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Roman Expat’riz de Emmanuelle Le Bris: 3 femmes expatriées à Singapour

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Emmanuelle Le Bris
Écrit par Bertrand Fouquoire
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 27 décembre 2017

Avec Expat’Riz*, Emmanuelle Le Bris livre un premier roman, vif et coloré, construit autour de l’histoire de 3 femmes, expatriées à Singapour de 2007 à 2010. L’occasion de parler d’expatriation, de découverte, de Singapour et de toutes ces femmes avec qui elle s’est liée d’amitié et qui l’ont inspirée.

 

Quelle était votre intention au moment de commencer l’écriture d’un livre ?

Emmanuelle Le Bris - Singapour tient une place particulière dans mon cœur. J’y ai effectué deux séjours, le premier entre 1999 et 2001, le second entre 2004 et 2010. Quand je me suis installée à Prague, après un passage à Paris, beaucoup de choses de Singapour me sont revenues en mémoire. Je me suis dit que cela valait une histoire. Dès le début je voulais parler de l’expatriation, de Singapour et relier tout cela en racontant l’histoire de 3 femmes, d’âge et de personnalités différentes, qui offriraient chacune une perspective particulière. Singapour est un milieu propice aux amitiés féminines. Les hommes voyageant beaucoup, les femmes organisent souvent des soirées entre filles. Pendant mon expatriation, j’ai fait beaucoup de belles rencontres. Ce livre est un livre pour toutes les femmes.

A qui parliez-vous en particulier lorsque vous écriviez ?

- Je parlais à toutes mes copines de Singapour. Ce qui est magique, c’est que ce projet, qui pendant longtemps est resté très intime, a été ensuite l’opportunité de reprendre contact avec de nombreuses personnes. Même si j'ai souvent mélangé les cartes, je me suis beaucoup inspirée des personnes que j’ai côtoyées à Singapour. Je n’ai pas pu m’empêcher d’intégrer aussi dans le récit d’autres copines que j’ai rencontrées ailleurs, ou qui n’ont pas été expatriées.

Quand on met le pied dans l’expatriation, on se rend compte qu’il y a une caractéristique qu’on partage avec les autres. On a vécu quelque chose. L’expatriation est le chapitre de sa vie qu’on vit ailleurs. Ceux et celles qui ont ainsi vécu à l’étranger savent qu’il y a des moments d’émerveillement et d’autres plus compliqués. Ils savent aussi que l’une des clés de l’adaptation passe par le contact avec les autres. Ce n’est d’ailleurs pas spécifique à la mobilité internationale. Dans les discussions avec ma mère, je me suis aperçue qu’il y avait beaucoup de similitudes entre mes expériences d’expatriation et ce qu’elle avait vécu en accompagnant mon père d’une affectation à l’autre. La seule différence c’est que les déménagements, dans son cas, n’impliquaient pas de se confronter à une nouvelle culture ou une nouvelle langue.

Expat'riz, le roman d'Emmanuelle Le Bris
Comment s’est déroulée l’écriture de ce livre ?

- C’est un projet qui s’est déroulé sur 2 ans. Ce qui m’anime, c’est davantage le fait de raconter une histoire plutôt que les mots. J’ai privilégié des phrases simples et une certaine fluidité aux effets de style.

Comment vous y êtes-vous prise ?

- J’ai acheté des livres qui expliquaient comment écrire un livre. Je suis allée chercher des conseils sur internet. J’ai commencé en faisant tout un tas de listes : des listes de personnages, des listes d’anecdotes… Dès le départ, j’ai prévu d’intégrer dans chaque chapitre un élément qui concerne Singapour. La thématique générale est celle de la découverte. Je l’aborde de manière chronologique, sur 3 ans, entre 2007 et 2010. Je me suis aussi énormément relue. C’était un conseil précieux : toujours redémarrer en relisant ce qu’on a écrit la veille. A la fin, j’ai tout relu deux ou trois fois entièrement et l’ai fait relire par plusieurs personnes proches.

On imagine que l’écriture passe par des hauts et des bas

- En effet, il y a des moments d’enthousiasme et aussi beaucoup de passages à vide. Le syndrome de la page blanche n’est pas un mythe. Il y a des moments où l’on est satisfait de ce que l’on écrit et d’autres où on se dit que c’est complètement nul. Le point positif, c’était que personne n’attendait ce livre. C’était autant de pression en moins. Personnellement, je me suis imposée un travail régulier en me fixant l’objectif d’écrire tant de mots par semaine. Cette discipline était d’autant plus nécessaire que je poursuivais en parallèle mon activité professionnelle et que j’écrivais souvent en fin de journée.

- A certains égards votre livre ressemble à un roman à clés. Il y a des gens qu’on croit reconnaître. Parfois les prénoms sont changés, parfois ils ne le sont pas..

- J’ai adoré partir de faits réels pour laisser aller mon imagination. Il y a des personnages vrais et d’autres qui sont inventés. Il y a beaucoup de scènes qui sont plausibles mais qui n’ont pas réellement existé. J’ai une amie qui, en lisant mon livre, était stupéfaite par la précision des détails, en l’occurrence concernant la mise en scène des pièces de théâtre. Elle m’a demandé comment je pouvais me souvenir de tous ces détails qu’elle avait elle-même oubliés. Je lui ai répondu que ce n’était pas des souvenirs et que tout était reconstitué de manière complètement imaginaire.

Quand l’histoire qu’on raconte s’inspire du réel et qu’elle se déroule sur un territoire aussi réduit que celui de Singapour, certaines personnes peuvent se reconnaître. Cette situation constitue-t-elle une contrainte pour la romancière ?

- Pas véritablement, d’autant plus que les personnages sont globalement présentés de manière positive. Chaque fois que j’ai mis en scène des personnes qui pouvaient se reconnaître, je leur ai fait lire le livre avant qu’il soit achevé. La censure la plus importante concerne l’accompagnement de la délégation pour la candidature de Paris pour l’organisation des JO 2012. Là j’ai été extrêmement prudente, car compte tenu des personnes concernées et de tout ce qui s’est passé je n’aurais pas voulu prendre le risque d’un procès..

En contrepoint de tous ces personnages positifs, il y a quand même Nina ?

- Ah Nina ! Il s’agit évidemment d’un personnage imaginaire, mais c’est un concentré de tout ce qu’on peut voir. C’est à peine caricatural. Il y a vraiment des femmes qui osent tout.

De quel personnage êtes-vous la plus proche ?

- Il y a un peu de moi dans chaque personnage. Comme Emma, j’ai été Présidente de l’Association Française de Singapour. Comme Charlotte, j’ai accompagné la délégation française pour la candidature de Paris à l’organisation des JO 2012. Comme Julie, j’ai fait du théâtre. Pour moi c’était surtout une manière d’écrire en utilisant un matériau que je connaissais bien.

Propos recueillis par Bertrand Fouquoire (www.lepetitjournal.com/singapour), jeudi 1er décembre 2017

*Expat’Riz est disponible en format numérique sur Kobo et kindle https://www.emmanuellelebrisromans.com/

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