français et allemand en Pologne ont quant eux tenu à mettre en avant l’importance de la méthode franco-allemande y compris hors des frontières, l’unité affichée par les différentes strates diplomatiques ne doit pas non plus masquer les récents balbutiements s’agissant du soutien militaire proposé à l’Ukraine.



La « locomotive » franco-allemande ralentie par les divergences au sujet de l’envoi de chars de combat 

La France et l’Allemagne ont bel et bien assuré qu’elles soutiendront l’Ukraine et ce « autant qu’il le faudra ». Mais lors de leur conférence de presse à l'Élysée, les deux chefs d’États n’ont pas su se montrer clairs à propos de la question des chars. Tandis que le traité de l’Élysée devait lors de sa signature permettre à l’Europe de s’émanciper des États-Unis et de leur influence au sein de l’Organisation du Traité Atlantique Nord (OTAN), les désaccords sur la livraison de ces véhicules prouvent que l’Europe n’est pas encore souveraine en matière de défense.
 

Le 25 janvier a finalement marqué un tournant dans l’implication des alliés au sein du conflit russo-ukrainien. Les États-Unis ont annoncé la livraison d’une trentaine de leurs chars Abrams, qui devraient arriver en Ukraine dans moins de six mois grâce à un programme spécifique d’assistance. Quelques heures avant l’annonce des États-Unis, c’est l’Allemagne qui s’est dit prête à envoyer quatorze chars Leopard 2 pris directement des stocks de l’armée allemande. Surtout, Olaf Scholz a autorisé les autres pays possédant des chars Léopard à faire de même. À ce moment, la Pologne était le premier pays à avoir formulé une demande officielle à l’Allemagne. En outre, Varsovie avait annoncé plusieurs semaines auparavant sa volonté d’aider l’Ukraine en lui fournissant des chars allemands, mais elle restait suspendue à la décision du fabricant qui par contrat avec l’armée allemande a un droit de regard sur la réexportation de son matériel. Malgré le transfert de véhicules de combat légers, la France se montre toujours réticente à envoyer des chars de combat, bien qu’ Emmanuel Macron ne ferme pas la porte.
 

 

Plusieurs constats peuvent être tirés de ces tensions diplomatiques. D’une part, l’Union européenne n’est toujours pas en mesure de se soustraire à l’OTAN en matière de défense alors même que la guerre est à sa porte. C’est bien dans la cadre de l’OTAN et « afin d’éviter une escalade entre cette dernière et la Russie » qu’Olaf Scholz a donné une décision finale. D’autre part, il semble délicat dans cette situation de parler d’une méthode commune entre la France et l’Allemagne, tant les deux « amis » ne font pas les mêmes choix. Finalement, d’autres pays se montrent ambitieux en matière de diplomatie militaire, particulièrement la Finlande ou la Pologne. Le budget polonais pour la défense nationale atteindra  4% du PIB pour l’année 2023, contre 2,4% en 2022. 

 

A l'occasion du 60ème anniversaire du Traité de l’Élysée, les ambassadeurs d'Allemagne et de France en Pologne et les représentants des deux ambassades évoquent ce que veut dire pour eux l'amitié franco-allemande :