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La Bienfaisance : "En Thaïlande, mieux vaut prévenir que d’avoir à guérir”

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Catherine Vanesse - Installé à Pattaya depuis 10 ans, Bruno Peytel s’est impliqué au sein de l’AFBT en tant qu’adhérent dès son arrivée avant de prendre la présidence de l’association en 2020.
Écrit par Catherine Vanesse
Publié le 5 juillet 2022, mis à jour le 5 juillet 2022

L’Association Française de la Bienfaisance en Thaïlande, qui soutient les Français en grande difficulté, propose désormais son aide pour l’assurance et va devenir thaïlandaise pour mieux se financer.

 

Depuis 2008, l’Association Française de la Bienfaisance en Thaïlande (AFBT) propose son aide à des Français en détresse et leur permet d’éviter le pire voire de rebondir. Une aide qui intervient souvent comme un dernier recours, et prend particulièrement du sens dans des contextes de grande crise comme celle que traverse la Thaïlande depuis l’apparition de la pandémie de coronavirus. 

En 2021, l’association de droit français est venue en aide à 20 personnes pour un montant total de 610.000 bahts qui a servi à couvrir des frais de santé et/ou de rapatriement, des aides aux familles et entrepreneurs, un soutien aux Français détenus dans les prisons thaïlandaises. Depuis le début de l’année 2022, neuf Français ont reçu un soutien de la Bienfaisance pour un total de 150.000 bahts, mais le président de l’AFBT, Bruno Peytel, s’attend à ce que le montant des aides augmente beaucoup d’ici la fin de l’année, les demandes étant toujours plus fortes au second trimestre. 

Pour financer ses œuvres de bienfaisance, l’AFBT comptait jusqu’ici sur les cotisations et l’apport supplémentaire éventuel des membres, ainsi que sur les aides de l’état français : OLES (Organismes Locaux d'Entraide et de Solidarité) et STAFE (Soutien au Tissu Associatif des Français à l'Etranger). Et pour se donner la possibilité d’aller chercher d’autres sources de financement, l’AFBT s’apprête à devenir une association de droit thaïlandais.

Élu président de l’AFBT en 2020, Bruno Peytel estime que l’association peut aussi agir pour permettre de prévenir avant d’avoir à guérir. Rappelant sans cesse, comme ses prédécesseurs, l’importance d’être assuré lorsque l’on vit en Thaïlande, il s’est récemment rapproché de la CFE (Caisse des Français de l’étranger) afin de donner la possibilité aux personnes à faibles revenus de bénéficier d’une couverture santé minimale. 

Il revient avec nous sur l’activité de l’association, ses projets et le retour de la fameuse soirée Beaujolais après deux ans d’interruption. 

 

LEPETITJOURNAL.COM : Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir président de l’AFBT ?

BRUNO PEYTEL: Avec Marie-Laure, mon épouse, nous sommes adhérents de l’AFBT depuis notre arrivée en Thaïlande il y a 10 ans. Il y a 18 mois, on m’a proposé de reprendre les rênes de l’association et j’ai dit oui, bien sûr. Je venais d’arrêter de travailler et je suis quelqu’un qui ne peut rester inactif ! 
La Bienfaisance mérite d’être développée parce qu’il y a un réel besoin pour les Français d’avoir une telle association, d’autant que la communauté française en Thaïlande est vieillissante et pas toujours prévoyante. De plus, il était temps de renouveler le conseil d’administration de l’association et de renouer des contacts avec l’ambassade de France en Thaïlande. 

Quelles sont les situations les plus courantes où l’AFBT vient en aide aux Français ?

Les demandes les plus courantes sont de quatre types : 
1.    Les frais hospitaliers suite à un accident de la route, lorsque l’on se découvre une maladie grave, ou autres. Compte tenu des petits moyens de l’AFBT, nous ne pouvons pas faire face à ces dépenses pour des gens qui ne sont pas assurés. Nous nous sommes dit que plutôt que de seulement guérir, nous allions aussi prévenir. Dès lors, nous nous sommes mis en contact avec la CFE, qui a mis récemment en place une catégorie de gens “aidés” pour les personnes à faible revenu, et nous avons proposé de financer la première année de cotisation (30.000 bahts) afin que les personnes éligibles puissent au moins être couverts par une assurance. A ce jour, nous avons 5 dossiers en cours d’instruction. Dans ce pays, plus qu’ailleurs, il est indispensable d’être assuré. Jusqu’à présent, dans les situations les plus graves, nous payions un billet d’avion retour pour la France afin qu’ils soient soignés au pays avec l’aide sociale française. 

2.    L'aide aux prisonniers. On nous le reproche souvent, mais ce n’est pas parce qu’ils ont été condamnés qu’ils ne peuvent pas manger correctement.

3.    Le soutien moral ou administratif. Il y a des personnes, même si elles ont une retraite suffisante, qui commencent à perdre la tête et qui oublient de renouveler leur assurance ou de renvoyer leur certificat de vie. Du coup, elles se retrouvent dans le dénuement. Nous allons essayer de travailler là-dessus cette année. Pas tant au niveau de l’aide financière, mais plutôt morale, même si on peut faire une avance en attendant que la personne soit de nouveau en ordre. Nous nous attendons à ce que ce genre de problème augmente parce que la population française en Thaïlande vieillit de plus en plus.

4.    Avec le Covid-19, certains compatriotes ont perdu leur emploi et se retrouvent parfois dans des situations compliquées. En général, nous les invitons à rentrer en France et nous les aidons en avançant le billet d’avion pour rentrer.

Vous attendez-vous à devoir aider un plus grand nombre de Français prochainement à cause de la crise économique ?

Je ne peux pas présager du futur. Ceux qui avaient repris une affaire en 2019 ou 2020, souvent avec peu d'économies, ont souffert, pour eux, c’est une catastrophe, beaucoup sont partis. Ceux qui sont ici depuis 20 ans et qui avaient un peu d’argent de côté, même s’ils ont dû faire attention ces deux dernières années, ils devraient s’en sortir. 

Je pense que les mois de juillet et août vont être intéressants, si les touristes reviennent, cela devrait repartir, certains vont sans doute saisir des opportunités. Par contre, si ça traîne à redémarrer, j’ai peur que certains entrepreneurs ne puissent pas se relever. 

L’AFBT s’apprête à devenir une association de droit thaïlandais, quels sont les avantages d’obtenir ce statut ?

Le fait de devenir une association de droit thaïlandais implique d’être reconnu par les autorités locales. Jusqu’à présent, nous étions une association française de loi 1901, à ce titre, nous n’avions pas d’existence légale en Thaïlande. 

L’autre avantage, nous allons pouvoir avoir des adhérents professionnels, c’est-à-dire des entreprises qui pourront faire des dons déductibles fiscalement. J’espère que cela va nous permettre d’augmenter notre budget et améliorer notre capacité à venir en aide aux Français. 

Aujourd’hui, d’où proviennent vos financements ?

Il y a d’une part les cotisations des membres qui sont de 3.500 bahts par an par personne et nous avons environ 60 membres. D’autres parts, il y a également les aides OLES (dispositif d'aide aux associations venant en aide aux Français de l'étranger) et les suvention STAFE (Soutien au Tissu Associatif des Francais à l'Etranger). 

En 2021, nous avons reçu 542.000 bahts de subvention OLES et zéro au niveau du STAFE. En 2022, les aides OLES sont des 723.000 bahts et les aides STAFE sont des 144.000 bahts. 

Prévoyez-vous d’organiser à nouveau les soirées Beaujolais ?

La prochaine soirée du Beaujolais se tiendra le 19 novembre dans les jardins de l’ambassade de France à Bangkok. Habituellement, cette soirée rassemble 450-500 personnes. Je pense que nous aurons du monde, ce sera sans doute l’un des premiers rendez-vous pour réunir la communauté française après deux ans et demi de pandémie! C’est un événement important pour nous, pour communiquer sur la Bienfaisance, pour montrer que nous existons et que nous avons des projets pour l’association. Ce sera aussi l’occasion d’insister sur la solidarité et montrer à quel point il est important pour la communauté française qui se porte bien d’aider ceux qui sont en difficulté.

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