Chaque année, l’ONG Transparency International dresse un bilan de la corruption sur l’ensemble du globe. Le constat pour 2017 est peu rassurant. Les progrès sont trop lents, à l’instar de la France, qui stagne à la 23e place. L’organisme a aussi établi un lien entre niveaux de corruption et la défense des libertés de journalistes.
‘’Malgré des actions de lutte contre la corruption à travers le monde, la plupart des pays progressent trop lentement’’. Depuis 1995, l'ONG Transparency International publie chaque année un indice de perception de la corruption (CPI), classant les pays du plus vertueux au plus corrompu. Le rapport 2017 déplore ‘’le manque d’efforts déployés dans le monde pour combattre la corruption, assurant qu’au cours des six dernières années quasiment aucune avancée n’a été enregistrée dans de nombreux pays.’’
En 2016, le parlement européen estime entre 179 et 990 milliards d'euros le coût annuel de la corruption au sein de l’UE.
Les pays nordiques au sommet, l’Europe de l’est inquiète, et la France stagne
Comme l’année précédente, la Nouvelle-Zélande monte sur la plus haute marche du podium. Dans le haut du classement figurent les pays nordiques, tels que le Danemark (2e), la Finlande, la Norvège (3e ex-aequo avec la Suisse) ou encore la Suède (6e). Le Canada est 8e, à égalité avec le Royaume-Uni, et devant l’Allemagne, 12e. Dans les tréfonds du classement, on retrouve sans grosse surprise la Somalie, (180e et dernière), le Soudan du Sud ou encore la Syrie. L’Espagne stagne au-delà du top 40, avec une très modeste 42e place. En Asie, la Chine se positionne 77e, devant l’Inde, 81e ou encore le Vietnam, 107e.
Inquiétude toute particulière en Europe de l’est : ‘’La Hongrie, qui a vu son indice tomber de 10 points ces six dernières années représente l’un des exemples les plus alarmants de la réduction de la liberté d’action de la société civile en Europe de l’Est’’, détaille Transparency International. La Russie, 131e en 2016 et futur pays hôte de la Coupe du Monde 2018 recule de quatre places.
Notre chère France, terre de la démocratie et de la liberté d’expression, est épinglée une nouvelle fois par le classement Transparency International. L’Hexagone, en état de stase depuis plusieurs années reste 23e. Principal reproche : le manque embarrassant de progrès et de forces pour lutter contre la corruption. Invité à France Inter le 19 décembre 2017, Charles Duchaine, patron de l'Agence française anti-corruption déclare que la "France ne dispose pas de moyens d'investigation contre la corruption".
Près d’un cas de corruption sur deux concerne les mairies françaises
Transparency International France a monté un projet colossal : inventorier toutes les condamnations prononcées dans le pays pour des affaires de corruption et d’atteinte à la probité. Dans cette optique, l’organisme a élaboré une carte interactive et participative. Transparency International France précise cependant : ‘’En l’absence de données centralisées, la carte ne recense que les condamnations relatées dans la presse et révélées par nos bénévoles’’.
De 1981 à aujourd’hui, près de 900 affaires de corruption sont tombées en France si l’on se réfère à la cartographie. L’addition exacte pourrait être bien plus salée. Les principaux délits prennent la forme de détournements de fonds publics, à hauteur de 23 %. Les faux et usage de faux et les abus de sociaux concernent respectivement 15 et 13 % des cas. Parmi les principaux secteurs touchés, on retrouve en tête les mairies (43 %). Par ailleurs, une affaire de corruption sur quatre est liée aux entreprises et à ses dirigeants, tandis qu’une sur dix touche un fonctionnaire et une sur vingt un député.
Chaque semaine, un journaliste est tué dans un pays très corrompu
Autre bilan de l’ONG International Transparency, l’étroite corrélation entre corruption et liberté de la presse. "Les pays qui protègent le moins la presse ou les organisations non-gouvernementales (ONG) tendent également à avoir les pires taux de corruption. La quasi-totalité des journalistes tués depuis 2012 l’ont été dans des pays très corrompus ". Patricia Moreira, directrice de l’ONG précise ‘’qu’aucun activiste ou journaliste ne devrait craindre pour leur vie lorsqu’ils dénoncent la corruption’’. Et dans la plupart des cas, la justice n’est pas rendue, les faits sont simplement mis sous le tapis, ou profondément enterrés.
Pays tristement célèbre pour ses affaires de corruptions et de meurtres de journalistes, le Brésil a été témoin de l’assassinat de plus de 20 professionnels au cours des six dernières années. En 2017, 65 journalistes ont été tués dans le monde selon RSF (Reporters sans frontières). Vingt-six sur le terrain, en zones de guerre et trente-neuf intentionnellement. La dernière en date, Daphne Caruana Galizia (Malte), qui enquêtait sur la corruption et les circuits de blanchiment d’argent sale, a suscité la réaction de nombreux professionnels, partis en croisade pour lever le voile sur les circonstances obscures de son meurtre en octobre dernier.