Édition internationale

Frank et Emmanuel, l’histoire pas banale de deux amis restaurateurs à Chiang Mai

Ils ont repris les rênes du restaurant français de Chiang Mai, My Kitchen, au mois de septembre 2025. Autant dire qu’ils n’y étaient pas prédestinés. Voici l’histoire inhabituelle de deux amis passionnés.

L’équipe de My Kitchen à Chiang Mai Thaïlande L’équipe de My Kitchen à Chiang Mai Thaïlande
Frank, en haut à gauche, et Emmanuel, en haut à droite, avec leur équipe
Écrit par Franck STEPLER
Publié le 30 octobre 2025


 

C’est une histoire pas banale que celle de ces deux amis venus à Chiang Mai reprendre les rênes du restaurant My Kitchen. On y sert depuis quelques années des plats français inscrits à l’ardoise, principalement des plats de viande, à des tarifs abordables, proches de ceux des restaurants thaïlandais. Leur histoire est singulière parce qu’elle s’inscrit dans une démarche qu’on peut qualifier d’instinctive.

 

Un haut-savoyard qui déteste la sédentarité

 

Frank Olivieri a 59 ans. Originaire de Haute-Savoie, il a toujours vécu à Annecy ou dans sa région. Père de quatre enfants, il s’est lancé dans la restauration événementielle au milieu des années 90, se déplaçant avec ses chalets éphémères, ses snowboards en guise de bancs et ses poêles géantes remplies de tartiflette. « Le côté non sédentaire me plaisait beaucoup », explique-t-il. De marchés locaux en marchés de Noël, il finit par créer le sien, à Annecy. En parallèle, une opportunité se présente dans sa ville en 1998, où il exploite un restaurant jusqu’en 2009.

 

Frank Olivieri

 

Sur les marchés, il connaît des hauts et des bas. La crise Covid n’aide évidemment pas ce genre d’activité et, petit à petit, il passe le relais à sa fille. Son activité saisonnière lui laisse le temps de voyager. En Indonésie beaucoup, puis en Thaïlande pour plonger à Koh Tao. Il envisage un temps de s’y installer mais ses amis sur place lui disent qu’il risque de s’y ennuyer. Il cherche un endroit à la fois calme et vivant, où il retrouve un peu de sa Haute-Savoie. Il découvre Chiang Mai et sait que c’est ici qu’il a envie de poser ses valises, avec sa femme et ses deux plus jeunes enfants.

 

Un homme à savoir tout faire

 

Emmanuel Berger a 57 ans. Né à Paris, il a grandi dans un village près de Chartres. À 20 ans, au sortir du service militaire, il vend télévisions, machines à laver et ordinateurs dans les supermarchés. Il enchaîne avec divers métiers et découvre la Haute-Savoie et ses spécialités culinaires lorsqu’il passe une saison d’hiver au Grand-Bornand. Il rentre voir son père à Paris et découvre une annonce dans le journal : Canal Plus recrute des téléconseillers. Il est pris. Tant mieux, il a les poches vides. Il part chercher ses affaires en Haute-Savoie et revient en stop !

 

Emmanuel Berger

 

Dans sa nouvelle vie, il croise la route d’un distributeur de bière qui lui propose de faire pour lui la Foire de Paris. En se promenant dans les allées, il sent une odeur familière qui l’attire irrésistiblement. Il s’assied sur un snowboard pour déguster une merveilleuse tartiflette. Frank et lui deviennent amis pour la vie.

 

Des voyages partout sauf… en Thaïlande

 

Emmanuel enchaîne avec de nombreux métiers, en France ou au Congo. Il voyage en Inde et à Singapour. Mais jamais en Thaïlande. Il passe huit ans en Angleterre, perd son job, rentre en Haute-Savoie, où il retrouve Frank qui rentre de son dernier séjour en Thaïlande. C’était il y a quelques mois. Frank a noué quelques contacts à Chiang Mai. Il veut y tenter l’expérience familiale à partir de septembre. Sur place, il a lu une annonce. My Kitchen est à reprendre. « Je contacte Bruno, le propriétaire et nous discutons. J’ai aussi d’autres touches mais ce qui me plaît ici c’est que ce n’est pas dans la partie touristique de la ville et que la politique tarifaire correspond à ma vision des choses. On peut faire de la cuisine française populaire et abordable en Thaïlande. Il y a également de la place pour faire de l’événementiel, ou un bar à pastis avec terrain de pétanque. C’est une aventure et on verra ce que ça donnera. C’est vraiment ce que je veux vivre. »

 

La présence inattendue d’Emmanuel près de Frank est décisive

 

Tout cela se passe début avril 2025. Frank revient au mois de mai pour différents rendez-vous importants qui concernent d’autres projets. Il revoit Bruno et lui fait la promesse que s’il n’a pas vendu en septembre, il sera le repreneur. Et voilà. Ou presque. Car il s’est engagé auprès de sa fille à lui prêter main forte jusqu’aux marchés de Noël. C’est alors que la présence inattendue d’Emmanuel à ses côtés devient décisive. Comme dans un roman ou un film, son ami sort d’une période de méditation dans un ashram, qui a changé son regard sur le monde. Il veut vivre au jour le jour les aventures qui se présentent à lui. Il n’a jamais mis les pieds en Thaïlande mais propose d’assurer l’intérim jusqu’à la fin de l’année. Il y a quelques semaines, ils montent ensemble dans l’avion.

 

Un laboratoire, sûrement le meilleur poste d’observation

 

Restaurant My Kitchen à Chiang Mai

 

« My Kitchen est un laboratoire, explique Frank. Nous devons y comprendre comment fonctionne la Thaïlande, comment on y gère un établissement et une équipe. On vient avec nos réflexes et ils ne sont peut-être pas les bons. C’est un challenge mais nous retrouver dans un milieu d’expatriés, au cœur d’un quartier thaïlandais est sûrement le meilleur poste d’observation. » Pour l’instant donc, les deux amis veulent comprendre les codes, conserver le concept et la politique tarifaire. Le restaurant a sa clientèle, il est actif sur les réseaux sociaux. Rien ne changera tout de suite. Par la suite, Frank voudrait étoffer la carte, y introduire sa fondue, sa raclette et sa tartiflette, en profitant de ses réseaux pour les proposer à des tarifs acceptables. Il voudrait travailler en fonction des saisons et proposer ici, comme en France, une ambiance chalet lorsque vient l’hiver et certaines envies de cuisine de saison avec lui. Il aimerait aussi recréer à Chiang Mai l’ambiance des événements culinaires événementiels qu’il connaît bien, en tenant compte des calendriers français et asiatique. L’avenir d’Emmanuel ? « Aujourd’hui, je me sens très bien ici. Je crois que j’ai envie de rester. Nous verrons bien de quoi l’avenir est fait… »

 

My Kitchen, c’est ici :

https://maps.app.goo.gl/iiGV8YWgXbmvDPYA9?g_st=ipc

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