L’agitation aux postes-frontières entre la Thaïlande et le Cambodge, l’alerte à la bombe dans un Airbus d’Air India à Phuket les mines birmanes qui polluent les rivières thaïes font écrire en France.


« À la frontière entre le Cambodge et la Thaïlande, on passe au compte-gouttes », titre Courrier international. L’hebdomadaire explique que « après des affrontements à la frontière et la mort d’un soldat cambodgien le 28 mai, la Thaïlande a décidé de réduire les heures d’ouverture de ses points de passage. Cette décision, entrée en vigueur le 7 juin, provoque des goulets d’étranglement et entrave le commerce entre les deux pays. » Courrier international explique plus loin que la Thaïlande « gère 17 points de passage officiels avec le Cambodge dans 7 provinces le long de leur frontière de 817 kilomètres. Dix d’entre eux ont vu leurs heures et leurs jours d’ouverture fortement réduits », détaille le média cambodgien CamboJAnews, cité par l’hebdomadaire français.
Les voyageurs cambodgiens ne peuvent plus bénéficier d’exemption de visa
« Auparavant, la plupart des points de passage fonctionnaient tous les jours de 6 heures à 22 heures, poursuit Courrier international. Désormais, ceux d’O’Smach et de Choam, dans la province d’Oddar Meanchey, ne sont plus ouverts que trois jours par semaine, de 8 heures à 15 heures. Celui de Chubkakir, également à Oddar Meanchey, ouvre également trois jours, mais seulement de 10 heures à midi. Enfin, à Poipet, où se concentre la majeure partie des échanges terrestres entre les deux pays, le passage n’est possible que de 9 heures à 16 heures. Les voyageurs cambodgiens ne peuvent plus, en outre, bénéficier d’exemption de visa. »
Un impact sur les valeurs boursières
Ces restrictions ont des conséquences humaines, professionnelles, mais aussi boursières, nous précise l’hebdomadaire. « Les restrictions d’ouvertures des passages frontaliers mettent en difficulté les entreprises thaïlandaises, les petits commerçants échangeant des deux côtés de la frontière et les touristes. Des goulets d’étranglement sont à prévoir, ainsi qu’une baisse de la consommation des produits thaïlandais au Cambodge. Déjà, le quotidien Bangkok Post note la chute de la Bourse thaïlandaise de 4,8 % depuis la mi-mai. Les valeurs boursières des secteurs de l’alimentation, des boissons, de l’hôtellerie et du cinéma sont les plus touchées. »
1,6 milliard d’euros d’échanges commerciaux entre la Thaïlande et le Cambodge de janvier à mai
Reprenant les informations d’un autre média, Courrier international avance des chiffres. « Les échanges bilatéraux entre les deux voisins ont atteint 1,87 milliard de dollars (1,6 milliard d’euros) de janvier à mai, selon les données des douanes cambodgiennes, indique CamboJAnews. Le Cambodge a exporté pour 395 millions de dollars (341 millions d’euros) de marchandises vers la Thaïlande au cours de cette période, tandis que les importations en provenance de ce pays se sont élevées à 1,48 milliard de dollars (1,27 milliard d’euros). »
L’alerte à la bombe dans un Airbus d’Air India à Phuket passionne au lendemain du crash d’Ahmedabad
Au lendemain du crash de l’avion d’Air India à destination de Londres, à Ahmedabad, en Inde, faisant au moins 265 victimes, l’histoire thaïlandaise de cet autre vol de la compagnie indienne, qui a dû faire demi-tour après une fausse alerte à la bombe, a passionné toute la presse française. Le Figaro, Le Parisien, 20 minutes, Le Télégramme, pour ne citer qu’eux, ont rapporté, avec l’aide de l’AFP, tous les détails de ce qui, heureusement, n’est demeuré cette fois-ci qu’un incident.
Demi-tour vers Phuket à cause d’une fausse alerte
L’histoire que tous racontent est celle d’un vol de la compagnie Air India reliant Phuket à New Delhi, qui a fait demi-tour pour atterrir d’urgence à son point de départ, après une fausse alerte à la bombe. L’information a été connue vendredi 13 juin, grâce à l’entreprise qui gère les principaux aéroports de Thaïlande. « Le vol AI379 d’Air India a requis la permission de faire demi-tour après la découverte à bord d’un message suggérant la présence d’explosifs », a expliqué Aéroports de Thaïlande (AOT) sur la page Facebook consacrée à l’aéroport de Phuket. « L’avion, un Airbus A320, parti vers 9h30 (2h30 GMT), a retrouvé Phuket deux heures plus tard, après avoir effectué de nombreux tours au-dessus de la mer d’Andaman », selon le site de suivi FlightRadar24. Les 156 passagers ont ensuite été évacués selon le protocole d’urgence.
La menace retrouvée dans les toilettes
Les différents médias rapportent les propos tenus par le directeur de l’aéroport de Phuket, Monchai Tanode, lors d’une conférence de presse. Celui-ci a raconté que la menace écrite évoquant la présence d’une bombe à bord a été retrouvée dans les toilettes de l’appareil. « Le pilote a donc informé la tour de contrôle et a décidé de dérouter le vol après avoir effectué des boucles pour brûler du carburant, a poursuivi le responsable. La police a interpellé plusieurs suspects, mais n’a pas encore pu identifier l’auteur du message ».
Les médias concluent en citant FlightRadar24, qui explique que l’avion a pu redécoller dans l’après-midi, vers 16h30 (9h30 GMT), avec plus de sept heures de retard sur son programme initial.
Des mines birmanes pollueraient des rivières thaïlandaises
Notre Temps et l’Express, notamment, s’intéressent à ce récit de l’AFP qui concerne les mines birmanes, « toujours plus nombreuses dans le contexte de la guerre civile, soupçonnées de polluer les rivières thaïlandaises, mais dans le Triangle d'or, une région à la réputation trouble, les solutions sont difficiles à mettre en place. » Les explications suivent, concernant un sujet très peu connu. « Depuis le coup d'Etat de février 2021, des dizaines de sites d'extraction ont émergé des collines de l'État Shan (nord-est), dans un territoire contrôlé par l'Armée unie de l'État Wa (UWSA), l'une des plus grandes armées non-étatiques du monde. Quelques kilomètres plus loin, en Thaïlande, des habitants et des responsables politiques ont constaté ces dernières semaines des niveaux anormaux de pollution dans leurs rivières, qu'ils ont liés aux rejets toxiques des mines du pays voisin. »
Cinq fois le seuil maximal d’arsenic recommandé par l’OMS
Un pêcheur explique ainsi au journaliste venu recueillir son témoignage que les clients ne veulent plus de son poisson qui contiendrait des doses trop élevées d’arsenic. Et ils n’ont pas tort. Les autorités sanitaires de la région parlent d’un taux d’arsenic de 49 microgrammes par litre, soit près de cinq fois le seuil maximal recommandé par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Le pêcheur réclame donc des solutions à la source.
Inquiétudes autour de la rivière Kok
Les médias qui reprennent le sujet nous indiquent que « les inquiétudes se concentrent autour de la rivière Kok, qui prend sa source en Birmanie, avant de traverser les provinces thaïlandaises de Chiang Mai et de Chiang Rai, populaires auprès des touristes, puis de se jeter dans le Mékong au niveau du Triangle d'or. » Pas très rassurant pour les riverains, sachant que les spécialistes interrogés par l'AFP estiment que les personnes qui s'alimentent régulièrement avec du poisson contaminé sont exposées à un risque cumulatif pour leur santé au bout de plusieurs années.
Des questions sur l’implication d’entreprises chinoises
La cause du mal serait donc l’exploitation chaotique de ces mines Birmanes en pleine guerre civile. Il s'agit du « cas le plus vaste de pollution transfrontalière », dénonce Pianporn Deetes, directrice de campagne pour l'ONG International Rivers.
Explications des journalistes qui ont mené l’enquête, « selon les experts, les mines sont dirigées par des entreprises chinoises qui entretiennent des liens étroits avec l'UWSA, elle-même proche de Pékin. Il est difficile de savoir si les mines visent à extraire de l'or, des terres rares ou d'autres minerais, ainsi que d'évaluer l'ampleur du phénomène, dans cette région réputée pour ses trafics en tous genres. Mais des vidéos publiées sur les réseaux sociaux chinois suggèrent que la majorité de ce qui est produit est vendu à des clients chinois. La Chine a notamment importé de Birmanie cinq fois plus de terres rares sur les quatre dernières années que dans la période 2017-2021, a relevé mardi le groupe de réflexion ISP-Myanmar. »
Arrêter les rejets dans les cours d’eau partagés
« Dans la plupart des mines modernes, les eaux usées sont traitées dans des bassins de décantation qui permettent d'éliminer les impuretés, explique Tanapon Phenrat, professeur d'ingénierie civile à l'université Naresuan, en Thaïlande. Mais en Birmanie, les rejets seraient déversés dans les cours d'eau naturels. Ce que l'on veut pour les mines, c'est qu'elles traitent correctement les rejets et arrêtent de rejeter des substances toxiques dans des cours d'eau partagés. »
Les eaux peuvent encore être sauvées
La suite du récit est politique. « À Chiang Rai, ville tranquille sur les bords du Kok, des activistes se sont déguisés en poissons mutants - du fait de la pollution - au cours d'actions visant à alerter l'opinion. Le gouvernement thaïlandais a proposé de construire un barrage qui empêcherait l'entrée des polluants dans le pays. Mais pour Penchom Saetang, directrice de l'ONG EARTH Thailand, une telle solution est « impossible » à mettre en œuvre avec succès. La solution se situe au niveau politique, dans le cadre de discussions impliquant Bangkok, Naypyidaw et Pékin, estime-t-elle.
Le ministère thaïlandais des Affaires étrangères a assuré être en contact avec les « parties concernées », dans une déclaration à l'AFP. L'ambassade chinoise à Bangkok a rappelé aux entreprises chinoises installées à l'étranger « de respecter les lois du pays, et d'opérer de manière légale et ordonnée à tout moment », dans un post Facebook début juin. « Il n'est pas trop tard pour agir, affirme le professeur Tanapon Phenrat. Les eaux peuvent encore être sauvées, mais c'est un signal clair. Nous devons agir maintenant », lance-t-il. » »
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