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Léo Villaume à la recherche de son histoire polonaise et d'Edouard Sobczak

Léo Villaume, cofondateur à Nancy d’une école de langue, dont les bureaux sont à quelques pas de la Place Stanislas, fameux roi de Pologne du XVIIIe siècle, a contacté la rédaction, étant à la recherche de membres de sa famille de l’autre côté de l’Oder. Ce jeu de piste illustre bien les difficultés à recoller les pièces des destins polonais malmenés par l’Histoire… Nous avons décidé de l’aider à démêler le fil des énigmes que lui ont laissées ses ancêtres, dont le mystérieux Edward Sobczak.

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Écrit par Bénédicte Mezeix
Publié le 10 septembre 2023, mis à jour le 21 septembre 2023

 

Lepetitjournal.com : Léo, vous avez contacté lepetitjournal.com Varsovie pour une demande un peu particulière : vous êtes à la recherche de membres de votre famille en Pologne et votre « point de départ » est un parent qui vous a profondément marqué : Edouard Sobczak. Racontez-nous comment cette enquête a débuté ?

 

Tout a commencé il y a bien longtemps à vrai dire. On a toujours beaucoup parlé de nos origines à la maison, essayer de refaire un peu le fil des événements avec les choses que nous savions de tel ou tel personne. Les arbres généalogiques sont toujours choses complexes.

Ma fille est l’aboutissement du mélange des peuples et populations par exemple : Brésilienne par sa mère, l’arbre remonte au Portugal et en Espagne du côté de son grand-père maternel, indigène et noir sud-américain du côté de sa grand-mère maternelle, française et en plus polonaise de mon côté. C’est donc en s’intéressant à notre histoire familiale polonaise que beaucoup d’énigmes ont surgi et peu de réponses ont été apportées. 

Ma mère nous raconte régulièrement les histoires de son enfance où son grand-père la faisait danser des danses traditionnelles polonaises sur la table de la cuisine. Ma grand-mère se souvenait aussi de sa propre grand-mère qui avait immigré en France au début des années 20 et qui lui parlait exclusivement en polonais. 

Toute la famille polonaise établie en France est originaire de Varangéville, en Lorraine à quelques kilomètres de Nancy. Cette ville a une importante mine de sel où tous les hommes de la famille Zebrowski (famille de ma grand-mère) ont travaillé. Tous les ans à la période de Noël ma grand-mère recevait une carte de vœux tout droit de Varsovie de la part de son cousin lui aussi né à Varangéville, Edouard Sobczak. 

 

C’est ainsi que vous avez entendu parler pour la première fois de ce fameux Edouard Sobczak ?

Oui, de ces cartes est née la curiosité d’un ado ! En commençant à questionner un peu ma grand-mère, je me suis vite rendu compte qu’elle non plus ne savait pas vraiment tout de l’histoire familiale. Tous mentionnaient cette grand-mère polonaise mais jamais d’hommes autour. Il y avait également le fait que tous les arrière-grands-parents vivaient et ont grandi ensemble entre 1925 et 1950 mais avec des noms de famille différents, Zebrowski, Pikarska et Sobczak. Sur les actes de décés que j’ai pu récupéré, les noms ne sont pas non plus ortographiés de la même façon (Antonia Pickarska pour le nom de mon arrière-arrière grand mère sur l’acte de décès de mon arriere-grande-tante et Antonina Pikarska pour cette même personne mais sur l’acte de décès de mon arrière-grand père qui lui-même n’a pas le même nom de famille que sa soeur, Zebrowski vs Pickarska). Edouard Sobczak avait été témoin au mariage du frère de ma grand-mère et il était arrivé dans une voiture noire, avait assisté à la cérémonie et était remonté dans cette même voiture direction la Pologne à la fin de celle-ci.

Cela a toujours été la "légende du mystérieux Edouard". On ne connaît au final que très peu de choses de l’arrivée de la famille en France, du départ de celle-ci vers la Pologne après-guerre. Les contextes politiques et l’histoire au-dessus de notre propre histoire ne facilitent pas non plus les choses.

 

Vous avez finalement eu la chance de rencontrer Edouard. Dans quelles circonstances ? Que savez-vous de lui, c’était un personnage important de la francophonie en Pologne ? Quels souvenirs avez-vous de lui ?


J’avais pris contact avec Edouard car j’avais eu envie de renouer avec nos origines polonaises. J’avais commencé à apprendre le polonais avec lui avec le livre Dzien Dobry et je faisais les exercices que je lui envoyais par email, lui les corrigeait et me renvoyer un retour. Pendant mes études, nous devions monter un projet tutoré et il ne m’a pas fallu longtemps pour convaincre mes amis de me suivre sur un projet Varsovie. Grâce à Édouard nous avons pu découvrir la ville, rendre visite à des étudiants en français de l’université, découvrir l’amitié franco-polonaise de Varsovie. 

Sandra Skibniewski qui travaillait avec Edouard nous avait guidés jour et nuit dans la ville. Pour tous, ça a été une expérience extraordinaire. D’un côté plus personnel j’ai pu déjeuner, dîner avec Edouard.

 

Leo Villaume Edouard Sobczac
Léo Villaume et Edouard Sobczac à Varsovie en mars 2012 

 

Il m’avait amené dans un restaurant de cuisine polonaise où il m’avait expliqué un peu son parcours à son retour en Pologne après la seconde guerre mondiale. Nous étions ensuite allés chez lui et là j’y avais rencontré Nina, sa femme.

Je me rappelle de la tendresse qu’il y avait entre ces deux personnes, à ne jamais prononcer le nom d’Edouard mais toujours Edek. J’étais reparti de chez eux avec des montagnes de chocolat et bien sûr une bouteille de Zlota Gorzka. 

 

Chaque histoire polonaise est un puzzle plein de pièces manquantes, à cause de la destruction des registres au fil des drames de l’Histoire… Pourquoi est-ce si important pour vous de démêler cet écheveau familial ? 

 

Je pense que comme pour un grand nombre de familles, on aime bien savoir. Savoir d’où on vient, connaître mieux son histoire, renouer avec son passé.

Ça fait également partie d’un processus de mémoire, de continuer à faire vivre cette histoire avec un petit “h” mais qui est si importante au final.

La possibilité de pouvoir expliquer ensuite aussi à nos proches et aux plus petits qui étaient tous ces gens qui ne sont plus que des noms où des bribes de souvenirs dans la majorité des cas.

 

Vous vivez à Nancy, vos bureaux sont tout près de la Place Stanislas, comment définiriez-vous votre lien à la Pologne ?

Eh bien je salue notre bon Stan tous les matins d’un Dzien Dobry distingué en traversant la place pour aller dans notre école de langues. Nancy a une histoire liée à la Pologne indéniablement avec le roi Stanislas Leszczinski que nous avons eu comme dernier duc de Lorraine mais aussi dans un rayon plus large de 35 km, le père de Frédéric Chopin est également originaire d’un petit village lorrain. Il y a un département de polonais à l’université de Nancy et certaines MJC donnent également des cours de polonais dans la ville. Il y a aussi une association Nancy France - Pologne qui est dynamique. Dans le bassin de Pont-à-Mousson il y a eu très récemment des célébrations pour le centenaire de l’immigration polonaise.

D’un point de vue plus personnel, j’ai toujours eu une affection pour ce pays que je connais mal mais auquel je me sens tout de même lié. À chaque tournoi de foot-loisir d’été, on choisit de représenter la Pologne, c’est toujours un plaisir d’entendre quelqu’un parler polonais et d’essayer de baragouiner les quelques trucs dont je me souviens… 

 

Comment peut-on vous aider ?

 Eh bien, s’il y a des personnes de la famille d’Edouard / Edward qui souhaitent entrer en contact avec moi, ça sera un plaisir d’échanger et de refaire un bout du puzzle ensemble. 

Et si d’autres savent m’orienter dans mes recherches de recomposition des arbres des familles Zebrowski / Sobczak et Pisarska ayant immigré dans les communes de Buissoncourt et Varangéville dans les années 20, ça sera avec grand plaisir que je recevrai leurs messages.

 

Pour contacter Léo Villaume, rendez-vous sur la fiche de son école dont toutes les coordonnées sont ici

INTERNATIONAL HOUSE NANCY, une expérience linguistique dans un cadre historique (lepetitjournal.com)

 

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