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Face aux menaces de Trump, Paris, Berlin et Varsovie plaident pour une Europe unie

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Écrit par AFP
Publié le 12 février 2024, mis à jour le 14 février 2024

"Plan" pour la lutte contre la désinformation russe, soutien réitéré à l'Ukraine mais surtout union face aux menaces proférées par Donald Trump : les ministres des Affaires étrangères français, allemande et polonais ont présenté un visage uni lundi près de Paris.

"Nous ne nous laisserons pas nous diviser", a affirmé le chef de la diplomatie polonaise Radoslaw Sikorski, invité, comme homologue allemande Annalena Baerbock par le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, à une réunion en format "Weimar" au château de La Celle-Saint-Cloud.

Dans cette résidence historique de banlieue parisienne, propriété du ministère des Affaires étrangères qui accueillit autrefois la reine Elisabeth II et la "First Lady" Jacqueline Kennedy, une tirade de l'ex-président américain, qui souhaite faire son retour à la Maison Blanche, résonnait dans toutes les têtes.

Dimanche, lors d'un meeting de campagne, Donald Trump avait ainsi semé le trouble en menaçant de ne plus garantir la protection des pays de l'Otan face à la Russie si ceux-ci ne payaient pas leur part, affirmant même qu'il "encouragerait" Moscou à s'en prendre à eux.

Des propos qualifiés d'"irresponsables" par le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, en visite à Chypre. "Toute relativisation de la garantie d'assistance de l'Otan" est "dangereuse" et "ne sert que les intérêts de la Russie", a estimé le chancelier allemand Olaf Scholz lors d'une conférence de presse à Berlin.

Lundi, France, Allemagne et Pologne, trois pays au poids considérable tant sur le plan géographique - ils représentent à la fois l'Europe de l'Ouest, centrale et de l'Est - que sur le plan démographique avec quelque 200 millions d'habitants, soit près de la moitié de la population de l'UE, ont donc affiché leur union.

"L'alliance atlantique n'est pas un contrat avec une entreprise de sécurité", a souligné M. Sikorski. Quand après le 11 septembre 2001, "la Pologne a envoyé une brigade armée pendant dix ans en Afghanistan, on n'a pas envoyé la facture à Washington", a-t-il poursuivi, préférant se souvenir du président Trump qui "avait envoyé des missiles Javelin à l'Ukraine" avant l'invasion russe de février 2022.

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Le ministre français des Affaires étrangère a, lui, plaidé pour une "deuxième assurance vie" européenne, "pas en substitution, pas contre l'Otan mais en addition" de cette organisation.

"Tous les quatre ans (soit au rythme des scrutins présidentiels américains, NDLR), l'Europe ne peut pas se payer le luxe de réfléchir à sa propre sécurité et d'être dépendant d'une élection extérieure", a-t-il argumenté.

- 'Sens de l'histoire' -

"C'est le sens de l'histoire", a affirmé M. Séjourné, ajoutant qu'il fallait se préparer à la possibilité que le républicain Donald Trump fasse son retour à la Maison Blanche.

Son homologue allemande Annalena Baerbock a, elle, insisté sur le "besoin d'une union européenne de la sécurité et de la défense", tout en réitérant l'importance de défendre l'Ukraine.

"Les milliards que nous investissons en Ukraine, ce sont des milliards que nous investissons dans notre propre sécurité", a-t-elle affirmé.

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Allemagne, France et Pologne ont un poids militaire très important au sein de l'UE --plus d'un quart des dépenses dans ce secteur-- et disposent également d'une large représentativité politique.

Avant cette rencontre, le président Emmanuel Macron avait reçu le Premier ministre polonais Donald Tusk à l'Elysée, scellant ainsi les retrouvailles entre Paris et Varsovie après des années diplomatiquement tendues sous le précédent gouvernement nationaliste du PiS. M. Tusk s'est ensuite rendu à Berlin.

Les ministres des Affaires étrangères ont également dévoilé une nouvelle coopération contre les opérations étrangères de désinformation, venant notamment de Russie, alors que la France a annoncé lundi avoir mis au jour un réseau "structuré et coordonné de propagande russe" ciblant des pays européens et les Etats-Unis.

Au moins 193 sites internet constituent ce réseau, selon un rapport de Viginum, l'organisme français de lutte contre les ingérences numériques étrangères. Ils "ne produisent aucun contenu original mais relaient massivement" un discours prorusse, expliquent les auteurs.

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"Les réseaux, la désinformation, les sites falsifiés sont une attaque contre notre démocratie européenne", a observé Mme Baerbock, qui a appelé à "développer un plan pour gérer la désinformation".

Paris, Berlin et Varsovie estiment que la coopération renforcée dans le cadre du triangle de Weimar est un moyen de consolider la position de l'Europe sur la scène internationale et de répondre plus efficacement aux défis communs.

La question du Proche-Orient et de la guerre à Gaza a également été abordée. "Si Israël commence une offensive à Rafah, ça sera une catastrophe humanitaire annoncée", a averti Annalena Baerbock.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a répété lundi sa détermination à poursuivre "la pression militaire jusqu'à la victoire complète" sur le Hamas, dont Rafah est le "dernier bastion", pour libérer "tous nos otages". D'après l'ONU, 1,4 million de Gazaouis sont amassés à Rafah.

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