Depuis 1972, la vente d’alcool n’est autorisée en Thaïlande qu’à certaines heures. Les vendeurs n’avaient pas intérêt à ne pas respecter la loi. Depuis quelques jours, les consommateurs risquent une amende.


La Thaïlande a ceci de commun avec la France qu’y toucher à la législation sur la consommation d’alcool et sa promotion engendre des débats sociétaux, culturels, historiques, économiques démesurés. Comme si la vie sans un verre ne valait d’être vécue. Comme si personne ne voulait voir les aspects néfastes d’une surconsommation. Le plus grand nombre comprend que les autorités régulent les marchés du tabac et des drogues. Mais ce même plus grand nombre pousse des cris d’orfraies dès lors que les interventions publiques concernent l’alcool, pourtant bien plus dévastateur en termes de santé publique ou de mortalité routière.
Une amende de 10.000 bahts pour les contrevenants
Au grand dam des amateurs, des touristes notamment, la vente d’alcool est interdite, en Thaïlande, entre minuit et 11h du matin, puis entre 14h et 17h, depuis 1972. Dans la classe politique comme ailleurs, des voix s’élèvent pour trouver ces règles obsolètes. Pourtant, une nouvelle loi est entrée en vigueur samedi 8 novembre 2025, qui en réaffirme et durcit même les principes.

Alors que les vendeurs contrevenants prenaient jusqu’alors un risque, ce sont désormais les consommateurs qui voient s’agiter devant leur verre le spectre d’une amende de 10.000 bahts. Le nouveau texte maintient certes des exemptions pour les restaurants et hôtels de zones touristiques ou les aéroports internationaux mais inquiète et agace quand même à peu près tout le monde : les professionnels, les Thaïlandais et les touristes. Le président de l’Association des restaurants thaïlandais, cité par le Bangkok Post, prend l’exemple caricatural d’un client légalement servi à 13h59 mais qui consomme sa bière au-delà de 14h. Sera-t-il verbalisé ? Derrière sa caricature, il y a la crainte de voir la croissance du secteur entravée.
Légiférer sur l’alcool nécessite de difficiles arbitrages
À l’heure où la Thaïlande multiplie les efforts pour relancer le tourisme, cette nouvelle mesure ne peut objectivement, et quoi qu’on en pense, que constituer un frein. Demander à des voyageurs qui viennent ici prendre du bon temps, sans regarder la montre, de vite vite commander leur dernier verre largement avant minuit pour en épuiser la dernière goutte avant les douze coups n’a rien d’incitatif. En Thaïlande comme en France, et ailleurs, légiférer sur l’alcool nécessite des arbitrage entre préservation de la vie en commun, protection de la santé publique et avantages économiques. Se frayer un chemin entre amateurs, détracteurs et lobbyistes relève du sport de haut niveau. Nous aurons donc certainement à en reparler. En attendant, même si les menaces ne sont pas toujours mises à exécution, attention tout de même à la volonté des autorités et de la police de faire des exemples, surtout dans les premiers temps de l’application de la nouvelle loi.
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