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Nicolas Kanngiesser - « L’Espagne est pleine d’opportunités »

nicolas kangiesser devant la cité des sciences de Valencianicolas kangiesser devant la cité des sciences de Valencia
©LPJV
Écrit par Lepetitjournal Valence
Publié le 29 décembre 2017, mis à jour le 29 décembre 2017

Germano-libanais, Nicolas est né dans la région parisienne et a passé son enfance sur la côte d’Azur, à Cagnes-sur-Mer. Mais c’est la Région Valencienne qui l’a adopté depuis 12 ans. Après des études en Allemagne, il a finalement choisi de venir vivre en Espagne où il a créé une société de nettoyage de voitures sans eau, franchise dorénavant présente dans toute l’Espagne et même dans le sud de la France. Cet homme d'affaires captivant nous explique son parcours valencien.

 

Lepetitjournal Valence : Nicolas, comment êtes-vous arrivé dans la région Valencienne ?

Nicolas Kanngiesser : Par passion pour l’Espagne ! Quand j’ai terminé mes études en commerce international en Allemagne, j’hésitais entre rester en Allemagne ou partir en Espagne. Une chose était certaine, je ne voulais pas retourner en France ! Donc je me suis bien préparé depuis l’Allemagne. J’ai passé des coups de fils, envoyé des CV un peu partout dans toute la région de la Costa Blanca, entre Valence et Benidorm exactement. En une semaine j’ai dû réaliser une dizaine d’entretiens. J’ai finalement choisi un job dans l’immobilier car je voulais travailler dans ce secteur. A Calpe, ce que le patron me proposait me plaisait bien. La ville m’intéressait également. Je suis donc resté à Calpe où j’ai commencé à travailler dans l’immobilier.

Connaissiez-vous la Région Valencienne auparavant ?

Non, presque pas. J’étais venu peut-être 10 ans précédemment, lorsque je devais avoir 15 ou 16 ans. Nous étions passé en voiture près de Calpe car je me souvenais du Penon. Mais voilà, j’ai choisi la ville surtout pour le travail et le job. J’ai passé quatre ans à Calpe. J’ai d’abord travaillé dans l’immobilier puis par la suite, j’ai tenu un bar cubain, mais toujours en travaillant dans l’immobilier. C’était une belle expérience et j’ai pu rencontrer beaucoup de monde.

J’ai ensuite créé ma société de nettoyage de voitures sans eau avec un ami allemand qui vivait en France à l’époque. Il est arrivé rapidement en Espagne et nous avons démarré l’aventure à Calpe. Au bout d’un an, nous sommes venus à Valence pour y ouvrir un deuxième centre et surtout installer y notre siège. Nous avons commencé à vendre des franchises très rapidement. Nous savions que pour développer l’entreprise, nous devions être dans une grande ville.

J’adorais vivre à Calpe mais dès que je suis arrivé à Valence, j’ai tout de suite senti que c’était une ville faite pour moi.

Vous ne connaissiez pas du tout Valence ?

Je savais que c’était une grande ville mais je ne savais rien de plus.

Depuis combien de temps vivez-vous à Valence ?

Depuis 2009, cela va faire huit ans. Et depuis elle a quand même superbement bien évolué ! D’ailleurs, tout le monde remarque une évolution depuis quelques années, une évolution très positive de la ville.

Vous parlez quatre langues : le français, l’allemand, l’anglais et l’espagnol. Comment avez-vous appris cette dernière ?

Je l’ai appris en Erasmus en Allemagne et c’est là que je suis tombé amoureux de la culture espagnole ! Avec un très bon livre de grammaire allemand qui s’appelle Langenscheidt Deutsh Spanish Gramatik et en pratiquant avec les étudiants espagnols. En fait, quand j’étais en Erasmus, j’ai immédiatement côtoyé le groupe des étudiants espagnols. Comme j’adorais les espagnols, que j’adorais leur culture et que je connaissais un tout petit peu l’Espagne, je me suis pris de passion pour apprendre rapidement leur langue afin de parler avec eux. En l’espace d’un an, je me débrouillais déjà pas mal. Avant d’arriver ici, j’avais un niveau convenable pour commencer à travailler en entreprise.

Revenons à votre société : comment vous est venue l’idée de votre entreprise ?

A Calpe, lorsque je travaillais dans l’immobilier et que j’avais mon bar, je me suis dit que j’aurais vraiment été content si quelqu’un avait pu venir juste devant mon bureau pour nettoyer ma voiture, même si c’était juste l’intérieur. L’idée originale c’était donc de proposer un service à domicile ou bien d’aller dans un endroit pratique, par exemple en faisant ses courses. Je n’avais pas envie de passer mon weekend à nettoyer ma voiture. Le concept est venu grâce à mon propre besoin et c’est un copain belge qui m’a parlé du concept sans eau.

Vous avez participé début 2015 à l’émission « El Jefe infiltrado », l’équivalent espagnol de l’émission de M6 « Patron incognito ». Que ressent-on, en tant qu’étranger, lorsque l’on participe à une émission de son pays d’accueil ?

Pour moi l’important avec ma participation à l’émission Patron incognito, au-delà du gros coup de publicité qui est indéniable pour notre franchise, c’était un peu une reconnaissance personnelle. Le fait d’être étranger a beaucoup aidé parce que la production choisissait des entrepreneurs pour leur personnalité et parce qu’ils savent très bien que le succès du programme passera par le charisme du patron sélectionné. C’est la production qui est venue me chercher parce qu’ils m’ont vu comme un véritable dirigeant espagnol et j’ai ressenti une certaine fierté en tant qu’étranger. Avec mon accent français, mes 1m92, le fait que j’ai créé ma société de mes propres mains, cela a joué en ma faveur.

Nicolas lors de son apparition dans "El jefe Infiltrado"

Pour moi c’était avant tout une grosse reconnaissance de beaucoup d’années de travail difficiles. J’ai commencé à zéro. Je cartonnais pas mal dans l’immobilier mais j’ai eu cette idée du nettoyage des véhicules à domicile. A l’époque, je n’avais pas calculé que la crise allait arriver. J’avais des crédits et tout ne s’est pas passé comme prévu. Nous avons démarré la société fin 2007, juste au moment où l’Espagne commençait à plonger. Fin 2008, le crash aux Etats-Unis a entrainé tout le monde et a fait du mal à notre business. En fait, je suis passé de ma situation de "Petit Prince" à Calpe où je gagnais super bien ma vie grâce aux commissions, au nettoyage des voitures à la main et avec de nombreux frais fixes. Au tout début, nous ne générions pas assez de bénéfices pour payer les frais fixes et pendant deux ou trois ans, nous en avons vraiment bavé !

A quel moment avez-vous senti la reprise arriver ?

A partir de fin 2010 début 2011, nous avons commencé à prendre un certain volume. Chaque année cela augmentait ! Depuis un an ou deux, la crise est largement terminée. L’Espagne est un pays qui repart, bien mieux que d’autres pays en Europe. Certains vont se plaindre qu’il n’y a pas de travail et c’est vrai que rien n’est jamais facile mais l’Espagne est pleine d’opportunités pour ceux qui ont envie de prendre des risques ou de travailler.

Qu’est-ce qui vous plait le plus dans cette ville et dans toute la région valencienne ?

Déjà, Valence c’est une ville qui a tous les avantages d’une grande ville mais pas ses inconvénients. Elle est ouverte sur la mer et au niveau de la culture et des traditions, elle est très marquée. On peut arriver partout à Valence en dix ou quinze minutes que l’on soit en voiture ou en scooter. Je pense que c’est une ville qui a été sous-estimée au niveau du tourisme mondial. Mais c’est surtout une ville qui a une grosse croissance à venir et qui a de nombreuses opportunités. Il y a beaucoup de choses à faire. Alors que Barcelone, Madrid et même Séville sont des villes très saturées, Valence est encore jeune et dispose d’un très gros potentiel. Avant la crise elle prenait déjà le chemin de l’expansion. Mais la crise a tout stoppé.

Valence est en train de reprendre mais elle a encore beaucoup de chemin à faire devant elle.

Vous disiez que Valence avait beaucoup changé ces dernières années. Sur quels aspects selon vous ?

C’est une ville sous-estimée. Les gens qui viennent une fois tombent amoureux de la ville. La Cité des Arts et des Sciences a donné un coup de boost à Valence au niveau du tourisme. Chaque année, nous battons des records de fréquentation touristique et bien que Formule1 et l’America’s Cup soient terminées, c’est une ville qui est en train d’exploser dans tous les sens. Les entreprises s’installent ici avec leur siège principal pour attirer des travailleurs de qualité. Il y a de plus en plus d’événements, de concerts et même des événements mondiaux. Le coût de la vie est encore accessible. C’est une ville qui est dans une voie d’évolution incroyable et je pense que tous ceux qui vivent ici vont bientôt en profiter.

Vous vous êtes installé à Camins el Grau. C’est un quartier particulier. Pourquoi l’avoir choisi ?

C’est un quartier résidentiel et j’y suis arrivé un peu par hasard. J’ai acheté mon premier appartement dans ce secteur quand je me suis installé à Valence. C’est exactement entre le centre-ville et la plage. Ensuite, nous avons acheté nos bureaux justes avant le port et pour aller travailler, je ne mets que cinq minutes en scooter ou quinze à pied. Par la suite, j’ai acheté une maison dans le même quartier parce que je m’y suis habitué. C’est un quartier calme et il y a tout ce qu’il faut mais il n’est pas encombré de restaurants. En deux minutes je suis à Aragon et si je passe le pont, je me retrouve à Canovas, donc c’est l’emplacement parfait selon moi.

Quels sont vos incontournables ? Quel est votre Valence à vous ?

Je dirais aller prendre un café au Mercado de Colón et ensuite aller faire un tour dans le Carmen le soir pour y retrouver cette ambiance des petits bars. Il y a la plage évidemment. J’aime toujours me balader au paseo neptuno. Et puis la zone du musée des arts et des sciences et cette coulée de huit kilomètres qui coupe la ville, c’est génial. Je dirais Port Saplaya également, une petite Venise à cinq ou dix minutes au nord de Valence. C’est un endroit plein de charme et peu connu des gens.

Vous ne regrettez pas votre expérience de l’expatriation. Quels seraient vos conseils pour les personnes qui souhaitent tenter cette aventure ?

Pour moi, le fait d’avoir grandi en France et d’y avoir vécu 18 ans, c’était presque quelque chose d’ennuyeux parce que je connaissais un peu tout, cela n’avait rien d’exotique, de passionnant ou de nouveau. J’aime toujours vivre de nouvelles aventures même si aujourd’hui je n’irais pas vivre en Australie ou trouver un nouvel horizon car je suis trop attaché à Valence pour changer maintenant. Donc je recommanderais de faire attention au côté professionnel : c’est bien plus difficile ici de gagner de l’argent qu’ailleurs.

Nous, nous en avons bavé pour réussir et je ne pense que peu de gens auraient été capables de faire ce que nous avons fait.

J’ai eu des difficultés et je me suis questionné sur ce que je faisais à ce moment-là. Je crois que si je devais le refaire, je réfléchirais un peu plus. Mais avec mon expérience d’aujourd’hui, j’aurais forcément fait les choses différemment. J’ai commencé à 23 ans et maintenant j’en ai 36. Ce que je retiens c’est qu’il ne faut pas juste attendre et se dire qu’ici, ce sera facile et que l’on va gagner beaucoup d’argent. Les emplois qualifiés sont un peu plus rares et si l’on veut un bon poste, il faut prendre des risques. Si l’on souhaite quelque chose de mieux, de nouveau, il faut pouvoir laisser de côté sa situation confortable de son pays d’origine. Après tout, à la fin, qu’est-ce que l’on risque ? On trouvera toujours un emploi pour manger en attendant de trouver mieux ou de monter un business. Je conseillerais toujours de créer quelque chose en étudiant attentivement la concurrence. S’il y a du potentiel, une idée sympa, même s’il y a des concurrents, il faut y aller et se lancer.

Vous voyez-vous toujours vivre à Valence dans quelques années ?

Oui, je serai toujours à Valence mais je voyagerai beaucoup plus.

Retrouvez un extrait de l'émission "El Jefe Infiltrado" avec Nicolas sur le site "La Sexta"

 

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