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Veronica Abensour Nilsson - À la croisée des cultures 

Veronica Abensour Nilsson, femme, ambassadeur FranceVeronica Abensour Nilsson, femme, ambassadeur France
@ Yohan Medina
Écrit par Catherine Soulas Baron
Publié le 7 mars 2019, mis à jour le 7 mars 2019

Son apparence est nimbée de douceur mais ne vous y fiez pas car avant tout Veronica Abensour Nilsson est une femme engagée. Elle est la femme de Marc Abensour, diplomate de carrière. Ce dernier est Ambassadeur de France à Singapour. Suédoise, mariée à un Français, Veronica travaille à Singapour pour les Allemands. Elle évolue discrètement et élégamment dans cette diversité culturelle. Parce qu’elle incarne un mix parfait entre son rôle de mère, ses fonctions professionnelles et ses obligations en tant que femme d’ambassadeur, le Petit Journal lui rend hommage en cette journée internationale des droits des femmes.

 

 

Quel est votre parcours ?
Veronica Abensour Nilsson : J’ai suivi des études de Sciences politiques et d’économie en Suède à l’université de Stockholm. J’ai travaillé pour la Confédération des syndicats suédois et puis ai été nommée au sein du Comité syndical consultatif auprès de l’OCDE à Paris en 2001. Je gérais un projet sur les principes directeurs de l’OCDE, la responsabilité sociale des entreprises. Ma mission principale consistait à promouvoir et mettre en œuvre ces principes notamment à travers l’organisation de conférences et de formations de syndicalistes un peu partout dans le monde. Ironie du destin, alors que mon futur mari vivait lui aussi à Paris, nous nous sommes rencontrés lors d’une conférence à Lund en Suède ! J’ai vécu sept ans à Paris de 2001 à 2008, et lorsqu’il a été nommé Représentant permanent adjoint de la France à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) à Bruxelles, j’ai démissionné. J’ai vite retrouvé un poste à la Confédération européenne des syndicats où j’ai été élue, en 2011, Secrétaire confédérale puis, en 2015, Secrétaire générale adjoint, poste que j’ai quitté après la nomination de mon mari à Singapour.

 

Désormais je travaille pour le bureau régional de la Fondation Allemande du Parti socialiste (Friedrich-Ebert-Stiftung). Nous gérons des projets qui traitent de problématiques économiques et sociales en Asie. Personnellement, je pilote un programme sur la prise en compte des droits fondamentaux dans les accords de libre-échange et autres accords en matière de commerce international.

 

Vous êtes maman de deux enfants, épouse avec des obligations de représentation et vous travaillez. Vous arrivez à tout concilier ?

C’est une question qui se pose à toutes les femmes. Le secret est d’être très organisée. En tant qu’épouse d’ambassadeur, je participe à plusieurs des évènements officiels ainsi que des réceptions et des rencontres. Même si cela est très prenant, je dois avouer que je suis très aidée.

 

Est-ce facile de représenter la France quand on est Suédoise, mariée à un ambassadeur Français ?

Non, ce n’est pas facile car les réflexes premiers et spontanés proviennent de votre propre culture. Mais j’adore la France et sa culture. Plus petite en Suède, j’ai eu le choix de sélectionner à l’école une autre langue que l’anglais. J’ai choisi sans hésiter le Français plutôt que l’Allemand car je trouvais cette langue très belle. Evidemment, quand je suis arrivée à Paris, je ne parlais pas couramment mais je comprenais beaucoup de choses et pouvais lire des journaux et des livres pas trop compliqués. J’ai dû m’y mettre !  Et je me suis sentie tout de suite chez moi.

 

Vous êtes à la croisée de cultures, comment vous adaptez-vous ?

En réalité, j’ai énormément appris sur les différences culturelles lors des nombreuses conférences internationales auxquelles j’ai participé à l’OCDE. J’ai noté par exemple dans les réunions que les Nordiques sont souvent très brefs et annoncent la chose la plus importante dès le début de la négociation. Les collègues latins, eux, parlent d’abord longtemps pour aboutir à une conclusion. Hélas, si l’on n’a pas été suffisamment attentif, on aboutit souvent à des malentendus. Quant aux Français, ils aiment « argumenter ». En Suède, on recherche plutôt le consensus. Et si un sujet fâche, nous préférons l’éviter!

 

J’avais l’impression au début que les Français se disputaient constamment. C’était pour moi incompréhensible et donc difficile. Mais, en les connaissant mieux je me suis rendue compte qu’ils sont, en réalité, toujours dans l’argumentation. C’est sans doute le fameux esprit cartésien ! Finalement en prenant des chemins différents, les deux systèmes démontrent leur efficacité. Quant aux réceptions à la Résidence, nous suivons le protocole, ce qui facilite les choses.

 

Dans quelle culture élevez-vous vos enfants ?

Si l’on évoque l’éducation, nous essayons de leur faire bénéficier des deux cultures, mais ce n’est pas toujours facile. Elèves du lycée français, nos enfants sont bien entendu plongés dans la culture française. De façon générale, les Suédois sont plus souples que les Français qui éduquent les enfants de façon plus autoritaire. J’ai tendance à toujours d’expliquer aux enfants les raisons pour lesquelles ils doivent faire telle ou telle chose.

 

Les codes de conduite envers la femme sont-ils différents en Suède ?

Les comportements sont différents. Les Suédois sont très attachés à l’égalité femme/homme. Par exemple, nous parlons de « congé parental » sans distinction de genre. Mais, en aucune manière, cela signifie que les suédois ont plus de respect envers les femmes que les Français.

 

Comment une femme d’ambassadeur soutient-elle son époux ?

Il faudrait poser la question à mon mari ! Comme je travaille à plein temps, je ne suis pas sûre de le soutenir assez. Mais cela dépend de lui et des situations. S’il souhaite partager certaines choses, je lui donne mon point de vue et l’aide de mon mieux.

 

Lisez-vous le Petit Journal ?

Oui, mais pas tous les jours. J’aime beaucoup, au travers des portraits et interviews, découvrir la vie et le parcours des Français, leurs motivations, les raisons pour lesquelles ils vivent et travaillent à Singapour, comprendre comment les conjoints trouvent leur place, comment les expériences des uns et des autres au retour en France sont appréciées et valorisées.

 

Etre femme d’ambassadeur, est-ce une barrière ou une chance ?

Il y a des contraintes qui pèsent sur la vie privée et professionnelle. Je suis restée quatre années à Bruxelles avec les enfants sans mon mari qui était à Paris et faisait les allers-retours. J’ai dû quitter un poste important pour venir ici. Nous déménageons souvent ce qui n’est pas toujours facile pour nos enfants. Cependant je le vois comme une chance. Je suis ravie.

 

Catherine Soulas Baron
Publié le 7 mars 2019, mis à jour le 7 mars 2019

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