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Pascal Lambert – Président de la Chambre de commerce française (FCCS)

Pascal LambertPascal Lambert
Écrit par Laurence Huret
Publié le 16 mai 2021, mis à jour le 12 octobre 2021

Pascal Lambert est arrivé en Asie en 1985, par l’Inde, puis le Japon, avant de poursuivre à Hong Kong, où il a rencontré son épouse Sandy. Il est basé à Singapour depuis 9 ans, en qualité de Responsable de la zone Asean et Inde pour la Société Générale, tout en s’adonnant à sa passion de jeunesse pour la musique au sein du groupe Savoy Truffle et en soutenant l’ONG Passerelles Numériques. Pascal termine cette année en juin son mandat de Président de la Chambre de commerce française à Singapour, après 4 ans de présidence et 8 ans au conseil d’administration.

 

Pascal, quel est votre parcours ? Qu'est-ce qui vous a amené en Asie ?

Je vis à Singapour depuis 9 ans maintenant, en tant que responsable de la zone Asean et Inde pour la Société Générale. J’ai toujours été attiré par l’Asie, ayant été bercé dans ma jeunesse des souvenirs de ma famille qui avait vécu en Indochine durant la période 1935-45. A la sortie de l’Essec, j’avais rejoint assez naturellement le groupe Indosuez, étant donné son histoire asiatique. C’est en 1985 que je suis arrivé en Asie, par l’Inde, avec un séjour de 4 ans à Mumbai, et qui m’aura beaucoup marqué. J’ai ensuite continué au Japon, puis à Hong Kong, où j’ai rencontré mon épouse Sandy en 1993. J’avais alors rejoint la banque d’investissement américaine Bear Stearns, qui m’enverra en Europe une dizaine d’années (Dublin et Londres) avant de revenir à Hong Kong en 2008. J’y rejoins Société Générale en 2009 et nous y restons jusqu’en 2012, année de mon départ pour Singapour. Nous avons trois garçons, deux d’entre eux travaillent (dans la finance) et le plus jeune est actuellement étudiant en médecine à Dublin. Nous sommes très contents de savoir que notre deuxième fils, Raphael, commence son expérience professionnelle à Singapour, dans la gestion d’actifs.

 

Pascal Lambert

 

Quels souvenirs gardez-vous de Hong Kong et Singapour au cours des 20 dernières années ? Quels sont les événements qui vous ont le plus marqué ? 

La croissance de la Chine est certainement le trait constant sur ces 20 dernières années. Je me souviens de mes premiers séjours en Chine en 1989, et le contraste aujourd’hui est bien sur saisissant. Comme nous le voyons bien aujourd’hui, Hong Kong occupe une place particulière dans ce nouvel équilibre. Mon premier séjour à Hong Kong fut bien sur marqué pour moi par mon mariage avec Sandy, en 1994, et la chance de pouvoir, grâce à elle, développer des contacts et amitiés au-delà du réseau des Français. D’un point de vue professionnel, étant le premier employé de Bear Stearns à Hong Kong, j’avais la satisfaction de contribuer au développement de leurs activités de banque d’investissement, et de recruter des collègues de grande qualité. C’est aussi à Hong Kong à mon retour en 2008 que je vivrai la chute de Bear Stearns et son rachat par JP Morgan. Etant alors COO, j’étais un des points de contact principaux pour permettre une transition aussi peu douloureuse que possible. Je passerai ainsi une année chez JP Morgan, avant de rejoindre Société Générale.

En arrivant à Singapour, il était difficile de penser que je resterais à ce poste 9 ans. Il s’agissait ici de redévelopper pour le groupe cette région Asean et Inde, dans nos activités de financement et de marchés. Là aussi, une de mes grandes satisfactions aura été de pouvoir identifier, et travailler, avec un noyau de collègues, essentiellement locaux, et qui constituent maintenant l’avenir de notre organisation dans cette région. Singapour est une plate-forme idéale pour observer et participer au développement rapide de la région. Les leçons de la crise de 1998 ont été bien suivies, et la gouvernance financière des principaux pays de la région est maintenant d’excellente qualité. Nous apprécions beaucoup Singapour, pour son cadre de vie ainsi qu’un environnement très propice aux affaires, grâce à un écosystème parfaitement organisé et accessible. Personnellement, Sandy a eu le bonheur de se découvrir des talents d’artiste, étudiant à NAFA et faisant depuis ses premières expositions. Pour ma part, j’ai pu aussi accomplir à Singapour une passion de jeunesse : avec des amis nous avions formé un groupe de rock, Savoy Truffle, qui performa une bonne vingtaine de fois à partir de 2015 !  En belle apothéose, notre dernière performance eu lieu sur la scène du Botanical Garden en Juin 2019 !

 

Pascal Lambert

 

Vous êtes Président de la FCCS. Quels ont été les challenges de la FCCS au cours de ces 20 dernières années ?

Je termine mon mandat de Président ce mois de juin, après 4 ans de présidence et 8 ans au conseil d’administration, donc d’après nos statuts je ne pourrai me représenter. La FCCS est aujourd’hui une institution bien établie, et qui regroupe plus de 600 membres. Le crédit principal en est bien sûr à son équipe, qui compte aujourd’hui plus d’une vingtaine de personnes. Les membres de la chambre sont aussi ceux qui en assurent le succès, par leur implication sur les différents événements et comités qui y sont organisés. Grace à la mise en place il y a trois ans de Team France Export, et la concession octroyée par Business France à la FCCS sur les activités de prospection locale, la FCCS est aujourd’hui un interlocuteur majeur dans l’intégration des sociétés françaises dans l’écosystème singapourien. Et je suis ravi de constater qu’au terme de mon mandat les relations entre les différents acteurs de la communauté économique française (FCCS, CCEs, French Tech, etc…) sont au beau fixe, et j’espère y avoir un peu contribué ! Le challenge présent de la FCCS est bien sûr la gestion de la crise Covid, qui a affecté, comme beaucoup, notre modèle économique. La solidité de la chambre lui permet bien de faire face, mais nous attendons bien sûr un retour a la normale, en particulier sur l’accompagnement des sociétés françaises en prospection commerciale sur la région. Et la chambre doit continuer de jouer un rôle important en représentant la communauté d’affaire française vis-à-vis des autorités locales dans la gestion de la crise par le pays et son impact sur nos membres.

 

Pascal Lambert

 

Comment voyez-vous la situation actuelle à Singapour dans le contexte de la pandémie ?  

Singapour est un des pays cités en exemple dans la gestion de la pandémie. Après les 3 premiers mois, où, comme beaucoup de pays, Singapour a dû apprendre à gérer cette crise, le pays a démontré la solidité de son tissu social et sa capacite à s’organiser. Une des forces du pays est la concertation permanente secteur privé – gouvernement / secteur public – travailleurs. J’ai été particulièrement impressionné par la mise en place d’EST (Emerging Stronger Task Force) et des 7 différents AFA (Alliance for Action), qui regroupent des participants de milieux divers et formulent des recommandations très concrètes et actionnables, qui permettront à Singapour de rapidement tirer les leçons, et bénéficier, de la crise.

Singapour a aussi le bénéfice d’être un pays en très bonne santé économique, étant donc en mesure depuis le début de la crise de donner un soutien financier massif aux secteurs économiques les plus touchés. Dans l’immédiat, il faut bien sûr que Singapour puisse se réouvrir, et cela sera fonction des progrès faits par les autres pays et des accords à venir sur la reconnaissance des vaccins.

Ceux d’entre nous qui sommes à Singapour peuvent donc s’estimer privilégiés, mais cela a un prix, et en particulier la très grande difficulté de visiter nos proches à l’étranger, ou de les faire venir sur Singapour.

 

Pascal Lambert

 

Comment envisagez-vous votre avenir ? En Asie ? En France ?

Le jour où je quitterai la Société Générale, nous resterons en Asie. Je profiterai d’un statut plus indépendant pour sans doute me consacrer à des rôles de non exécutive Director, ou de conseiller, auprès de sociétés basées, ou liées, à l’Asie, dans des domaines financiers mais aussi éducatifs et autres si l’occasion se présente.  Je trouverai aussi plus de temps à consacrer à la NGO que je soutiens depuis près de 8 ans : Passerelles Numériques, et dont la mission est de donner une éducation IT à des jeunes de milieux défavorisés, avec trois centres aux Philippines, Vietnam et Cambodge, Surtout dans cette période difficile, PN a besoin de tous les supports possibles.

En fonction des opportunités qui pourront se présenter, il est assez vraisemblable que nous nous déciderons alors à retourner à Hong Kong, où je suis Permanent Résident. Après m’avoir suivi durant toutes ces années, au détriment de sa carrière professionnelle, c’est à mon tour de suivre Sandy dans un territoire que je continue d’aimer, grâce à son dynamisme naturel, et sa nature !  Et en espérant que cette nouvelle étape dans ma vie me permettra de conserver les liens étroits dans tous les pays d’Asie sur lesquels j’ai pu nouer des relations, personnelles et professionnelles, et bien sûr Singapour en premier lieu.

 

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