

La crise et le climat morose n'empêchent pas quelques beaux coups, comme celui que vient de réaliser aux Etats-Unis le groupe italien GTech en rachetant le fabricant américain de machines à sous International Game Technology pour 4,7 milliards d'euros. Le groupe italien devient ainsi le leader mondial du marché des jeux et des paris en confirmant son implantation outre-Atlantique.
Petit groupe deviendra grand. Dans cette optique, la société Lottomatica, créée en 1990, poursuit inexorablement son développement international en direction des Etats-Unis où elle s'était déjà fortement implantée en 2006 avec l'acquisition de GTech Holding Corporation, ce qui avait fait du groupe italien le numéro un mondial de la loterie. Malgré un changement de nom survenu en 2013, quand la société du groupe De Agostini adopte celui de GTech, l'Italie reste pour un temps le marché préférentiel de ce géant des jeux. Gratta e Vinci, Lotto, Lotteria nazionale, paris sportifs, jeux en ligne de type bingo, poker, casino' games, en Italie le groupe semble toujours omniprésent tant le marché du jeu a connu une forte expansion au cours de ces dernières années, permettant à GTech de réaliser environ 70% de son chiffre d'affaires dans la Péninsule.
Doit-on y voir un des innombrables effets de la crise, ou tout simplement le fait que le marché italien est désormais saturé ? Toujours est-il que que les dépenses des Italiens sont en baisse dans le domaine des jeux et des paris alors que ceux des Américains connaissent une hausse sensible. Avec l'achat du fabricant de machines à sous IGT (International Game Technology) l'italienne des jeux, cotée à la Bourse de Milan, se tourne donc un peu plus vers les Etats-Unis. L'opération est un coup de maître qui permet à GTech de s'imposer dans un marché juteux au coeur des casinos américains.
Pour Marco Sala, l'administrateur délégué de GTech qui s'est exprimé dans un communiqué de presse, "cette opération améliore de manière radicale notre capacité à être compétitifs" dans le domaine des jeux. "La superposition limitée des produits et des clients respectifs de GTech et d'IGT garantit à la société issue de la fusion une position de leader dans tous les segments du marché des jeux. La nouvelle société nous permettra d'accroître notre présence à l'international."
Une opération qui pourrait sembler encourageante et qui serait à l'opposé de la tendance actuelle, à en croire les résultats de l'enquête annuelle sur les grandes entreprises mondiales réalisée par la banque d'affaires Mediobanca, qui confirme cette année encore le manque de compétitivité des entreprises multinationales italiennes. Peu nombreuses (il y en a 14), de petite taille, généralement à participation publique ou, au contraire, familiale, ces dernières seraient aussi moins compétitives que leurs rivales européennes, moins productives et moins solides financièrement. Cependant, à y regarder de plus près, la fusion de GTech et de IGT ne permettra pas de compenser le départ annoncé de Fiat pour la Hollande ; départ qui, toujours selon l'enquête R&S Mediobanca, aura des conséquences négatives sur le tableau déjà bien noir de la situation des multinationales italiennes. Une fois unies, Gtech et IGT ne seront en effet plus cotées à Milan mais à Londres où se situera leur nouveau siège fiscal. GTech a fait ses jeux, rien ne va plus pour l'Italie.
Christine Correale (www.lepetitjournal.com/Turin) vendredi 18 juillet 2014
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