

Même si les indicateurs de pauvreté au Brésil tendent à diminuer, les inégalités sociales subsistent et la région de la Baixada Fluminense, dans la banlieue de Rio de Janeiro, n'est pas épargnée et connaît même une recrudescence de la violence. C'est dans cette région de Rio que l'ONG Solidarité France Brésil soutient et accompagne depuis 25 ans les initiatives des groupes communautaires qui sont devenus des vrais centres de résistance, accueillant les enfants tous les jours contre vents et marées
Il y a 25 ans?
Il y a 25 ans, en 1986, le Brésil sortait de la dictature et voyait naître des mouvements communautaires animés par un fort désir de changement. C'est dans ce contexte et à l'initiative d'un groupe de quelques femmes françaises expatriées et brésiliennes qui souhaitaient apporter leur contribution à la société dans laquelle elles vivent, que Solidarité France Brésil (SFB) voit le jour. La première intervention de SFB a porté sur la construction de crèches ? les enfants étaient jusque-là accueillis dans des lieux improvisés (églises?). Par la suite, L'ONG intervient sur la formation des éducatrices en matière d'éducation infantile, de santé, d'administration/gestion du centre communautaire et soutient la lutte pour la reconnaissance du droit à l'éducation.
Progressivement et dans un but d'efficacité, les actions se sont concentrées dans la Baixa Fluminense, zone particulièrement isolée, avec peu de visibilité et où les besoins sont très élevés. Cette région regroupe presque 24% de la population de l'Etat de Rio de Janeiro, et est particulièrement pauvre : 400.000 personnes vivent encore en dessous du seuil de pauvreté (revenu de 0,7 à 2 euros par jour). La situation des jeunes entre 0 et 6 ans y est préoccupante : seulement 24% des enfants entre 0 à 6 ans sont accueillis en crèches et en maternelles faute d'infrastructure et seulement la moitié est prise en charge dans des structures publiques
Depuis ses 25 années d'existence, l'ONG n'a jamais perdu de vue sa vocation : donner une chance aux enfants d'être accueillis dans un lieu sûr, dans lequel ils peuvent recevoir un repas et accéder à une éducation qui leur permet d'ouvrir leurs horizons. Autre marque de fabrique, les bénévoles et permanents de SFB ont toujours attaché beaucoup d'importance à l'indépendance et l'autonomie de ces centres. En effet, l'association n'intervient qu'à la demande des groupes communautaires, selon un mode participatif, pour répondre à leurs besoins spécifiques et faire en sorte qu'ils puissent travailler de manière autonome.
Aujourd'hui, la majorité des centres communautaires soutenus par l'ONG disposent d'infrastructures adéquates et aux normes, ce qui leur permet d'accueillir les enfants dans de bonnes conditions. La plupart sont passés d'un statut de groupes informels à celui d'institutions légalement constituées.
Le travail de formation des éducatrices, qui à l'origine n'avait aucune qualification a payé : une majorité d'entre elles ont accédé à des niveaux de formation de 3ème cycle. Autre signe du succès du travail de SFB, certains enfants qui grandissent au sein des centres deviennent à leur tour des éducateurs.
Par ailleurs, grâce aux actions de la NUCREP (Noyau des Crèches, Maternelles et Écoles primaires Communautaires de la Baixada Fluminense), institution soutenue par SFB visant à défendre les droits des crèches, maternelles et écoles primaires communautaires dans les négociations avec le pouvoir public, certains centres ont obtenu une aide financière versée par enfant. Cette aide financière, loin encore de couvrir la totalité des frais de fonctionnement des centres, matérialise un début de reconnaissance par les pouvoirs publics.
Des centres de résistance
Aujourd'hui forte de 35 centres communautaires et de 346 éducateurs, qui accueillent 3.974 enfants et adolescents, SFB doit faire face à des difficultés croissantes : touchés de plein fouet par la recrudescence de la violence, les centres d'accueil ont été menacés de fermeture. Dans quelques communautés, il est devenu plus difficile d'organiser des événements pour trouver des fonds car les pouvoirs parallèles les interdisent ou les récupèrent à leur propre compte.
Les aides financières accordées à certains centres par les municipalités restent aléatoires : d'une part, elles varient d'une municipalité à l'autre car il n'y a pas d'uniformité dans les politiques d'accord des subventions et d'autre part, elles peuvent à tout moment être versées en retard, détournées ou interrompues, suite à un changement d'organisation entrainant une remise en cause de l'attribution de l'aide. La majorité des éducatrices travaillent aujourd'hui dans des conditions précaires : elles n'ont par exemple pas de contrat de travail et pour la plupart ne reçoivent même pas le salaire minimum de 415 reais par mois (135 euros par mois).
Dans ce contexte difficile, SFB n'a jamais cessé sa lutte et son soutien aux centres communautaires. Ses actions, couplées à la volonté remarquable des éducatrices, ont permis à ces centres de rester ouverts contre vents et marées depuis 25 ans. Un grand bravo pour ces 25 années d'actions, et longue vie à cette formidable ONG qui ?uvre depuis toutes ces années auprès des communautés défavorisées de Rio, Parabens para você !
Emilie ATTOLINI et Anne Sophie RACINE (www.lepetitjournal.com - Brésil) mardi 27 septembre 2011






































