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« Parfois j’en ai marre. Parfois j’ai peur. Mais je l’aime. » Episode 4

Alcoolisme Pologne homme seul bière alcoolAlcoolisme Pologne homme seul bière alcool
Écrit par Katarzyna Pietraszek
Publié le 31 janvier 2022, mis à jour le 31 janvier 2022

Avez-vous déjà laissé trainer vos oreilles dans les lieux publics ? Vous serez surpris par la diversité des sujets, tous plus intéressants les uns que les autres - de l'influence de la météo sur les gens aux scandales politiques. Retirez simplement vos écouteurs ! 

Bienvenue dans notre série "Les oreilles qui trainent", épisode 4. Cette semaine, nous vous parlons d'alcoolisme et des victimes collatérales de cette addiction, au détour d'une conversation saisie dans une petite épicerie. La scène se déroule à Gdansk, mais la douleur des conjoints de personnes alcoolodépendantes n'a que faire des limites géographiques...

Pendant plusieurs semaines, dans le cadre d’un cours d’écritures journalistiques, les étudiants de Master 2 en Philologie Romane, de l'Université de Gdansk, ont écouté les conversations d’inconnus afin de prendre le pouls de la Pologne. "Les oreilles qui trainent", c'est le résultat de ces enquêtes, comme autant de tranches de vie. 

 

 

Ceux qui n’ont jamais eu affaire à une personne alcoolique ne comprendront pas…

 

Les données de l'Office Central des Statistiques (GUS) montrent qu'actuellement un Polonais adulte boit 9,8 litres d'alcool par an. C’est suffisant pour placer la Pologne en 10e position en termes de consommation d'alcool au sein de l’Union Européenne. Plus de 2,5 millions de Polonais sont touchés par l'abus d'alcool. 3 à 4 millions de personnes vivent dans des familles ayant des problèmes de boisson, dont 1,5 à 2 millions d'enfants. En outre, 7.00000 à 9.00000 habitants de notre pays sont dépendants à l'alcool - démontrent les statistiques absolues et cruelles. 

 

…Y en a-t-il parmi nous ?

 

19h20, la nuit tombe. A l’intérieur d’une petite épicerie qui se trouve dans le coin du centre de Gdansk, deux dames dont l’une est la propriétaire, discutent fort. Toutes les deux sont entre deux âges. L’une cherche une bouteille d’huile d’olive… « Elle est où ? » Sur des étagères, se trouvent des bouteilles différentes… « Mais non, c’est pas celle-là, qu’il faut… » En pleine recherche, on apprend, sans le vouloir une histoire pénible, mais au combien banale.

 « C’est la troisième fois cette semaine qu’il rentre totalement saoul à la maison. Parfois j’en ai marre. Parfois j’ai peur. Mais je l’aime, se plaint la propriétaire du magasin.

  • Pourquoi alors tu ne le quittes pas ? Il est dangereux. Il te fait souffrir. T’as perdu la tête ? Il finira par te blesser un jour ou l’autre ! Laisse-moi t’aider !  lance impatiemment l’autre femme.
  • C’est mon mari, je ne peux pas le laisser dans la misère. Je ne sais pas quoi faire, ni comment. Je voudrais l’aider. C’est irrationnel, mais je l’aime… répond perplexe, l’épouse. »

Une situation très difficile sans doute. Mais que faire ?

 

 

Trouver de l’aide, c’est facile à dire plus difficile à faire

D’après les données de la "Ligne bleue", (Niebieska linia) la ligne téléphonique nationale polonaise pour les victimes de violence, la violence dans les familles, avec des problèmes liés à l'alcool, touche environ 60% des appelants, bien que l'ampleur réelle du phénomène paraisse beaucoup plus importante.

En ce qui concerne les femmes, selon un rapport préparé par l'Institut de Psychologie de la Santé et de la Sécurité (CIOP), 80 % des épouses d'alcooliques interrogées ont subi divers types de violence de la part de leur mari. En outre, pas moins de 70 % des femmes ont subi de violence verbale.

En Pologne, il existe des centaines de centres de conseil et d'établissements privés, comme le Centre des Droits de la Femme (Centrum Praw Kobiet), qui visent à combattre toutes les formes de violence et de discrimination à l'égard des femmes dans leur vie privée, publique et professionnelle.

 

Toutefois, les femmes peuvent compter sur l'aide de l'État. Celui-ci finance le Centre National de Lutte Contre les Dépendances subordonné au ministre de la santé et dont la tâche principale est la prévention et la résolution des problèmes d'alcool à plusieurs niveaux. Il faut juste être courageux et se laisser aider.

 

"Je suis venu te dire que je m’en vais"… chantait Serge Gainsbourg. Peut-être ces paroles présentent-elles la meilleure solution.


"Les oreilles qui trainent", un projet dirigé par Bénédicte Mezeix