Après 7 années aux Etats Unis, dont 2 en université avant de rentrer chez Otis en 1984, Stéphane de Montlivault est arrivé à Singapour en mai 1989. Alors qu’il s’apprêtait à quitter New York City pour la France afin d’y continuer sa carrière, l’opportunité d’un positionnement régional Asie Pacifique s’est présentée. 32 ans, 10 positionnements au sein d’Otis APAC et 7 transferts intra-régionaux plus tard, le voilà de retour à Singapour depuis 2018 au poste de Président Asie-Pacifique d'Otis Elevator. Au cours de ce parcours professionnel riche et varié, Stéphane a rencontré son épouse singapourienne. Leurs 2 enfants sont nés à Hong Kong et ont passé la plus grande partie de leur vie à Tokyo, où ils ont vécu près de 10 ans.
Stéphane, quels souvenirs gardez-vous de Singapour, du Vietnam et de l’Indonésie dans les années 2000? Quels évènements vous ont le plus marqués ?
Mon deuxième séjour à Singapour a commencé en décembre 2000, après l’avoir quitté pour le Vietnam où j’ai vécu 3 ans, suivi d’un séjour de 3 ans en Indonésie. Ce fut pour moi un retour en terrain familier et qui contrasta avec une période intense en découvertes de cultures asiatiques distinctes, pendant laquelle je fus le témoin de transitions historiques dans chacun de ces deux pays.
Au Vietnam, où je suis arrivé au début de 1995, j’ai connu la montée en puissance de la réforme économique Doi Moi avec la levée de l’embargo américain. Cette même année, j’ai pu ré-établir pour Otis la présence directe que nous avions laissée dernière nous en 1975.
En Indonésie, je suis arrivé en mai 1998, quelques jours après la chute du régime de Suharto et alors même que les expatriés quittaient le pays en masse, dans un climat de chaos social et d’incertitude politique extrême.
Ces années 2000 à Singapour m’ont permis de renouer avec les relations que j’avais développées lors de mon premier séjour tout en découvrant un Singapour différent de celui qui m’avait accueilli en 1989 : le Singapour qui enclenchait alors la transformation économique et sociale profonde qui amena la cité de son état de ville tropicale paisible au pays vibrant et dynamique que l’on connait aujourd’hui. C’est sur ce fond de croissance et développement rapide que je me suis marié en juillet 2005 au Four Seasons - qui n’a guère changé depuis - seulement quelques semaines avant notre départ pour Hong Kong. Je n’y suis revenu que 13 ans plus tard.
A quels challenges professionnels avez-vous dû faire face?
Durant toutes ces années, je me suis concentré sur la région Asie du Sud Est dont je suis responsable. J’ai fait face à des défis importants de croissance, liée à une urbanisation rapide où des projets de constructions géants doivent être gérés dans des environnements en plein apprentissage et formation industrielle. Dans ces pays, les ressources expertes manquaient alors que les ambitions de ces développements de cites urbaines surpeuplées et aux infrastructures sous-dimensionnées ont un besoin de connaissance technique et d’expérience qui se surenchérissaient d’un pays à l’autre. Tout cela dans un contexte d’instabilité politique pour certains de ces pays qui se positionnèrent de manière ambiguë face aux conflits qui marquaient le moyen orient, sur fond de guerre en Irak.
Quel appui vous ont apporté les différentes institutions françaises ?
La section CCE de Singapour que j’avais rejoint en 2003, a été pour moi une source importante de partage avec mes collègues de la section, ainsi que les équipes du conseil économique de l’Ambassade. Beaucoup de ces conseillers du CE m’ont permis de développer un réseau collaboratif efficace, au vu des défis communs auxquels nous faisions face à travers nos engagements respectifs dans la région. J’ai retrouvé certains d’entre eux à mon retour sur Singapour en 2018 et nous continuons aujourd’hui à coopérer sur bien des sujets visant au développement fort de la présence française à Singapour et dans la région, tant sur le plan économique que social et culturel.
Comment voyez-vous la situation actuelle à Singapour dans le contexte de la pandémie ?
Singapour est un environnement privilégié dans lequel vivre, tant sur le plan professionnel que familial, dans ce contexte de la pandémie. Alors même que nous sommes entourés de pays en difficulté dans la gestion complexe de cette crise, Singapour a démontré toute sa force et résilience face au challenge sans précèdent amené par Covid19. Il nous reste bien sûr à retrouver une mobilité régionale et globale au plus vite et à développer une nouvelle normale qui intègre toutes les leçons apprises au cours de cette crise exceptionnelle.
D’ici-là, je me réjouis tous les jours de la situation saine et stable dans laquelle ma famille se trouve et évolue, en dépit de l’effet d’isolement dont nous souffrons tous d’une manière ou d’une autre. Il est important de prendre conscience que l’environnement unique qui caractérise la pandémie a invariablement eu et continue à avoir un impact plus ou moins grand sur notre santé mentale, au travail comme à la maison. Dans ce contexte, il est important d’en faire état de manière ouverte afin d’aider à repousser le stigma qui s’associe au difficultés de bien-être mental dont tant de personnes souffrent dans notre entourage social et professionnel.
Comment envisagez-vous votre avenir ?
Notre famille est en mal d’une identité précise et unique, mais c’est aussi sa force. Nous sommes voués à continuer ce partage entre l’Asie et l’Europe et nous envisageons de maintenir un double établissement avec un pied à Singapour, l’autre en France. Une fois que les voyages intercontinentaux aurons repris une certaine fluidité, nous sommes impatients de reprendre une dynamique de vie plus régionale, et de passer à nouveau une partie de chaque été en France, ce qui est devenu une tradition pour nous quatre.