Édition internationale

La Thaïlande pose trois conditions simples au Cambodge pour mettre fin au conflit

En attendant que le Cambodge remplisse ses conditions, la Thaïlande bloque notamment les livraisons de carburant à son voisin. Et le Laos en fait indirectement les frais.

Drapeaux thaï et cambodgien Drapeaux thaï et cambodgien
Écrit par Franck STEPLER
Publié le 16 décembre 2025


 

  • Le Cambodge doit annoncer un cessez-le-feu en premier,
  • Le cessez-le-feu doit être appliqué dans la pratique et maintenu,
  • Le Cambodge doit coopérer sérieusement et sincèrement au déminage.

 

Les trois conditions posées par le ministère thaïlandais des Affaires étrangères, préalables à un complet cessez-le-feu le long de la frontière, sont simples et claires. Elles sont ainsi énoncées car Bangkok se dit échaudée par les déclarations passées de l’ennemi, rarement suivies d’effet. La Thaïlande reproche notamment au Cambodge de s’en être notamment pris récemment, « aveuglément », à des civils. Le porte-parole du ministère a indiqué que le ministre avait écrit au Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme pour exprimer sa préoccupation concernant des violations présumées. Côté thaïlandais, on conteste la fermeture des points de passage terrestres entre les deux pays, violation du droit international qui fait des civils des parties prenantes au conflit. Et l’on se défend encore d’avoir attaqué des sites historiques, expliquant qu’il s’agit de caches d’armes et de positions d’embuscade. Concernant justement les armes cambodgiennes, l’armée thaïlandaise annonce en avoir saisi un important stock de fabrication chinoise sur une colline : grenades, lance-grenades, munitions, lance-roquettes.

 

Trouver une approche pacifique à la résolution du conflit

 

De son côté, le ministre thaïlandais de la Défense affirme que le conflit ne se prolongera pas. Pour en être sûr, la Thaïlande impose au Cambodge des restrictions sur les approvisionnements, notamment en carburant. « Nous n’utilisons ni la force ni les armes pour nous détruire mutuellement, explique-t-il. Ces mesures visent à restreindre la capacité opérationnelle du Cambodge à agir contre la Thaïlande. Toute approche pacifique permettant de garantir que le Cambodge cesse son hostilité est probablement la meilleure voie à suivre. »

 

Le Laos, victime collatérale du conflit

 

Les mesures de blocage des exportations de carburant et d’équipements militaire font une victime collatérale : le Laos. La Thaïlande aurait entre les mains des rapports de renseignement qui affirment que les livraisons sont détournées vers le Cambodge. Autre constat qui a mis la puce à l’oreille des service de renseignement thaïlandais, 180  camions-citernes ont pris la direction du Laos en cinq jours contre 280 sur l’ensemble du mois de novembre. Alors les exportations vers le Laos sont à leur tour bloquées. « La Thaïlande ne souhaite pas nuire au Laos, s’excuse le porte-parole du ministère de la Défense. Nous comprenons clairement que la situation actuelle ne concerne que deux pays. Aucun autre pays n’est impliqué. Nous présentons nos excuses au peuple laotien touché. Nous mettons en œuvre ces mesures aussi rapidement et prudemment que possible afin de minimiser l’impact sur les civils. »

 

Au cœur de l’instabilité, Anutin Charnvirakul se dit prêt à continuer à gouverner

 

Le ministère des Affaires étrangères conclut par ces mots, à destination de ses homologues de l’ASEAN : « la Thaïlande est transparente ; nous n’avons rien à cacher. »

Au cœur de cette instabilité grandissante, la date des élections législatives thaïlandaises a été arrêtée au 8 février. Le Premier ministre désormais intérimaire, Anutin Charnvirakul, a affirmé que son parti, aujourd’hui très minoritaire, était prêt à gouverner. « Avec qui ? », lui a-t-on demandé. « Il est encore trop tôt pour le dire », a-t-il répondu.

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