L’énergique Solveig de Fontgalland révèle une personnalité passionnée et créative qui l’a conduite à barouder en Chine. À Singapour depuis bientôt 4 ans, elle est tout aussi enthousiaste même si elle s’est un peu assagie. Portrait en détail…
Une petite fille est à l’origine du coup de cœur de Solveig de Fontgalland pour l’Asie, et pour la Chine en particulier. Solveig est collégienne à l’époque et assiste aux démarches de son oncle et de sa tante qui cherchent à adopter un enfant. Elle suit les difficultés, les voyages, les préparatifs et, enfin, l’accueil de cette petite fille qui vient de l’orphelinat de Wuhan. C’est son premier contact avec la Chine. Entière, elle décide de pousser la découverte plus loin et d’apprendre le chinois. Élève au lycée Montaigne à Paris, Solveig va frapper à la porte de l’établissement voisin, l’école Alsacienne, et obtient une dérogation pour suivre leurs cours de chinois. Non sans s’être assurée au préalable qu’elle pouvait le présenter au bac. « Le jour de l’oral, j’ai raconté l’histoire de l’adoption de ma petite cousine. J’ai commencé en chinois et j’ai très vite switché en français » précise-t-elle en riant. Son bac en poche, elle a envie de se frotter au terrain et de découvrir le pays « pour de vrai ». Elle s’envole pour Pékin, dans une famille de chinois francophones. « C’était en 1998, l’année de la coupe du monde de football. J’ai assisté à la victoire des Bleus à l’ambassade de France sous des trombes d’eau » se souvient-elle. C’est le coup de foudre ! Bien qu’acceptée en prépa HEC à Janson-de-Sailly, Solveig lui préfère l’Institut national des langues et civilisations orientales, les Langues O. « Cette formation correspondait davantage à ma personnalité. En double diplôme Langue et civilisation chinoises et Commerce international, j’ai eu la chance de bénéficier des meilleurs intervenants dans leur domaine et de croiser des profils très variés ». Pour sa première expérience professionnelle, elle choisit Wuhan. En stage au consulat français, elle est chargée de faire une étude sur la coopération scientifique entre la Chine et la France. Au-delà de la difficulté à obtenir des informations et des éléments chiffrés, son séjour correspond à la période où un serial killer œuvre dans l’enceinte de l’université. « J’avais pourtant expliqué à ma mère que le gardien de notre résidence cadenassait la porte d’entrée chaque soir. Un coup de fil de sa part au consulat a suffi pour me mettre dans le premier train pour Shanghai ! C’en était terminé de ma mission ».
Un pied en Chine
En 2001, Solveig obtient une bourse du gouvernement chinois pour suivre son année de licence à Lanzhou, dans le Gansu. « Pékin ou Shanghai ne m’intéressaient pas, j’aurai mille occasions d’y retourner plus tard. Je voulais aller le plus à l’ouest possible. À l’époque, la notoriété de Lanzhou reposait sur deux éléments. Elle était connue par la communauté étrangère car elle figurait dans le top 5 des villes les plus polluées au monde. Et, par les Chinois, car on y mangeait les lanzhou lamian, les nouilles très longues mélangées à du mouton et de la coriandre, très appréciées des Hui, les musulmans chinois ». Après un mois et demi à barouder dans le Yunnan avec une amie, l’arrivée à Lanzhou est difficile. Le ciel noir et les cheminées d’usines ne facilitent pas l’immersion. Pourtant, l’expérience se transforme en une aventure humaine incroyable. « Nous étions une poignée d’étrangers. Notre langue commune était le chinois, les activités étaient inexistantes, nous mangions tous les jours la même chose : des nouilles frites ou du riz frit. Il fallait rivaliser d’imagination pour s’occuper. Mais quel enrichissement ! ». Le retour à Paris n’est guère plus facile et Solveig décide de repartir pour Shanghai.
Après un stage de fin d’études pour le Club Med, un passage dans une agence photo, des missions en VIE, Solveig devient directrice de collection pour une entreprise de décoration. « J’ai été recrutée car leur clientèle était européenne. Je n’avais aucune expérience dans le sourcing et le développement produit, mais j’avais un « œil ». Lorsque j’ai pris mon poste, en février, on m’a annoncé que je devais développer 2 500 références pour la foire de Canton, en avril. Passée ma première surprise, je me suis rassurée en me disant que s’ils me confiaient cette responsabilité, elle devait être réalisable ! Je me suis formée sur le terrain : matériaux, contraintes, prix, moules… j’ai tout appris seule ». En 2011, Solveig est approchée par des agences de design françaises et s’ouvre à l’univers de l’artisanat haut de gamme. « Beauté des matériaux, détail de la finition, valorisation des couleurs… j’ai découvert une autre approche beaucoup plus motivante et qualitative ». Cette période correspond également à sa rencontre avec son mari, Arnaud.
Très vite, Singapour se profile à l’horizon. Ça tombe bien, Solveig a des envies de changement. Elle tente dans un premier temps de poursuivre son activité à distance mais se sent déconnectée. « Je n’étais plus légitime auprès de mes clients car j’étais loin des fournisseurs. J’étais frustrée également car j’avais perdu le contact privilégié avec les ouvriers. À Singapour, on achète et on vend. Toute production est impossible. Moi, ce qui me fait vibrer, c’est d’être dans les ateliers, de découvrir des savoir-faire, des talents, de discuter avec eux ». Aujourd’hui, Solveig a créé My French Concession – réminiscences de Shanghai – comptoir d’objets de décoration, en s'approvisionnant en France ou en Chine. Elle y mixe matériaux, objets et couleurs avec beaucoup de goût. Fidèle à sa personnalité passionnée, elle a encore des projets plein la tête ! À suivre…