Jeux Olympiques de Moscou, 30 juillet 1980, le Polonais Wladislaw Kozakiewicz remporte le concours de saut à la perche et célèbre instantanément sa victoire par un bras d'honneur... Retour sur un moment d'audace et de gloire qui bouleversa la carrière du sportif.


Władysław Kozakiewicz, quand le sport provoque la politique
En 1980, le perchiste polonais, Władysław Kozakiewiczest au sommet de sa carrière et arrive au Jeux Olympiques en tant que favori. Mais à Moscou, la piste lui est particulièrement hostile. Dans cette finale du concours de saut à la perche, l'ultime face à face oppose le Polonais au Russe Kostantin Volkov, l'enfant du pays porté par le peuple soviétique.
L'enceinte du stade Loujniki est en ébullition, l'athlète polonais est hué à chacun de ses sauts. Seul contre tous dans cette ambiance électrique, le sauteur de 26 ans réalise l'incroyable et remporte cette finale contre le protégé russe. Dans la foulée, il ira même inscrire une nouvelle marque au record du monde, alors détenu par le Français Houvion, avec un saut à 5,78 m. En se relevant du tapis, fier de sa victoire, Władysław Kozakiewicz fait un bras d'honneur au public soviétique. Le sauteur avoua par la suite que le geste était adressé en particulier au régime communiste de Moscou.
La grande URSS est humiliée, chez elle. Ce jour-là, l'image fait le tour du monde, hormis au sein de l'Union Soviétique et des pays du Bloc de l'Est, et suscite notamment la contestation de l'ambassadeur d'URSS en Pologne qui demande au Comité international olympique de retirer la médaille d'or de Kozakiewicz pour « insulte au peuple soviétique ». Le gouvernement polonais affirme, quant à lui, que le geste de l'athlète n'était que la conséquence d'un spasme musculaire. Kozakiewicz n'est finalement pas sanctionné. Il est élu sportif polonais de l'année 1980.
Cet événement s'inscrivit dans la mouvance des événements qui marquèrent le début des signes de protestation anti-communistes. En revanche pour Kozakiewicz, ce geste signa la fin de sa liberté. Traqué et harcelé pendant des années par les autorités politiques soviétiques, le Polonais n'eut d'autre choix que de s'exiler. En 1984, il passa le rideau de fer et obtint la nationalité allemande avec laquelle il remporta par la suite 3 titres de champion d'Allemagne.
« Victime » de sa célébrité, il ne put revenir en Pologne qu'une dizaine d'années après son exil. Plus de 30 ans après, on parle encore de ce célèbre « geste de Kozakiewicz » désormais inscrit dans l'histoire du pays. L'auteur lui, avoue « ne l'avoir jamais regretté ».
Antoine Roux (www.lepetitjournal.com/varsovie)
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