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Jean-Marc Deromedi - Ancien élève, Président du Conseil Exécutif IFS

Jean Marc Deromedi - International French SchoolJean Marc Deromedi - International French School
Écrit par Laurence Huret
Publié le 31 mars 2021, mis à jour le 11 octobre 2021

Arrivé à Singapour à l’âge de 14 ans, ancien élève du Lycée Français de Singapour, Jean-Marc Deromedi est parti en France pour ses études supérieures, avant de revenir développer l’entreprise familiale dans le design d’intérieur durant plus de 20 ans. Se sentant très Français, il s’est engagé au fil des années au sein de la Chambre de Commerce (FCCS), des Conseillers du Commerce Extérieur (CCE), de la Fondation Prince Albert II de Monaco pour l'environnement, ainsi que de l’International French School Singapore (IFS) dont il est aujourd’hui Président du Conseil exécutif.

 

Jean-Marc, dans quelles circonstances êtes-vous arrivé à Singapour ? A quel âge ? 

Je suis arrivé à Singapour à 14 ans. Je suivais ma mère de mauvais cœur car j'avais négocié un scooter en France. Ma mère est d’ailleurs encore souvent à Singapour, quand son travail le lui permet, hors situation actuelle du Covid19. 

Je vis aujourd'hui à Singapour avec mes deux fils, ma nouvelle femme et son plus jeune fils. Ils sont tous les trois nés à Singapour, ils adorent ce pays et leur vie ici. Une famille recomposée de la meilleure des façons ! Malgré un manque de parité très net (4 hommes pour une femme), nos dîners quotidiens sont toujours un grand moment de rigolade. 

 

jean marc deromedi

Quels souvenirs gardez-vous de Singapour à votre arrivée ? Dans les années 2000 ? 

Lors de mon arrivée en 1989, nous avons emprunté l'ECP. Je crois que je me souviendrai toute ma vie de la montée sur ce pont majestueux avec la City en toile de fond. La suite était moins majestueuse... Il faisait trop chaud et humide pour moi, l'école de Bukit Tingi était minuscule (moins de 400 élèves de la maternelle au bac). Venant de Stanislas, j'étais un peu déçu. Je suis parti le jour des résultats du Bac, avec la ferme intention de ne jamais revenir. Au terme de mes études, je suis pourtant revenu... Pour 3 mois... Et je suis resté. J'ai grandi avec Singapour et j'ai pu voir la superbe transformation de la cité-Etat. Ce que je trouvais trop petit est devenu gigantesque à l'instar du LFS... Oups l'IFS... 

Dans les années 2000 à Singapour, j'ai été marqué par la grippe aviaire et la psychose qu'elle a engendrée. Contrairement à la situation actuelle, Singapour a continué de fonctionner quasiment normalement mais s'est installée une peur. Nous ne nous sentions pas en sécurité. Cette période me ramène aussi à la naissance de mes deux garçons. Là, par contre, on se sent en sécurité ! Je rends hommage à la qualité des services hospitaliers de Singapour ! Très sérieusement, ils sont forts ! 

Sur le plan économique, les années 2000 ont mis en lumière la fragilité de ces pays qui ont grandi très vite ou trop vite. Les crises de 2001 et de 2007 ont été particulièrement violentes. Heureusement Singapour a su prendre des mesures fortes pour limiter la casse. Je me souviens, par exemple, de ma surprise en voyant ma facture d'électricité réduite de 25% du jour au lendemain. La capacité de réaction de Singapour est réellement impressionnante ! Des événements comme le 11 septembre ont également eu un impact.  Ami des États-Unis, Singapour était considéré comme intouchable. La sécurité au sens large est un vrai atout. Même si, depuis ce jour, plus personne n'est intouchable, il règne tout de même un vrai sentiment de sécurité et, honnêtement, j'adore ! 
 

jean marc deromedi

A quels challenges professionnels avez-vous dû faire face ?

Professionnellement, après une école de commerce, je me suis retrouvé dans un univers plus technique. De la rénovation, des cloisons en aluminium... Pas facile d'apprendre tout ça sans formation, mais je m'en suis sorti avec du bon sens. En fait, beaucoup de gens ont les connaissances, mais peu font preuve de bon sens. J'ai commencé avec des dossiers où de l'aluminium se tordait sans raison... Après les interrogations de tous les experts, j'ai trouvé amusant de proposer que c'était peut-être les dalles qui bougeaient... En re-mesurant, les écarts avec le construit à l'origine montaient jusqu'à 10 cm ! 

J'ai eu des clients un peu étonnants.. « Savez vous faire un bowling ? Pouvez vous poncer, re-teindre et re-vernir 300m2 de parquet en 4 jours ? Pouvez-vous déménager 300 personnes entre vendredi midi et dimanche midi car le déménageur me dit que ce n'est pas possible ? Pouvez vous passer d'un plateau vide à un bureau pour 50 personnes en 4 jours ? » Une seule réponse : « Oui, avec plaisir ! » Tellement de défis impossibles sur le papier ! Et pourtant, presque tout est possible... 

Quand on est un entrepreneur, il faut être spécialiste en tout et relever tous les défis ! Dans le cas du déménagement, je me suis endormi assis sur un meuble tiroirs dimanche à 11h45 après 48 heures de travail non stop. Quel bonheur de tomber d'épuisement après avoir gagné ! Entre 1997 et 2017, que de frayeurs, mais quel kif ! 

jean marc deromedi
Tournoi de pétanque de la FCCS, en 2010

Au fil des années, vous vous êtes engagés au sein de différentes institutions françaises à Singapour. Lesquelles ?

Je suis très Français. Je ressens constamment (et encore après 32 ans) le besoin de me sentir en France. C'était tout d'abord le LFS en tant qu'étudiant. Je ne me suis jamais fait prendre pour être sorti du lycée sans autorisation. Disons donc que ça n'est pas arrivé... Je me suis néanmoins à plusieurs reprises retrouvé face à l'assistante du Proviseur en attendant une sanction souvent méritée. 30 ans plus tard, Il est amusant de noter que Kamini est toujours l'assistante du Proviseur... 

Ensuite la Chambre de commerce en tant que membre du groupe "jeune", puis membre et co-Président du Business club. Ici nous avons travaillé à la création d'un réseau de professionnels très important pour développer des synergies. Un jour, dans une réunion du Business club, j’ai proposé un tournoi de pétanque... A l'époque je croyais avoir une chance de le gagner... Toujours à la Chambre de commerce, après quelques années de bons et loyaux services, j'ai été élu administrateur et enfin vice-Président. J'ai été "mis à la retraite" de cette belle association après 4 mandats (le maximum). 

Dans l'intervalle j'étais entré au Conseil Exécutif du LFS. Le Président de l'époque était mon ami. Un jour il me dit : "Tu mets ton fils en très petite section ? Ça tombe bien j'ai besoin de quelqu'un au Board pour s'occuper du projet de construction de la maternelle..." Là encore, je réponds bien sûr ! Les projets se terminant à chaque fois sur des nouveaux projets, j'ai donc aidé à la construction des 2/3 du campus actuel. Et je ne parle pas du projet à venir. L'IFS est un superbe établissement et le sera encore plus demain ! J'en suis aujourd'hui le Président, jusqu'à ce que je sois là encore mis à la retraite pour avoir atteint le nombre maximum de mandats…

Je suis également Conseiller du Commerce Extérieur quand l'IFS me laisse respirer. Enfin, je représente Monaco à Singapour et je co-organise des levées de fond pour la Fondation Prince Albert II de Monaco pour l'environnement. Au delà des levées de fonds, nous avons maintenant le projet de mettre en place des actions localement. J'ai toujours besoin que ça bouge ! Les institutions françaises sont très importantes à Singapour. Pour moi, personnellement, elles sont vitales.J'ai besoin de ne pas oublier que je suis Français...

 

jean marc deromedi
Avec le Prince Albert II de Monaco

Comment voyez-vous la situation actuelle à Singapour ? Quel est l'impact sur le plan professionnel et familial ? 

Singapour gère extrêmement bien cette situation ! C'est merveilleux de se sentir protégé par un Etat si bien organisé.

Sur le plan professionnel c'est très dur. J'ai perdu beaucoup de mes contrats de consultant. J'essaie d'être philosophe et de me dire qu'il y a toujours une fin et un renouveau meilleur ! Personnellement notre cocon familial s'est renforcé et nous sommes très heureux. Nos familles nous manquent terriblement. Les voyages aussi mais dans une moindre mesure. Extra professionnellement, c'est une période remplie de challenges formidables. Trop tôt pour en parler !

Depuis le premier confinement, alors que je suis plus un sportif de canapé, j'ai ressenti le besoin de faire du sport. Rien d'un niveau extraordinaire mais, depuis presque un an maintenant, j'ai fait presque 1500km de course à pied et près de 600km de brasse. Tout doucement, à mon rythme, mais quotidiennement... C'était au début ma fenêtre sur l'extérieur sans masque. Je n'aime toujours pas ça mais c'est devenu une routine. Je consulte d'ailleurs mes emails et tape beaucoup de messages en courant pour ne pas perdre trop de temps... 

 

jean marc deromedi

Comment envisagez-vous votre avenir ? 

L'avenir se conjugue normalement chez moi de 3 mois en 3 mois. Là, je dirais a priori à Singapour, au moins jusqu'au Bac de nos loulous... Peut être plus... Mais je serai dans 1 an et demi à nouveau à la retraite... Cette fois ci de l'IFS... 

Il ne me restera plus beaucoup d'institutions françaises pour m'aider à continuer à me sentir Français... Pourquoi pas le Petit Journal ?! :-)

 

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Dans le cadre de l’anniversaire des 20 ans de lepetitjournal.com, l’édition de Singapour a souhaité donner la parole et mettre en lumière des Français et francophones résidant à Singapour depuis une vingtaine d’années.

 

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