Vous les connaissez sans doute. Ils font partie des muralistes les plus talentueux et les plus en vue à Valence. Basés dans le quartier du Carmen, David de Limón, La Nena Wapa Wapa et Disneylexya forment un collectif incontournable de l’art urbain valencien. Deux d’entre eux se présentent au projet "Illustrer le Grand Paris" dans le cadre de l’appel à candidature international pour la réalisation de fresques pérennes sur les quais de 32 gares du Grand Paris.
Un appel à candidature pour illustrer les territoires du Grand Paris
Un appel à candidature international a été lancé pour la réalisation de fresques pérennes sur les quais de 32 gares du Grand Paris Express. L’ouverture de ces gares est prévue entre 2024 et 2026.
Un artiste par gare se verra attribuer la réalisation d’illustrations faisant écho au territoire desservi. Ce projet est conçu pour enrichir la signalétique des gares, imaginée par le designer Ruedi Baur avec des mobiliers pensés par Patrick Jouin.
L’appel à candidature, dont la date butoir était le 24 septembre, aboutira à la sélection de 32 lauréats. Ces derniers devront illustrer une surface totale d’environ 50m2 par gare à travers plusieurs supports implantés le long des quais et intégrés aux mobiliers.
La Nena Wapa Wapa
À Valence, on ne présente plus la Nena Wapa Wapa (Raquel Ruiz de son vrai nom). Ses peintures murales, réalisées au pochoir et à la bombe, sont omniprésentes dans la ville. On peut d’ailleurs admirer ses oeuvres dans des musées tels que le MUVIM, le CCCC et L’Etno.
Pour elle, le projet du Grand Paris représente "une opportunité pour travailler à partir d’une grande fresque numérique." La Nena Wapa Wapa aimerait illustrer la gare d’Orsay - Gif : "Je souhaiterais travailler autour de la figure de Juliette Adam, écrivaine et féministe qui a vécu à Gif. Il me semble intéressant de l’associer à une autre femme, Nadia Léger (l’épouse de Fernand Léger), artiste également très talentueuse, mais moins connue que son mari."
Selon la Nena Wapa Wapa, mettre en valeur ces deux femmes, en plus de s’inscrire dans sa démarche picturale, est une occasion unique de célébrer la féminité et la pleine reconnaissance de l’égalité des droits au XXIème siècle. "Cela me semble être un beau projet qui correspond à l’image de modernité et d’ouverture du Grand Paris."
Disneylexya
Nous avions déjà interviewé cet artiste chilien résidant à Valence, Álvaro Javier Riquelme de son vrai nom. Là encore, nous sommes en présence d’un artiste de premier rang, reconnu dans la ville et très apprécié des Valenciens.
À la croisée des cultures, Disneylexya fait parler les murs dans un dialogue entre symboles alchimiques et bestiaire précolombien à travers une esthétique qui renvoie souvent au muralisme populaire chilien des années 70. Disneylexya participe à de nombreux festivals et expositions. On peut notamment admirer l’une de ses œuvres dans le CCCC à Valence, aux côtés de celles de David de Limón et la Nena Wapa Wapa.
Ce qui le pousse à postuler au projet du Grand Paris, c’est avant tout l’opportunité d’exposer son travail dans un lieu public aussi visible et emblématique que le métro parisien. L’artiste, dont on sait tout l’intérêt qu’il porte à la mythologie, a trouvé une source d’inspiration dans les stations CEA Saint-Aubin et Pont de Sèvres : "Pour la gare CEA Saint-Aubin, le synchrotron du plateau de Saclay - SOLEIL - m’inspire grandement, car je m’intéresse à la physique et j’étudie actuellement les liens entre mon travail et les théories quantiques. De plus, le soleil est une figure essentielle dans toutes les mythologies du monde. Je m'attache à retranscrire cette mémoire commune dans mes œuvres et à la représenter à travers des entrelacs esthétiques."
Quant à la station Pont de Sèvres, Disneylexya va puiser dans l’histoire lointaine du territoire pour exhumer une figure mythologique oubliée des Parisiens : la Seine !
"La station Pont de Sèvres me semble intéressante en raison de sa proximité avec la Seine, qui a trait à la figure mythologique de Sequana, une divinité aquatique de la tribu gauloise des Sequani, qui est également liée à la santé. L’eau, qui rassemble la vie et la dynamise, est un élément qui favorise une identité cosmopolite et une transformation qui se reflète parfaitement dans le corps de ce grand projet urbain, et dont le métro serait sa colonne vertébrale et en même temps le fleuve à l’intérieur."
Le street-art valencien regarde vers la francophonie
On le voit, l’inspiration ne manque pas à Valence. David de Limón, même s’il ne prend pas part au projet, soutient ses amis artistes. Les trois muralistes du Carmen se retrouveront de toute façon dans une œuvre symbolique lors de l’inauguration de La Base Culture au Centre del Carme Cultura Contemporánea (CCCC) le 21 octobre, une association culturelle qui promeut la francophonie et l’art à Valence. Ils sont d’ailleurs les parrains d’un festival de street art à venir qui souhaite réunir les talents francophones et valenciens. Un très beau programme en perspective.