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Parité à Singapour - Etat des lieux

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Global Gender gap report 2018
Écrit par Bertrand Fouquoire
Publié le 5 juin 2019, mis à jour le 6 juin 2019

Moins payées que les hommes, rares en politique et dans les Conseils d’Administration. Dans le classement 2018 du Global Gender Report, Singapour ne pointe qu’à la 67e position, loin derrière les pays d’Europe du Nord et même des Philippines (8e du classement). Une relative sous-performance qui interroge, dans un pays où la présidence est assurée par une femme, Halimah Yacob, et où l’épouse du Premier ministre, Ho Ching, PDG de Temasek, est considérée comme l’une des femmes les plus influentes de la planète.

Les Singapouriennes peuvent se réjouir. Depuis les élections présidentielles de 2017, la cité-État est présidée par une femme : Halimah Yacob. Certes, la fonction est d’abord honorifique, la direction des affaires du pays étant assurée pour l’essentiel par le Premier ministre, chef du gouvernement. Mais la désignation à ce poste de cette femme d’exception, mère de 5 enfants, qui avait déjà été la première femme à présider le Parlement, fait figure de symbole. La cité-État constitue-t-elle pour autant un modèle sur le sujet de la parité ? Pas tout à fait. Dans le classement 2018 établi par le Global Gender Report, Singapour ne pointe qu’au 67e rang ; une performance qui tranche avec les premières places que la cité-État collectionne habituellement dans les comparaisons internationales. Pourquoi une telle sous-performance ?

Sur la forme, l’analyse appelle une remarque: ce qui est mesuré, ce n’est pas le niveau atteint en valeur absolue, mais seulement la différence entre les hommes et les femmes. Sur un certain nombre d’aspects, particulièrement dans les domaines de l’éducation et de la santé, où Singapour se classe respectivement au 88e et au 130e rangs, la situation des femmes à Singapour est probablement plus enviable que dans d’autres pays par ailleurs mieux classés du strict point de vue de la parité. Sur le fond, l’image est contrastée. On est loin des situations observables en Chine, en Inde, au Japon, en Corée du Sud ou en Indonésie (cf. Anne Garrigue - Un être humain sur quatre est une femme asiatique), marquées par un phénomène de masculinisation et des déséquilibres flagrants concernant la place dans la famille, l’accès à l’éducation et à l’emploi. Pour la participation des femmes dans l’économie, Singapour fait partie des pays plutôt bien classés (avec le Laos, les Philippines, la Mongolie et la Thaïlande); loin devant la Malaisie, l’Indonésie et, surtout, le Japon, la Corée du Sud et le Sri Lanka.

Global Gender Gap Report 2018
Education – Les choix d’orientation restent déterminés

Si les femmes accèdent, globalement, dans les mêmes proportions que les hommes aux études primaires, secondaires et supérieures, la répartition des unes et de leurs homologues masculins diffère sensiblement selon les secteurs d’activité. Aux femmes, pour simplifier, les métiers de l’éducation, du social, de la santé et de la communication. Aux hommes, l’univers des sciences et techniques et les affaires.

Emploi et rémunération – le décalage persiste

Au cours des dix dernières années, la proportion des femmes qui travaillent s’est accrue de manière significative pour atteindre 60 %. Mais elles ne représentaient, encore en 2018, que 45 % de la force de travail. En termes de rémunération, le décalage est manifeste. À métier égal, la différence reste de 10 %. Plus saisissant, l’écart est de 30 % quand on considère la rémunération annuelle moyenne : 77 609 SGD pour les femmes, 110 596 SGD pour les hommes.  Ce décalage éclaire un double constat : les secteurs d’activité et les métiers dans lesquels les femmes sont majoritaires offrent des niveaux de rémunération inférieurs à ceux dans lesquels les hommes dominent ; les femmes continuent de se heurter à un plafond de verre qui les empêche d’accéder aux postes les plus élevés de l’administration, des entreprises et de la politique.

Conseils d’administration et politique – le grand écart

En dépit de la présence, très médiatisée, de plusieurs femmes d’exception à la tête de l’État (Halimah Yacob), du fonds souverain Temasek (Ho Ching) et de plusieurs grandes entreprises (Claire Chiang, co-fondatrice de Banyan Tree Holding, Angelene Chan, PDG de DP Architects, Olivia Lum, PDG de Hyflux ou Chua Sog Koon, PDG de Singtel, etc.), les femmes restent les grandes absentes des conseils d’administration, pour lesquels il n’est prévu aucune règle de parité. En 2018, les femmes n’occupaient que 9,3 % des sièges d’administrateurs des sociétés cotées en bourse, bien loin de l’objectif d’atteindre 20 % des sièges à l’horizon 2020 fixé par le Diversity Action Commitee (DAC). La situation est comparable dans le domaine politique: les femmes n’occupent que 23 % des sièges de députés et elles ne sont que deux (Grace Fu et Josephine Teo) sur vingt-et-un au gouvernement.

 

Reprise de l'article paru dans le magazine Singapour n°13 (Mai-Sept 2019) dont le dossier central était consacré aux femmes.

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