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Le temps des bises

bisebise
Écrit par Catherine Soulas Baron
Publié le 14 juin 2020, mis à jour le 17 juin 2020

Quand le Covid fut venu, nous nous trouvâmes fort dépourvus. Finauds, nous rusâmes : adieu bise, bisou, poutou, schmoutz, russule, babache, pok, smack et bécot. Il semblait à tous que la chose était salutaire. Les gens n’osaient plus quitter leur tanière. Hélas, ce rituel là étant fort bien ancré, la période sembla soudain longue à tous ces humains privés de baisers. Est-ce bien raisonnable en effet de plus jamais embrasser mères, pères, cousins, bisaïeux et bébés ? Chacun déplorait sa triste destinée, on entendait les gémissements dans les chaumières, les lamentations des copains, voisins, amis et associés. Les biseounours de tout poil se levaient "Aux armes citoyens, la bise par tous les moyens" !

 

Un conseil se réunit et chacun y alla de son avis

On fit intervenir les savants qui parlèrent magnifiquement. Certains proposèrent un délice concocté par eux assurant l’immunité, critiqués aussitôt par ceux qui avaient bien mieux. D’autres scientifiques plus pervers susurraient "faites, faites" vous serez de parfaits sujets ! Enfin les sceptiques avouaient ; on ne sait jamais en vérité…

Les politiques ne voulaient faire de peine à personne et prudents s’interrogeaient : Cette bise là est-elle de droite ou de gauche ? Les élections étant très proches, ils préférèrent laisser les édiles s’en débrouiller.

Dans la salle certains crièrent au scandale:  "De grâce, ne nous retirez pas ce droit humain fondamental !"

D’autres prônaient de fortes sanctions, surtout en cas de récidive, car une bise ça va, mais plusieurs, bonjour les dégâts !

Les militaires, qui ne connaissaient que le salut, restèrent de marbre.

Les religieux étaient dans l’embarras, comment afficher l’amour de son prochain dans un cas aussi litigieux ?  

La gastronomie était bien aise, tout ceci ne la concernait pas, amuse-bouches en voici en voilà.

Les avocats, eux, n’en démordaient pas : "Mais enfin, Messieurs les jurés, la bouche, n’est-ce pas pour causer, plutôt que pour donner des baisers?"

Les juges avaient grand mal à délibérer et appelaient à la raison : "Mais que souhaitez vous, à la fin, chers concitoyens , souffrir ou mourir ?"

Le sage dit : "Chacun peut, s’il le souhaite, contribuer à son propre malheur ou bonheur. Et choisir en toute liberté, égalité, fraternité, de vivre dans un manque d’affect ou de mourir d’une simple bisette."

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