Édition internationale

« Un Paradis sans pitié », une plongée empathique dans une Thaïlande rugueuse

Un Juif ultrareligieux d’Anvers plonge dans le monde de la boxe thaï puis débarque à Bangkok. Ce petit bout de récit devrait suffire à donner envie. Rencontre avec ceux qui ont eu cette idée un peu folle.

Couverture Un Pardis sans Pitié Couverture Un Pardis sans Pitié
Écrit par Franck STEPLER
Publié le 17 novembre 2025


 

« Un Paradis sans pitié » est un roman qui nous entraîne de la Belgique à la Thaïlande, dans les mondes de la drogue, de la boxe thaï et de la rédemption. Co-écrit par Philippe Dylewski et Saphir Essiaf, il est la lointaine suite de « 24 heures hero », paru en 2017. lepetitjournal.com vous raconte deux hommes et deux romans.

 

Deux Belges amoureux de l’Asie du Sud-Est

 

Les deux compères écrivains sont nés à Charleroi, en Belgique. Saphir partage aujourd’hui son temps entre sa ville natale et la Thaïlande. Philippe s’est retrouvé bloqué en Thaïlande par la pandémie de Covid 19. Il est ensuite allé voir un ami à Phnom Penh et il a décidé de rester. Philippe a une formation de psychologue clinicien. Il a été consultant en management pour des entreprises, a assuré des formations, été coach pour cadres et dirigeants.

Saphir est spécialisé dans la psychologie sociale, la prévention de la toxicomanie, les sans-domicile-fixe, la prostitution, les sans-papiers. Il a beaucoup travaillé pour le service social public belge. Il est également coach de boxe thaï. Il y a trente ans, Philippe est devenu son élève, puis son ami.

 

Écrire des histoires extraordinaires sur des gens ordinaires

 

« Un jour, explique Philippe, j’ai dit à Saphir que je voulais écrire des histoires extraordinaires sur des gens ordinaires. Il m’a proposé de l’accompagner toute une nuit dans des squats. J’ai pu parler avec des gens qu’on ne voit jamais, qui ont une vie souterraine. C’est comme ça qu’est née notre première histoire qui faisait passer au lecteur 24 heures dans la peau d’un couple d’héroïnomanes à Charleroi. Nous y proposions deux visions par scène, celle de chaque membre du couple. » À l’époque, Philippe avait déjà publié un livre. Saphir a eu envie de participer. Ils se sont mis à écrire à quatre mains. Les idées viennent de l’un ou de l’autre. L’un des deux écrit à partir de l’idée. Commencent alors des allers et retours pour amender et parvenir à la version définitive.

 

Saphir Essiaf et Philippe Dylewski
Saphir Essiaf et Philippe Dylewski 

 

Tous les personnages existent, on les a connus de près ou de loin

 

« Il y a beaucoup de vérité dans ce que nous écrivons. Tous les personnages existent, on les a connus, de près ou de loin. On nous a raconté ou nous avons vu. Par exemple, le camp de boxe thaï dirigé par un Israélien, où vient s’entraîner l’équipe iranienne, a vraiment existé. » La boxe thaï est l’héroïne de ce nouveau volume. Dans « 24 heures hero », volume 1, Arnaud et Nadia sont les deux toxicos. Les parents d’Arnaud vivent déjà en Thaïlande et il entend déjà parler du Temple de la rédemption. Alors va pour la Thaïlande, dans ce nouvel opus où le bouddhisme est également un personnage important. Philippe et Saphir viennent de deux religions différentes mais sont tous les deux mariés à des femmes bouddhistes.

 

Qui connaît le Juif religieux d’Anvers, sa vraie vie, ses questionnements ?

 

Au départ de leurs histoires, il n’y avait qu’un seul héros, Arnaud, l’héroïnomane. Il manquait une dimension aux yeux des auteurs. Nadia est apparue dans le premier volume. Roi dans celui qui parait. Roi, élevé dans le judaïsme ultra-orthodoxe d’Anvers. Un choix étonnant. « Un jour, j’ai vu un Israélien sur le ring, à Bangkok, avec sa kippa, raconte Saphir. C’est comme ça qu’est née l’idée du personnage. Et puis tout le monde connaît le Rebeu de la cité mais qui connaît le Juif religieux d’Anvers, sa vraie vie, ses questionnements ? Un Musulman qui se lance dans la boxe thaï, c’est moins contrastant que l’engagement d’un Juif religieux. »

 

Derrière la douleur et la crasse, il y a l’humain

 

Le temple de la rédemption existe bien, lui aussi. On y envoie effectivement les mal partis qui ont besoin de retrouver un chemin un peu plus droit. « La méthode qu’on y applique semble marcher à 70 ou 80%, affirment les auteurs. Une étude australienne confirme les chiffres fournis par le temple. Et en plus, le patient ne paie rien. Quand nous nous sommes présentés à l’accueil du temple, nous avons demandé à rencontrer le moine qui s’occupe des admissions. Nous voulions nous renseigner pour un ami polytoxicomane. Le moine a tout de suite dit « amenez-le ». Nous avons demandé le prix et il a répondu « c’est gratuit ». Le temple vit de dons et s’en contente. »

Dans leur roman, on trouve une forme de douceur dans le chaos. Ils acceptent la remarque. « On n’aime pas la caricature. On met du sang dans la bagarre mais il faut du contraste dans chaque scène, quelque chose de drôle ou d’émouvant. Derrière la douleur et la crasse, il y a l’humain. On se fait menotter avec douceur dans ce pays. La première intervention des flics en Thaïlande est toujours douce. C’est la deuxième qui l’est moins. »

 

En Thaïlande, tu ne peux rien dire mais « tout faire »

 

Arnaud, leur héros, voit la Thaïlande comme un nouveau far-west. S’agit-il de la vision d’un personnage de fiction où est-elle partagée par ses créateurs ? Réponse de Saphir : « en Thaïlande, tu ne peux rien dire mais « tout faire ». En Europe, c’est exactement le contraire, tu peux tout dire mais tu ne peux rien faire. » Philippe pense, lui, que la Thaïlande se normalise peu à peu et qu’il a trouvé son far-west au Cambodge, où il s’assure les bons côtés, rejetant les mauvais.

 

Leur premier roman écrit à quatre mains, « 24 heures hero », paru en 2017, s’est vendu à plusieurs milliers d’exemplaires. Il est aujourd’hui utilisé dans les écoles de police et l’accompagnement social. Des projets d’adaptation au cinéma et en bande dessinée sont à l’étude.

Ce second volume est distribué par Amazon, imprimé à la demande, au prix de 24,95€.

 

 

 

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