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Son excellence Andy Detaille : Ambassadeur de Belgique à Singapour

Andy Detaille ambassadeur Belgique SingapourAndy Detaille ambassadeur Belgique Singapour
Écrit par Laetitia Dubois Crochemore
Publié le 14 avril 2019, mis à jour le 15 avril 2019

Son Excellence Andy Detaille, ambassadeur de Belgique à Singapour depuis juillet 2017, s’est confié au Petit Journal. Lors de cet entretien ont été abordées la fonction de diplomate avec les obligations et qualités que cela implique ainsi que la communauté Belge de Singapour.

 

 

Lepetitjournal.com: Quel parcours vous a mené à devenir ambassadeur ?

SEM Andy Detaille: J’ai étudié le droit en Belgique. Les deux premières années m’ont passionné, il s’agissait de l’histoire de la politique de la Belgique, la psychologie, la sociologie, l’histoire des États modernes, le droit romain. Au stade de la licence, le programme est devenu purement juridique et je me suis rendu compte que cela n’était pas forcément ma voie. Ne voulant pas reprendre à zéro un autre cursus, je me suis intéressé à la diplomatie. J’ai passé un concours pour y entrer. Bien que classé 12èmesur 3 000, je n’ai pas été retenu pour un poste, il fallait être classé dans les huit premiers. J’ai donc exercé quelque temps le métier d’avocat et suis devenu assistant à l’université afin d’y préparer un doctorat. Trois ans plus tard, j’ai passé à nouveau le concours et j’ai été classé premier. J’ai pu choisir où je voulais aller. J’ai choisi Pékin : pays loin de la Belgique pour tester ma motivation à devenir diplomate.

Cela a été le bon choix car pour moi il est captivant de représenter son pays. Cela correspond à ma personnalité. J’aime la variété de ce métier. La Belgique a dans le monde des ambassades de taille modeste. Même en position numéro deux (poste occupé avant que je sois nommé ambassadeur), il faut savoir multiplier les casquettes : faire des reportages politiques, économiques, organiser des évènements culturels, remplir les fonctions consulaires…

 

Quelles sont, selon vous, les vertus d’un bon diplomate ?

Je dirais qu’il faut être flexible car on peut être envoyé dans des pays très différents. C’est la troisième fois que je suis ambassadeur. La première fois, en Libye, nous avons dû être évacués suite à une attaque à la bombe à l’ambassade de France en avril 2013. Ma deuxième affectation était au Koweït, un pays pour lequel il est difficile de susciter un intérêt auprès de la population. Enfin, j’ai été nommé à Singapour en juillet 2017. Les circonstances matérielles y sont complètement différentes. Ensuite je dirais, qu’il faut être curieux, approfondir sa connaissance du pays hôte. Apporter une plus-value par rapport aux journalistes. Il faut, par ailleurs être très sociable. Il faut être capable de développer facilement des contacts. Il faut aller vers les gens que ce soit le chauffeur ou le président. Il faut savoir se constituer un réseau qui sera précieux lors de la venue de délégations. Il faut aussi être un bon organisateur. Il faut savoir faire face aux attentes des délégations, qui peuvent être élevées. Il faut aussi être un bon manager d’équipe. Le personnel de l’ambassade est souvent également expatrié : une population éloignée de sa famille et de ses amis. Il faut en prendre conscience.

 

Vous avez été diplomate dans des pays du Moyen-Orient, que vous inspire la diplomatie en Asie ?

Les ingrédients sont partout les mêmes : la représentation du pays auprès des autorités locales, la communication d’informations politiques, l’organisation d’évènements culturels, l’aide à l’implantation des entreprises, le service aux concitoyens. Selon la destination ces rôles sont plus ou moins importants. Au Moyen-Orient, la communication d’informations politiques était plus importante, le service consulaire était minime car il y avait moins de compatriotes, mais la demande de visas était supérieure. Les Singapouriens n’ont pas besoin de visa pour voyager en Europe. Au Moyen-Orient, il y avait plus de problèmes de société à résoudre (gouvernance, religion). À Singapour, ce qui est le plus important, c’est la diplomatie économique, En effet, l’appui apporté aux entreprises belges en étroite collaboration avec les régions de Belgique : Wallonie, Flandre et Bruxelles (elles détiennent la compétence exclusive pour la promotion du commerce et l’attraction des investissements) est important.

 

Que faites-vous pour fédérer la population belge à Singapour ?

Il y a 1 700 Belges inscrits à l’ambassade mais on estime la population belge totale à Singapour à 2 000 personnes. Nous soutenons deux organismes : BLBG (Belgium Luxembourg Business Group in Singapore) et BLAS (Belgian and Luxembourg Association of Singapore). BLBG est l’équivalent de la French Chamber of Commerce in Singapore (FCCS) et BLAS est l’équivalent de l’Association des Français de Singapour (AFS). Nous ouvrons, par ailleurs, les portes de la maison de Belgique pour de nombreux évènements.

 

Quels rapports entretiennent Singapour et la Belgique ? 

Nos relations bilatérales sont excellentes. Les contacts sont nombreux entre les autorités à plusieurs niveaux. Singapour et la Belgique sont deux pays qui se ressemblent, qui vivent beaucoup de leurs exportations. Le libre-échange, le libre commerce sont très importants pour ces deux pays. Le port de Singapour joue un rôle très important pour le commerce de toute la zone Asie du Sud-Est. Le port d’Anvers joue un rôle très important dans toute la zone d’Europe du Nord.

 

Le festival de la francophonie vient de se terminer. Les ambassadeurs francophones de Singapour ont activement soutenu cet évènement. Que représente pour vous la francophonie ?

La francophonie c’est plus que la langue française. Avec une langue, viennent un état d’esprit, une culture, des valeurs. Une autre langue vous fait penser différemment. C’est un élément à prendre en compte dans les relations internationales.

 

Quel message l’ambassade de Belgique a-t-elle souhaité véhiculer à travers l’exposition #SPIROU4RIGHTS ?

Nous avons voulu mettre en avant les 70 ans de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme adoptée par 58 États le 10 décembre 1948. La bande-dessinée est un art à part entière en Belgique. L’exposition #SPIROU4RIGHTS, qui a été présentée le 8 octobre dernier, à l’Office des Nations Unies à Genève (exposition itinérante) constitue un excellent moyen de commémorer l’évènement de manière ludique. 

 

Laetitia Crochemore
Publié le 14 avril 2019, mis à jour le 15 avril 2019

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