Dans une étude historique publiée par le journal Risk Analysis, deux chercheurs basés en Nouvelle-Zélande ont conclu que l’île des kangourous serait un véritable refuge pour survivre à une catastrophe mondiale. L’explosion d’une bombe, une éruption volcanique massive ou encore l’impact d’un astéroïde avec la Terre auraient chacun toute capacité à nous plonger dans un « hiver nucléaire ». Nous serions alors coupés d’une ressource vitale : la lumière du Soleil. En pareil scénario, l’Australie ferait partie des pays les plus aptes à recueillir les survivants afin qu’ils y reconstruisent la civilisation.
Un vaste programme ! Et pourtant si le risque d’une rencontre entre la Terre et un astéroïde n’a qu’une probabilité infime, le danger de la destruction nucléaire est un sujet de réflexion depuis l’invention de la bombe atomique. Il a même brutalement été remis au cœur de l’actualité, depuis que les tensions ne cessent de s’accroître en Europe de l’Est.
L'hémisphère sud résisterait mieux à une attaque nucléaire que l'hémisphère nord
Selon les auteurs de l'étude Risk Analysis, l’anéantissement nucléaire total ne serait pas à envisager, puisque des poches de survivants devraient exister sur toute la planète même face aux scénarios les plus graves. Seulement, pour ceux qui n’auraient pas déjà été tués par l’impact des bombes en cas de guerre nucléaire américano-russe, il s’agirait alors de survivre dans un contexte de grande restriction alimentaire. La suie propagée dans l’atmosphère pourrait en effet réduire la production agricole de 80 % à échelle mondiale.
Les pays de l’hémisphère nord seraient alors les plus mal lotis. Au-delà du fait qu’ils sont généralement les principaux acteurs et cibles lors d’un conflit international, l’atmosphère retient et ralentit la migration des éléments radioactifs vers l’hémisphère sud. Le nord serait beaucoup plus exposé, beaucoup plus en péril et subirait de plein fouet les effets d’un hiver nucléaire. Une chute de température plus vive précipiterait une forte baisse du rendement des cultures en Chine, en Russie, en Europe et en Amérique du Nord. Sous les tropiques, la chaleur et la production agricole seraient davantage préservées… Pas besoin d’en dire beaucoup plus pour comprendre où il serait préférable de se réfugier !
L'étude Risk Analysis cherche l'exil parfait en cas de catastrophe mondiale: l'Australie en première position ?
Forts de ce constat, les chercheurs ont évalué 38 nations insulaires en fonction de 13 facteurs critiques, dont la production alimentaire, l'indépendance énergétique, l'industrie manufacturière et les effets de la catastrophe sur le climat, afin de prédire quelles nations seraient les plus à même de résister à un scénario post-apocalyptique.
L’Australie obtient les meilleurs scores dans l’ensemble des variables observées. Nichée au milieu de l’océan Pacifique et protégée par de larges étendues d’eau, l’île présente la plus grande réserve alimentaire mondiale et pourrait nourrir plusieurs dizaines de millions de personnes supplémentaires en cas d’hiver nucléaire ! Elle bénéficie également d’infrastructures de bonne qualité, d’un vaste surplus d’énergie, de l’un des meilleurs systèmes de sécurité de santé publique au monde, ainsi que du triple du budget de défense du reste des huit autres îles retenues par cette étude.
La principale faille reconnue par les auteurs est son exposition sur la scène stratégique internationale, qui pourrait la placer en position de cible lors d’une guerre nucléaire. Son alliance militaire AUKUS (Australia, United Kingdom, United States) avec le Royaume-Uni et les États-Unis peut aussi bien dissuader de potentiels attaquants qu’attirer l’attention vers ce possible refuge.
De plus, dans le cas où l’Australie ne serait pas en première ligne des attaques nucléaires, elle ne devrait pas s’enfermer dans un état d’autarcie. Contrairement à la Nouvelle-Zélande, également retenue dans ces huit îles refuges, l’Australie pourrait davantage s’appuyer sur sa proximité avec de potentiels partenaires commerciaux pour éviter de parvenir à bout de carburant ou de composants manufacturés. Son succès repose ainsi sur certaines conditions, comme la mise en place et le maintien d’une alliance avec ses voisins proches (Indonésie, Nouvelle-Zélande, Philippines) et la planification de l’afflux de réfugiés.
Comment se préparer à une catastrophe mondiale?
Plus généralement, chaque gouvernement central devrait jouer un rôle clé pour se préparer à une catastrophe mondiale. Pour les auteurs, il serait temps de mettre en place un vaste plan de prévention, comprenant une coordination de l'information et de la communication, des soutiens financiers, une hiérarchisation et des plans de rationnement de biens et services essentiels.
L’étude publiée dans la revue Risk Analysis estime la probabilité d'une guerre nucléaire entre les États-Unis et la Russie à près de 1 % par an, et la probabilité de tous les types de guerre nucléaire entre 0,3 % et 3 % chaque année. Cependant, le risque va certainement augmenter au-delà de toute estimation "en raison de l'instabilité géopolitique et des nouvelles technologies".
L’Australie est déjà habituée à gérer des crises immédiates comme les sécheresses, les inondations et les incendies de forêt. Aujourd’hui, il a été prouvé qu’elle détenait la capacité de s’imposer comme l’un des grands refuges en situation d’apocalypse.
Alors, l’Australie : nouvelle terre promise ?