Arrivée en septembre 2020 à Singapour, maman de trois grandes filles restées en France, Khady-Fall Faye-Diagne a été nommée professeur de français au Lycée Français (IFS) après une mission de 5 ans en Afrique centrale comme conseillère pédagogique. Outre ses heures d’enseignement, elle assure également le rôle de formatrice, conseillère pédagogique auprès de collègues enseignants en lettres sur la zone Asie Pacifique, tout en écrivant. Son premier roman Les Amazones de Sangomar paru en 2020 est une réflexion sur la servitude. Son prochain livre aura pour cadre Singapour.
Née au Sénégal, après l’obtention de son bac, Khady part faire ses études de lettres à Orléans, Khâgne et Hypokhâgne.
Depuis très longtemps, Khady écrit sur des carnets ; ses pensées, ses humeurs, son état d’âme. A 13 ans déjà, elle a écrit une nouvelle (non publiée). Sa maman, professeure, a toujours couvert ses enfants de livres. Dès 7-8 ans, Khady lisait déjà des gros pavés. La lecture et l’écriture ont donc accompagné l’enfance et l’adolescence de Khady. Avec ses études, elle a moins de temps mais en 2001, lorsqu’elle est titularisée, Khady sent un grand vide. Elle reprend donc ses lectures de jeune fille. Un an après, elle reprend ses études et s’inscrit en études doctorales et soutient en 2014 une thèse. Un extrait de cette thèse est publié en 2018, Le Marronnage comme essai d’esthétique littéraire négro-africaine contemporaine : Senghor et Césaire ou la langue décolonisée. Elle y raconte sa rencontre intellectuelle avec ces deux auteurs pendant sa thèse.
A son arrivée à Brazzaville en 2015, la question identitaire fait écho en elle. Se sent-elle plus africaine que française ? Est-elle vraiment chez elle partout en Afrique ? Mais au-delà de ces questions, elle est vite happée par le réel et la difficile situation des femmes de condition modeste au Congo. Elle se retrouve entourée de femmes blessées, meurtries, fragilisées par les accidents de la vie. Khady a envie de dénoncer cette situation au travers de l’écriture. Deux événements distincts l’aident à prendre sa plume. Le premier est la rencontre avec des femmes en train de manifester devant le ministère du travail, comme chaque semaine, en tapant sur des bassines. Khady est impressionnée par la scène et apprend que ces femmes réclament leurs salaires non versés. L’autre évènement est la lecture d’un fait divers dans un journal en ligne sénégalais qui racontait la fin tragique d’une domestique. Son esprit a joint les deux et elle commence l’écriture de son deuxième livre, Les Amazones de Sangomar. Certaines femmes décrites dans ce livre ont réellement existé dans la vie congolaise de Khady. Elle y mélange réalité et fiction. Ne voulant pas citer un pays africain en particulier, elle situe l’action au large de Dakar, sur une ile nommée Sangomar mais qui est inhabitée en réalité, mais elle pourrait se dérouler n’importe où sur le territoire africain.
L’important pour elle c’est qu’une majorité de gens se retrouvent dans cette dichotomie entre les riches et les pauvres qui est assez universelle. Elle utilise volontairement le style journalistique pour que le lecteur ressente que cet évènement a pu, peut et pourra encore se passer où que ce soit dans le monde.
Ce livre ne prône pas les mouvements féministes, c’est une réflexion sur la servitude. Est-ce qu’on choisit d’être sous domination ou est-ce qu’on prend sa liberté ? Et si on prend sa liberté, qu’est-ce qu’on en fait ?
A Singapour, pour son prochain livre, Khady se nourrit des expériences des autres, de leurs voyages, leurs traversées, leurs origines. Chacun ici a une histoire différente à raconter.
La mienne a traversé plusieurs pays et continents, celles des autres aussi. C’est très nourrissant.
Vous trouverez Les Amazones de Sangomar sur toutes les plateformes de vente en ligne et chez Kinokuniya ! Bonne lecture !
La ville de la Pointe de Sangomar, située dans le pays imaginaire de Sangomar est depuis quelques semaines le théâtre d'une tragédie sociale. L'histoire commence avec un fait divers devenu tristement banal : la mort d'une domestique. Humiliées, harassées par tant de violences à leur égard, les « mbindanes » décident de lancer un défi à la société : que se passerait-il si elles se retiraient ? Ce roman entre satire sociale et utopie, mêle réflexions philosophiques et radioscopie sans concession d'une société gangrénée par les inégalités et régie par un système phallocratique.