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Marie-Laure Caille, famille multiculturelle, multiples responsabilités

Marie-Laure Caille et sa familleMarie-Laure Caille et sa famille
Écrit par Catherine Zaccaria
Publié le 20 mai 2021, mis à jour le 12 octobre 2021

Marie-Laure Caille vit en Asie depuis 25 ans et à Singapour depuis 18 ans, avec son époux Australien d’origine indienne-malaisienne et leur fils. Les visites à la famille l'amènent souvent en France, en Australie et en Malaisie. Consultante en conduite du changement et coach en développement professionnel, Marie-Laure travaille avec de nombreux leaders et chefs d’entreprise. Elle est Intervenante à l’ESSEC au niveau Master depuis 10 ans et coach certifiée du Coaches Training Institute (CTI).

 

Marie-Laure, qu'est-ce qui vous a amenée à Singapour ? Depuis quand ?

Avant de m’installer à Singapour, j’ai vécu plusieurs années en Asie, entre le Japon, le Vietnam et l’Indonésie. Je m’étais rendue à Singapour à plusieurs reprises et c’était un endroit que j’aimais beaucoup. Après un peu plus de 3 ans à Jakarta dans un contexte mouvementé après la chute de Suharto, je souhaitais rester en Asie du Sud-Est tout en étant dans un pays plus stable et plus sûr. Singapour est le pays qui s’est naturellement présenté comme la destination de choix. C’était en 2003 et j’y suis restée !

 

Quels sont les évènements qui vous ont le plus marquée ?

Il y en a tellement ! En presque 20 ans il se passe beaucoup de choses.

Sur le plan national, les évènements les plus marquants sont la crise du SARS, le décès et les funérailles de Lee Kuan Yew. Plus généralement, ces 20 dernières années évoquent un grand dynamisme économique, d’impressionnants progrès techniques, des changements rapides et les opportunités qui vont de soi. C’est aussi une plus grande ouverture artistique et (pré-Covid19) une offre toujours grandissante d’évènements et spectacles.

Personnellement, la diversité et la richesse des rencontres que j’ai faites depuis 20 ans sont les éléments les plus marquants de mon expérience singapourienne. Sur le plan professionnel, le fait que Singapour soit un centre régional m’a permis de travailler avec des personnes et des groupes à travers toute l’Asie Pacifique. Comme la majeure partie de mon travail est maintenant en ligne, cette diversité de rencontres s’est encore intensifiée depuis un an. Au cours du mois dernier par exemple, j’ai travaillé avec des clients à Singapour, co-facilité un hackathon en Nouvelle-Zélande, coaché un groupe en France et animé un programme pour un client en Indonésie. Tout cela de chez moi !  Les échanges que j’ai eus avec les milliers de personnes que j’ai rencontrées au cours des années, m’ont  nourrie et continuent de le faire.

Dans ma vie personnelle, c’est bien sûr la rencontre avec mon mari, la naissance de notre fils et notre mariage qui ont été les éléments les plus marquants. Et puis Singapour, c’est aussi pour moi les très belles amitiés que j’y ai construites avec des amis singapouriens et d’autres venus des quatre coins du monde.

 

Marie Laure Caille

 

Quels ont été les challenges professionnels et personnels auxquels vous avez dû faire face?

Avant de parler des challenges, j’aimerais évoquer les opportunités.

Professionnellement, j’ai eu la chance de travailler avec d’excellents professionnels et le bonheur de rencontrer des gens très talentueux dans différents domaines. Et puis j’ai bénéficié du fait que Singapour fasse le choix de devenir un centre éducationnel. Il y a eu une demande accrue dans ce secteur et je me suis trouvée au bon endroit, au bon moment. Très tôt, en 2004, j’ai travaillé à temps partiel pour le programme d’enseignement à distance Open University au sein du Singapore Institute of Management. Le soir, j’enseignais à des professionnels singapouriens. Une partie du programme était déjà en ligne !

Je me suis consacrée pleinement à l’éducation et au soutien et développement des individus en 2009. Cet engagement a pris différentes formes : par exemple en tant que « lecturer » à l’ESSEC, mentor à Aidha, et puis facilitatrice et coach pour des programmes exécutifs. Il y a un peu plus de 3 ans, j’ai créé ma société, « The Human Factor » (THF), pour proposer des programmes de développement sur-mesure et innovants à ses clients. Grâce au partenariat avec « Big Bloom » commencé en 2019, nous proposons aussi des programmes qui combinent formation et impact social.

Le rôle, que mes activités professionnelles me permet d’avoir aussi bien auprès des individus que des organisations avec lesquels je travaille, m’apporte énormément de satisfaction. L’impact de mon travail, aussi modeste soit-il, est pour moi plein de sens.

Pour ce qui est des challenges, le premier semestre 2020 a été particulièrement difficile Professionnellement, c’est l’arrêt brutal de plusieurs programmes. En tant qu’entrepreneur, il n’y a pas de filet. Cela peut être très difficile, et dans le même temps cela pousse à être agile et créatif. Rapidement, j’ai transposé toute l’offre de THF en ligne. Je travaillais déjà partiellement à distance donc ce n’était pas complètement nouveau pour moi. Et puis j’ai consolidé mon partenariat avec Big Bloom. Au final, l’année 2020 a accéléré le développement des activités THF et de son réseau international.

Les challenges personnels sont principalement liés à l’éloignement de ma famille en France. C’est d’autant plus difficile d’être éloignée lors d’évènements personnels douloureux. Les mois qui ont précédé et suivi le décès de mon père ont été les plus difficiles personnellement.

 

Quel appui vous ont apporté les institutions françaises ?

La FCCS a joué un rôle très important à divers moments de ma vie professionnelle, et puis par ricochet dans ma vie personnelle. Je peux sincèrement dire que mon expérience singapourienne n’aurait pas été la même sans la FCCS. Les rencontres que j’y ai faites ont été des éléments déclencheurs dans mes premières années ici. Et quand j’ai créé ma société, un de mes premiers clients « corporate » m’a contacté par l’intermédiaire de la FCCS. J’ai aussi beaucoup aimé contribuer dans une petite mesure à la vie de la Chambre.  Il y a près de 15 ans maintenant, j’étais co-Présidente d’un comité. Et de 2018 à 2020 j’y ai animé des séminaires. Aujourd’hui je fais partie du groupe « Women Mastermind » de la FCCS, un groupe de soutien plein de ressources pour les femmes entrepreneurs. Je le conseille vivement !

Pendant plusieurs années, j’ai été la correspondante à Singapour d’un élu à l’Assemblée des Français de l’Etranger (AFE) et ai participé à de nombreuses réunions à l’Ambassade. Cela m’a beaucoup plu de soutenir dans une petite mesure la communauté française à Singapour, notamment être un relai pour quelques familles françaises en difficulté.

En tant que Française, je suis vraiment reconnaissante de pouvoir compter sur des institutions et organisations qui ont su accompagner et adapter leurs services à une communauté qui a considérablement augmenté au cours des 20 dernières années.

 

Quels souvenirs gardez-vous de Singapour dans les années 2000?

J’en garde le souvenir d’un rythme de vie beaucoup plus lent au début des années 2000 combiné à des changements extrêmement rapides... La transformation de Singapour en métropole internationale a été fulgurante. La verticalisation de la ville, la digitalisation et l’efficacité des services, la multiplication des « hubs »… un master plan exécuté remarquablement et soutenu par un grand dynamisme. Et puis, comme je l’évoquais, l’ouverture artistique. Je me souviens par exemple de l’ouverture de l’Esplanade et de l’augmentation du nombre de spectacles. C’était une grande bouffée d’oxygène !

 

Marie Laure Caille

 

Avez-vous des membres de votre famille à Singapour ?

Mon mari est Australien d’origine indienne-malaisienne. Il est né près de Kuala Lumpur dans une famille aux nombreux oncles et tantes (ses parents comptabilisent à eux deux plus de 20 frères et sœurs). Avec une famille aussi nombreuse, il a quelques cousins éloignés qui vivent à Singapour !

 

Comment voyez-vous la situation actuelle à Singapour dans le contexte de la pandémie ?

Nous avons de la chance de vivre dans un pays qui a su dans l’ensemble bien gérer la crise sanitaire et où l’on se sent en sécurité. Le gouvernement singapourien excelle dans la gestion de crise et l’exécution de plans à l’échelle de la cité-Etat. Tout n’est pas parfait bien sûr, mais les ajustements sont en général rapides. Au cours des 20 dernières années, Singapour a connu plusieurs types de crises : sanitaire avec le SARS, économiques à la fin des années 2000. À chaque fois, Singapour a su s’ajuster, tirer les leçons et rebondir. Je crois que ce sera la même chose dans le contexte de cette pandémie.

 

Comment envisagez-vous la suite ? A Singapour ? En France ? Ailleurs ?

La question reste ouverte ! Bien sûr j’aimerais beaucoup vivre à nouveau en France et être plus près de ma famille. Cette envie est d’autant plus prononcée que je n’ai pas vu ma famille depuis 2 ans – ce qui est une première. Ceci dit, mon fils de 6 ans est un fan de football australien et rêve de vivre à Melbourne et de jouer pour son club préféré. Entre la France et l’Australie, les cœurs de notre famille balancent !

Pour le moment, nous avons trouvé un bon équilibre à Singapour. En tant que famille multiculturelle, nous apprécions vraiment de vivre dans un pays aussi culturellement divers. Nous nous y sentons bien et le futur proche reste à Singapour.

 

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Dans le cadre de l’anniversaire des 20 ans de lepetitjournal.com, l’édition de Singapour a souhaité donner la parole et mettre en lumière des Français et francophones résidant à Singapour depuis une vingtaine d’années.

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