C’est un serpent de mer, un débat entre défenseurs de la santé publique et acteurs du tourisme. Il semblerait que ces derniers l’aient cette fois emporté. La vente d’alcool va être autorisée entre 14h et 17h.
Les dirigeants thaïlandais ne savent plus sur quel pied danser concernant la législation sur l’alcool. De durcissement en libéralisation, il nous faut naviguer pour tenter de comprendre une stratégie bien difficile à suivre. Il y a quelques jours entrait en vigueur une loi visant directement les consommateurs. Attention à ceux qui se font prendre l’après-midi ou la nuit une bière à la main ! Seulement voilà, cette politique a un coût. Elle déplaît notamment aux touristes. Et la Thaïlande a besoin d’eux.
La Thaïlande mal en point dans la « guerre du tourisme »
Le quotidien The Nation s’est penché sur une étude du Centre de renseignement économique qui analyse la « guerre du tourisme » dans laquelle est engagée la Thaïlande. Alors qu’elle peine à atteindre son objectif de 40 millions de visiteurs par an et que les dépenses de ceux qui viennent sont, nous dit-on, faibles, d’autres pays de la région voient leur marché touristique croître de 10% par an. La Thaïlande est appelée à mettre en place de nouvelles stratégies, déjà utilisées par ses concurrents, comme l’introduction de mesures de visa spéciales pour certaines cibles touristiques, construire une image de marque forte, s’appuyer sur les influenceurs, créer des campagnes promotionnelles, moderniser les attractions et en créer de nouvelles, étendre les réseaux aériens. On se souvient ainsi de l’annonce faite à la fin du mois d’août par la Thaïlande de l’immense cadeau qu’elle allait faire aux touristes. Elle leur propose 200.000 billets d’avion gratuits sur les lignes intérieures pour qu’ils aillent découvrir des régions moins fréquentées.
Une interdiction historique pour éviter de voir les fonctionnaires boire l’après-midi
La question de l’alcool, pour revenir à elle, fait partie de cette stratégie d’ensemble. Difficile d’attirer certaines catégories de touristes dans un pays trop restrictif. Voilà une des raisons pour lesquelles le Comité national de la politique des boissons alcoolisées accepte de tirer un trait sur l’interdiction très controversée de la vente d’alcool en Thaïlande ente 14 heures et 17 heures. L’éternel dilemme des décideurs entre santé publique d’un côté, tourisme et économie de l’autre, a cette fois-ci penché en faveur des finances du pays. Le vice-Premier ministre Sophon Zarum a ajouté une seconde explication plutôt cocasse : « l’interdiction de vente d’alcool l’après-midi a été instaurée il y a longtemps pour empêcher les fonctionnaires de boire pendant leurs heures de bureau. Mais cette époque est révolue : les fonctionnaires ne boivent plus l’après-midi. Aujourd’hui, les fonctionnaires ne sortent pas boire pendant leurs heures de travail, l’interdiction devrait donc être levée. »
Un pic d’accidents mortels dus à l’alcool entre 2 et 3 heures du matin
Reste à trancher la question de la consommation nocturne. C’est là que les enjeux du débat sont les plus conséquents. Les acteurs publics et privés du secteur du tourisme, y compris le ministère, plaident pour une extension de l’autorisation jusqu’à 4 heures du matin, contre minuit aujourd’hui. Face à eux, le ministère de la Santé publique et les professionnels du secteur appellent à une extrême vigilance. Leur combat s’appuie sur la courbe des accidents mortels dus à la conduite en état d’ivresse. Leur nombre total est en augmentation et le pic se situe entre 2 et 3 heures du matin. On est bien curieux de savoir, sur cette question, quel camp choisiront le Comité et le gouvernement.
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