La semaine dernière, la nouvelle ministre française des Sports s'est rendue au Japon pour la première fois depuis sa prise de fonction. Cette visite a permis à Roxana Maracineanu de se présenter à ses homologues, de se renseigner sur l’organisation de la Coupe du monde de rugby et des Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo 2020 et de signer également des alliances avec des centres d’entraînement nippons. Comprendre l’importance du sport dans l’éducation des jeunes générations japonaises était aussi un des objectifs de ce déplacement dans l'Archipel. Notre rédaction a eu l'honneur de participer à un point presse avec la ministre afin d'en savoir plus sur la relation sportive entre nos deux pays.
Plusieurs objectifs pour les grandes manifestations sportives
Dans un contexte de Coupe du monde de rugby en 2019 et des JO de Tokyo 2020 en pleine préparation, il était important pour la ministre des Sports de venir se renseigner sur les avancées de l’organisation de ces deux événements majeurs, mais aussi de s’assurer que les athlètes français seront bien accueillis lors des prochains JO. Pour Roxana Maracineanu, il est primordial que la francophonie soit au cœur de ces Jeux puisque le français reste la seconde langue officielle. « Les annonces doivent être faites en français, c’est obligatoire, mais il faut aussi penser au staff qui doit savoir parler la langue afin de faire les traductions » explique-t-elle. Et ses inquiétudes vont sûrement disparaître, puisqu’à ce jour, plus de 200 000 candidatures ont été enregistrées des quatre coins du monde pour faire partie du staff. Selon les organisateurs qu’elle a pu rencontrer, toutes les installations ont été construites, il ne reste plus que l’organisation des éléments de dernières minutes.
Elle a aussi pris en compte les problèmes liés à la chaleur que vont devoir affronter les athlètes et les organisateurs lors de ces JO. En effet, l’été au Japon est très chaud, mais surtout très humide, ce qui risque de poser quelques soucis lors du marathon par exemple : « Nous sommes allés à Odaiba pour parler de ces problèmes avec nos homologues japonais et justement, ils étaient en train d’installer un nouveau revêtement sur la route moins réfléchissant, ce qui va limiter la chaleur du bitume. Les épreuves commenceront aussi plus tôt. Et nous nous sommes aussi intéressés à leur système de filtrage qui va nous servir à la dépollution de la Seine pour Paris 2024. » La France a aussi passé un partenariat avec l’INCEP et un centre d’entraînement japonais pour que les athlètes français puissent venir s’y entraîner afin de s’acclimater directement sur place, bien avant le début des Jeux. « Ça va être une étape importante pour les sportifs qui vont devoir s’habituer au climat, mais aussi au pays. Nous avons donc fait en sorte que tout soit parfait pour un entraînement dans les meilleures conditions. Les Japonais ont même mis en place des agents territoriaux qui vont venir les rencontrer, leur faire découvrir le pays, la nourriture » raconte-t-elle. En ce qui concerne la Coupe du monde de rugby, elle explique qu’il n’y a aucun retard sur la construction des infrastructures ou sur l’organisation.
De la diplomatie par le sport
« L’un de mes objectifs, en venant ici, est aussi de créer des liens entre nos deux pays grâce au sport » explique Roxana Maracineanu. En 2017, le gouvernement a confié la jeunesse, ainsi que l'éducation populaire et la vie associative au ministère de l’Éducation nationale. Il y a donc une forte alliance entre le ministère des Sports, de l’Éducation et de la Culture. La ministre est venue chercher des informations sur le système d’éducation japonais, en matière de sport et sur son fonctionnement afin de, peut-être, s’en inspirer pour la France. « Ici, il y a trois manières de le pratiquer : dans le cadre des cours de sports, après les cours, dans ce qu’ils appellent « les clubs » et, enfin, en étant inscrit dans une fédération, mais seulement si l’on veut se destiner à une carrière dans le monde sportif. Le fonctionnement n’est pas du tout le même qu’en France et c’est très inspirant. » Roxana Maracineau a notamment retenu qu’il fallait motiver les enfants à la pratique du sport le plus tôt possible, ce qui est donc en adéquation avec le projet du ministre de l’Éducation, qui veut faire passer l’école obligatoire dès trois ans et y ajouter des cours de sports pour les plus petits.
Et ce n’est pas tout ; lors de son voyage, la ministre a aussi présenté plusieurs entreprises françaises auprès du marché japonais. Elle a aussi participé à une réunion avec des représentants de firmes déjà sur place pour mieux comprendre leur fonctionnement et écouter les difficultés que ces entreprises rencontrent. Enfin, le point le plus important est que le Japon est une source d’inspiration pour l’organisation de Paris 2024. Que ce soit le système de filtrage pour la Seine, les moyens mis en place pour l’accueil des athlètes ou même l’utilisation des installations après jeux. « J’ai rencontré la Gouverneure de Tokyo qui m'a parlé des installations des Jeux paralympiques qui seront très utiles pour la population vieillissante, une fois les festivités terminées ». Roxana Maracineanu envisage aussi de voir autrement les victoires de la France pour ces jeux car « les Japonais, quand ils parlent de résultats, ne comptent que les médailles d’or alors que nous, nous les englobons toutes. Une manière très intéressante de voir les choses ». La ministre ne s’est pas prononcée sur le nombre de médailles d’or souhaité pour ces prochains jeux.