Les pro-cannabis étaient reçus mercredi 8 octobre au ministère de la Santé publique. À leur tête, la présidente de « Writing Thailand’s Cannabis Future ». Chokwan Kitty Chopaka a répondu en exclusivité à nos questions.


Décidément, la Thaïlande joue au yoyo avec sa réglementation sur la production, la vente et l’usage de cannabis. Résumé des chapitres précédents : la Thaïlande était un pays très répressif jusqu’en 2022. Alors ministre de la Santé, avant de devenir aujourd’hui Premier ministre, Anutin Charnvirakul, grand défenseur de la dépénalisation, ouvre le marché. Les décrets d’application de la loi ne sont pas promulgués, ouvrant la porte à une exploitation de cette nouvelle liberté à grande échelle. Il y a quelques semaines, retour en arrière avec la limitation de la vente et de la consommation de cannabis à certains usages thérapeutiques seulement, au grand dam de tous ceux qui s’étaient élancés vers ce nouvel eldorado. Mais simultanément, le chantre de la dépénalisation prend la tête du gouvernement (même si ce n’est que pour quelques mois) et les déçus de la veille reprennent espoir.
Ultimatum : le ministère a quinze jours pour abolir la législation actuelle
Voilà donc la nouvelle nouvelle politique restrictive remise en cause, sous la pression notamment d’un groupe appelé « Writing Thailand’s Cannabis Future » qui se bat pour relancer ce qui est devenu une petite industrie et se trouve désormais dans la difficulté économique la plus profonde. Ses dirigeants ont été reçus mercredi 8 octobre au ministère de la Santé publique. Ils demandent l’annulation des dernières mesures qui, selon eux, ont détruit le secteur du cannabis, prônant ainsi le retour à une vente libre. Ils y ajoutent une demande concernant un allègement des règles de culture qui coûtent aujourd’hui très cher. Et ils concluent sur un ultimatum, donnant deux semaines au ministère pour abolir la réglementation actuelle, avant de porter l’affaire directement au Premier ministre, « qui a lancé cette politique ». Les représentants du ministère ont pris note des demandes et déclaré qu’elles allaient être étudiées pour que des recommandations soient faites au ministre dans ce délai de quinze jours.
Au lendemain de cette rencontre, lepetitjournal.com s’est entretenu en exclusivité avec Chokwan Kitty Chopaka, la présidente de « Writing Thailand’s Cannabis Future ».

lepetitjournal.com : Que retirez-vous de la réunion d’hier au ministère ?
Chokwan Kitty Chopaka : Le processus prendra du temps. Comme à chaque fois, les choses ne se feront pas en un jour. Mais nous travaillons sans relâche pour obtenir ce que nous voulons. Il y a déjà eu des négociations le mois dernier et il est évidemment favorable d’avoir en face de nous ce Premier ministre.
Les enjeux économiques sont-ils si importants ?
Ne nous trompons pas. On ne parle pas d’un grand marché. Mais l’environnement général et l’économie vont moins bien. Il n’y a pas d’industrie parce qu’il n’y a pas de loi pour l’encadrer. Nous avons besoin d’une loi claire. Il ne s’agit pas de faire n’importe quoi, comme de laisser les mineurs accéder à n’importe quel produit ou la culture être effectuée n’importe comment. Nous voulons une liberté encadrée par des règles. Nous voulons réfléchir aux bénéfices pour le futur. Pour cela, soyons un peu plus libéraux.
L’alcool fait des ravages et que fait-on ?
Vous comparez le marché du cannabis à celui d’autres produits…
Absolument. Consommer trop de sucre est dangereux pour la santé et que fait-on ? L’alcool fait des ravages et que fait-on ? On laisse les gens décider par eux-mêmes et pour eux-mêmes de ce qui est raisonnable ou non. Avec les résultats que nous connaissons. Nous demandons donc juste à ce que le marché soit ouvert, tout en étant encadré, bien entendu, par des règles claires.
Même si vous obtenez gain de cause dans les semaines qui viennent, qu’adviendra-t-il après les prochaines élections qui vont arriver très vite ?
Nous sommes habitués à ces montagnes russes. C’est normal pour nous. Nous allons poursuivre notre chemin. Si ce n’est pas pour aujourd’hui, ce sera pour plus tard. Dans ce pays, tout est politique. Le Premier ministre a sûrement moins de marges de manœuvre que lorsqu’il était ministre de la Santé. Ce qui est sûr c’est que le sujet sera au cœur de la campagne car il est une arme en politique. Pour nous, hier était juste un autre jour en Thaïlande.
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