Dans cette tribune, Gilbert Lledo, professeur retraité du Lycée français de Madrid et expatrié de longue date, partage ses souvenirs des célébrations du 14 Juillet à Valencia et leur évolution au fil des années. Entre témoignage personnel et regard citoyen, il souligne l’importance de préserver les liens qui unissent la communauté française en Espagne et de continuer à faire vivre les traditions républicaines.
Le faste oublié des 14 Juillet à Valencia
Lorsqu’il existait encore un consulat général de France à Valencia, la célébration du 14 Juillet constituait un moment fort de son activité. La cérémonie se tenait dans les locaux du consulat ou dans un hôtel loué pour l’occasion, afin de gérer l’affluence massive.
Les Français devaient s’inscrire, et des cartons d’invitation étaient envoyés aux personnalités locales. Le jour venu, après l’acte officiel et les discours d’usage, le champagne coulait à flots et un bal musette venait couronner la soirée. Voir, à cet égard, les pages 62-63 de l’excellent livre du Dr. José Ricardo Salom sur le consulat à l’époque de Cirilo Amorós.
Les élans citoyens ont pris le relais
Depuis que le consulat est devenu simple agence consulaire et a été relogé dans des locaux plus exigus, le rendez-vous du 14 Juillet s’est ensuite tenu au Lycée français de Paterna. Le théâtre et les jardins du lycée ont laissé de très beaux souvenirs à nombre d’entre nous.
Et si ce temps fort de la vie de notre communauté ne suffisait pas, des initiatives citoyennes venaient en relais, à l’image de celles portées par La Base Culture, avec expositions, conférences et activités variées, y compris pour les enfants.
En 2025, le goût amer d’une absence
Cette année pourtant, en 2025, aucun événement populaire n’est programmé dans la ville de Valencia par notre agence consulaire, faute de budget, dit-on. Certes, le consulat général de Madrid organise un acte officiel, et l’on apprend qu’à Tolède, dans une piscine, les Français du coin se retrouvent pour l’occasion. Mais on conviendra que se déplacer aussi loin n’est guère commode pour la plupart des résidents français de Valencia.
Alors, rien dans la troisième ville d’Espagne ? Évidemment, c’est une déception. Et, quelque part, le sentiment d’un délitement de notre communauté nationale, d’un recul de la présence française dans notre ville. La disparition récente de la Société française de Bienfaisance d’Alicante nous a, elle aussi, profondément attristé.
Une cérémonie militaire à Bétera
Allons, courage, gardons espoir ! Une alternative existe : ce lundi 14 juillet, à partir de midi, les militaires français en poste sur la base aérienne de l’OTAN à Bétera, tout près de Valencia, organisent leur propre célébration.
La base de l’OTAN à Bétera : Installé depuis plus de vingt ans à Bétera, près de Valencia, le Quartier général terrestre de haute disponibilité (CGTAD) constitue l’un des quatre piliers de la Force de l’Armée de terre espagnole, mis à disposition de l’OTAN. Selon une étude récente, cette base stratégique génère chaque année 25,7 millions d’euros de PIB pour la Communauté valencienne et soutient 644 emplois directs. Discret et essentiel, ce site militaire joue un rôle majeur dans l’économie régionale comme dans les opérations internationales.
Un prochain article reviendra sur cette cérémonie du 14 Juillet à Bétera, à laquelle nous assisterons. En attendant, affirmons-le avec force : en tant que citoyens, nous avons le devoir de cultiver nos racines, de nourrir les liens entre les membres de notre communauté, de raviver le sens de la grandeur de notre pays. Et surtout, de ne jamais accepter la disparition silencieuse de nos symboles.
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